Grandes cultures 1 novembre 2024

Des engrais verts qui ont poussé « en débile »

« Avec l’automne qu’on a eu, les engrais verts, c’est assez débile. J’ai du pois fourrager qui m’arrivait jusqu’à la taille. Je n’avais jamais vu ça », « Avec l’automne qu’on a eu, les engrais verts, c’est assez débile. Jai du pois fourrager qui m’arrivait jusqu’à la taille. Je n’avais jamais vu ça », exprime Renaud Péloquin, de la Ferme de Ste-Victoire, située à Sainte-Victoire-de-Sorel, en Montérégie. Difficile d’évaluer l’azote qu’il retirera réellement de toute cette abondance d’engrais verts. « Théoriquement, ce serait 100 unités d’azote, mais je vais au moins en calculer 80 unités », ce qui signifie qu’il sauvera près de 40 % de ses coûts d’engrais de synthèse l’an prochain dans sa culture de maïs.

Il effectue d’ailleurs des essais de fertilisation azotée dans ses champs de maïs.

Depuis quatre ans, c’est toujours la dose d’azote la plus faible qu’on met qui est la plus payante économiquement. Si les gars de bio sont capables de faire du 11 t/ha dans le maïs sans engrais chimique, on peut le faire aussi!

Renaud Péloquin de la Ferme de Ste-Victoire

L’agriculteur sous régie biologique Guillaume Dallaire, d’Hébertville, au Lac-Saint-Jean, remarque aussi une forte croissance de ses champs d’engrais verts. « J’ai vu des choses que je n’avais pas vues depuis longtemps, du trèfle touffu, des radis huileux que j’ai semés au mois d’août et en très peu de temps, dès la mi-septembre, ils avaient de 5 à 8 cm de diamètre. Des rendements en engrais verts comme ça, on n’aura pas ça chaque année! »

Ce dernier affirme que l’utilisation des engrais verts se démarque. « Dans les champs où on a fait des engrais verts l’année précédente, on a du fun. Il n’y a pas de mauvaises herbes qui bourrent dans la batteuse. Le grain est beau. Il sèche bien. Dans les parcelles qui n’ont pas eu d’engrais vert, c’est la misère. Conclusion : il faut en faire plus et avoir différentes stratégies, comme un engrais vert semé au printemps suivi d’une culture de blé d’automne », exprime celui qui dit avoir encore beaucoup de choses à apprendre sur l’intégration de ces plantes. L’agronome Murielle Bournival, coordonnatrice des services-conseils au Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CÉTAB+) constate une année hors du commun pour les engrais verts. « On a eu vraiment des plages exceptionnelles pour les semis et, ensuite, pour la croissance. On a vu des producteurs semer des engrais verts après le soya, en octobre, et avoir de belles cultures. Habituellement, tu n’as plus de plage [de semis] en octobre », dépeint-elle.

Difficile d’évaluer précisément l’azote

Même si la culture d’engrais verts n’est plus une pratique nouvelle au Québec, Mme Bournival dit que de mesurer l’apport d’azote en fonction du volume de plantes obtenu au champ demeure un peu mystérieux. « On n’y est pas encore. Ça dépend de tellement de facteurs. Mais les plantes ont eu deux ou trois semaines de plus pour faire des racines, cette année. C’est sûr que ce développement racinaire va entraîner un impact [sur l’apport d’azote]. La difficulté, c’est de le quantifier, car ce n’est pas linéaire. » Elle souligne cependant que de semer des engrais verts ne garantit pas une meilleure récolte l’année suivante. Elle donne l’exemple de champs d’argile qui étaient tapissés d’un super couvert de trèfle l’an dernier. Sauf que cette année, les producteurs ont forcé le semis de maïs dans des conditions moins propices. La compaction s’est mise de la partie « et le maïs à l’air du diable », décrit-elle.