Grandes cultures 1 novembre 2024

Les récoltes d’un automne mémorable finissent tôt

Des rendements au-dessus des moyennes, des cultures récoltées plus hâtivement qu’à la normale et dans des conditions de sol idéales : de nombreux producteurs de grains à travers le Québec placent 2024 comme une année qui frôle la perfection… sauf pour les prix. 

« Les rendements dans les céréales ont été extraordinaires. Dans le chanvre, on a eu 0,9 tonne à l’hectare. C’est quelque chose! Et pour les conditions, écoute, on a eu tout un automne. Des 10 jours de beau temps en ligne, suivis d’une petite pluie de 5 mm et on repartait ensuite pour un autre 10 jours de beau temps! C’est la plus belle année de notre vie pour la culture! » décrit Guillaume Dallaire, copropriétaire de la Ferme Tournevent, à Hébertville, au Lac-Saint-Jean.

Ses voisins ont d’ailleurs terminé leurs travaux avec près de deux semaines d’avance, témoigne-t-il « C’est vraiment une année de rêve du début à la fin, mais le gros paradoxe, c’est qu’il s’agit de la moins bonne pour la commercialisation. Les prix sont bas et on a de la difficulté à vendre notre grain, comme le sarrasin », nuance le producteur.

Les bonnes conditions semblent généralisées dans sa région, car à l’autre bout du lac, Michel Frigon, l’un des agriculteurs les plus au nord du Québec, pose le même constat. « C’est un superbe automne, phénoménal, sec. Toutes les récoltes sont finies. Il a fait tellement beau. On a même ramassé de la paille à presque 30 °C. Ici, on est habitués à la misère, mais cette année, c’est une année facile. On va la prendre! » 

Il reprendrait aussi des rendements comme ceux de 2024. « Dans le maïs, on a de très bons rendements; dans les céréales, c’est pareil, exceptionnels. Il y avait du stock dans l’avoine et le blé et beaucoup de paille. Dans le canola, ce n’est pas record, mais on a une tonne [à l’acre] », dit le producteur laitier d’Albanel, déplorant toutefois qu’il soit de plus en plus difficile et coûteux de livrer ses grains, dont son canola, qui doit se rendre chez le principal acheteur qui se trouve à Bécancour, dans le Centre-du-Québec.

Un des plus beaux automnes

En Montérégie, Renaud Péloquin prévoit terminer sa récolte de maïs le 3 novembre. « C’est une question de logistique de batteuse. Autrement, on aurait même déjà fini. C’est un des plus beaux automnes qu’on n’a jamais eus de notre vie. On a travaillé dans la belle chaleur et dans le temps sec continuellement », a-t-il commenté le 30 octobre.

Renaud Péloquin savoure la saison de culture 2024, dont la récolte de tout le maïs se termine en ce début novembre, avec en prime une culture d’engrais verts prolifique. Photo : Gracieuseté de la Ferme de Ste-Victoire

Le grain est au rendez-vous sur ses 535 ha, à commencer par les 3,6 tonnes à l’hectare (t/ha) de soya. « Je n’ai jamais eu ça », affirme-t-il. Sa moyenne record de près de 12 t/ha de maïs-grain et des champs entiers à 17 t/ha l’ont également enchanté, sans oublier le blé d’automne « très abondant » avec 5,8 t/ha en moyenne. Toutes ces données sont sur une base sèche.

 Il y a juste le blé de printemps qui a été de la grosse schnoutte avec 4 t/ha, mais tout fusarié. On arrête ça, le blé de printemps .

Renaud Péloquin

En Estrie, Alex Lachance profite du beau temps pour continuer d’abattre les tiges de maïs-grain dont il avait le mandat sur 1 800 hectares. Il devrait terminer au début novembre. « Habituellement, on commençait presque à le récolter à ce temps-ci », dit l’agriculteur de Compton. Sa moyenne plus élevée qu’à l’habitude dans le maïs (12 t/ha) et dans le soya (4,9 t/ha) le réjouit également.

Au Témiscamingue, Jérôme Desjardins, qui cultive 445 hectares et qui possède un centre de grains, fait état de travaux qui s’exécutent une à deux semaines plus hâtivement qu’à la normale. « Pour nous autres, c’est plus qu’avec les conditions de cette année, le grain est moins humide, ça prend moins de séchage. » Les rendements sont dans la moyenne forte, dit-il, énumérant 4,7 t/ha pour l’avoine, 4,2 t/ha pour l’orge (sauf dans les champs affectés par les vers gris), 3,2 t/ha pour le soya et près de 9,8 t/ha pour le maïs-grain, dont il reste des superficies à récolter. 

Si cette tendance se maintient, ce serait sa meilleure production de maïs. Il n’a pas le cœur à la fête pour autant. « Avec le prix des intrants, même si c’est une bonne année de récolte, on devrait juste couvrir nos coûts de production. Avec l’an passé, où ça nous a coûté très cher de sécher le grain, il y a des entreprises en difficulté », signale-t-il.