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SAINT-DAMIEN – Le banquet annuel des diplômés de la formation de cueilleurs professionnels, chapeautée par l’Association forestière de Lanaudière, a eu lieu le 26 octobre à Saint-Damien. Au menu : des plats exclusivement issus de la forêt.
Le souper rassemblait 70 personnes, soit les 22 diplômés et leurs proches, mais aussi les partenaires organisationnels et la dizaine de professeurs. Parmi ces derniers, Geneviève Longère, consultante en métiers de la bouche et formatrice agréée pour le compte du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Elle note une évolution de la qualité de l’événement, témoignant de celle du secteur. « L’organisation a vraiment pris une coche de plus cette année, dit-elle. Aux débuts, c’était des gens plus marginaux qui s’inscrivaient à ce cours. Là, la clientèle est plus conventionnelle et ça s’est professionnalisé. »
Supervisée par le Centre de services scolaire des Samares, la formation sur les produits forestiers non ligneux (PFNL) est l’une des rares du genre au Québec. « Il y a aussi une autre formation professionnelle au cégep de Saint-Félicien », précise Yvan Perreault, spécialiste de la cueillette, qui a initié celle de Lanaudière. D’une durée de 200 heures, la formation de type insertion socioprofessionnelle est donnée les soirs et fins de semaine. Elle comprend, en plus de la connaissance des plantes et champignons, des cours sur l’écosystème forestier et son aménagement, sur la transformation des produits pour la conservation et en cuisine, de même que sur la santé et la salubrité.
Pour sortir du Far West
Voilà de quoi répondre aux critiques formulées dans les pages de La Terre de chez nous, en 2021, alors que différents intervenants décriaient l’amateurisme du milieu, le qualifiant de Far West. On y décriait notamment le fait que les cueilleurs amateurs se multipliaient, épuisant les ressources par endroits et négligeant la salubrité en transformation.
Il ajoute que la formation ne vise pas juste à former des cueilleurs. « On veut aussi en faire des fermiers forestiers, dit-il, qui vont miser sur les ressources bien présentes sur leurs terres ou chez les voisins et qui vont les développer. »
Les manières de vivre de ce secteur et d’en tirer un revenu conséquent demeurent toutefois un défi. « Passer d’artisan à personne qui en tire la majeure partie de son revenu, c’est quelque chose, explique Geneviève Longère. Les gens seront confrontés à la difficulté de mise en marché. » Yvan Perreault seconde : « La plupart des produits mangés ce soir ne trouveront pas leur place sur les tablettes des épiceries de grandes surfaces. »
Projets de finissants
N’empêche que les options de rémunération demeurent nombreuses. Parmi les débouchés, certains se lanceront dans l’agro/écotourisme, comme Aurore Chollet, une diplômée de cette année. Elle est propriétaire, avec sa conjointe, d’une résidence au lac Taureau, où elle compte développer une offre unique.
Elle compte travailler en partenariat avec une agricultrice de la région, éleveuse de poules et productrice de micropousses. « Présentement, elle n’utilise pas sa forêt », constate la finissante.
D’autres lanceront aussi leur entreprise de consultation, notamment pour les agriculteurs, un secteur en pleine évolution.
D’autres élèves opteront pour devenir simplement cueilleurs à leur compte, fournissant des entreprises, notamment des restaurants, des marchés locaux ou des épiceries fines, mais également des transformateurs à plus grande échelle, par exemple des brasseurs.
Pour cette production plus commerciale, les réseaux d’approvisionnement en continu restent toutefois encore à développer. Interrogé à ce sujet, Patrick Lupien, coordonnateur de la Filière mycologique de la Mauricie, a précisé que son organisation planche actuellement sur un projet qui connaîtra des avancées en 2025.