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Au Québec, la disparition des vieilles forêts s’est traduite par une perte des attributs nécessaires au maintien de la biodiversité. La coupe d’amélioration structurelle vise à restaurer celle-ci. En érablière, cette technique encore peu répandue permet de réaliser un aménagement qui offre différents avantages.
« Il s’agit d’un modèle qui est relativement nouveau, confirme Dominique Gravel, producteur acéricole en Estrie, professeur et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie intégrative à l’Université de Sherbrooke. Au Québec, du moins – et même aux États-Unis –, que ce soit en forêt privée ou publique, la coupe d’amélioration de structure pour favoriser la biodiversité n’a assurément pas été adoptée de façon opérationnelle. »
Les techniques traditionnelles de jardinage par pied d’arbres ou par trouées dans les forêts inéquiennes, auxquelles s’ajoute l’éclaircie commerciale dans les forêts équiennes, sont toujours les plus utilisées. Chez nous, ces modèles sont employés depuis près de 30 ans. M. Gravel note que la coupe d’amélioration ne compte pas non plus parmi les prescriptions qui sont faites pour les aménagements acéricoles.
Préserver des gros arbres et du bois mort
Les objectifs de créer une canopée qui soit diversifiée, de favoriser la régénération naturelle, la diversité des espèces et habitats, et d’obtenir une forêt plus résiliente sont essentiellement partagés par tous les modèles. La principale différence avec la coupe d’amélioration structurelle, si on la compare au jardinage que l’on connaît, repose sur la gestion des gros arbres et la présence de bois mort debout et au sol.
Au départ, rappelle le chercheur, le jardinage a beaucoup été vendu comme une méthode qui vise à bonifier la qualité de nos peuplements. Un martelage standard a pour but d’éliminer les arbres malades, moribonds, qui comportent des défauts, pour ne garder que les individus qui ont les meilleures perspectives de croissance. De fait, sur le plan de la productivité forestière, cette pratique s’avère souhaitable.
Un effet inverse sur la biodiversité
« Pour la biodiversité, on observe un peu l’effet inverse, parce qu’il y a une grande diversité d’organismes qui vivent dans le bois mort : chicots, bois sur pied ou au sol. Le principe, ce n’est pas d’inverser le martelage, mais la coupe d’amélioration structurelle propose de laisser en place certains arbres de moins bonne qualité », complète, en insistant, le titulaire de la chaire de recherche en écologie intégrative.
Dans un contexte de changements climatiques, le bois mort contribue par ailleurs à séquestrer considérablement le carbone.
Même si aucune étude scientifique ne soutient directement cette hypothèse, on peut penser que le fait de conserver des chicots, par exemple, permet d’attirer certains oiseaux rapaces, ce genre de structures leur servant de nichoirs. Ces prédateurs contrôlent les populations de rongeurs, notamment les écureuils, qui peuvent nuire à la production acéricole puisqu’ils s’attaquent au système de collecte par tubulure.
Encourager la diversité des essences
Si les très gros arbres ont une valeur cruciale pour le maintien de la biodiversité, en coupe d’amélioration structurelle, il importe également de favoriser la diversité des essences. Typiquement, dans une érablière aménagée pour l’acériculture, on ne préserve que les érables à sucre et les érables rouges. La présence d’espèces compagnes, à divers égards, participe entre autres à rendre la forêt plus résiliente.
Il est aussi possible d’agir sur la disposition spatiale. Pour pouvoir garder plusieurs espèces d’arbres dans une érablière à sucre, on peut créer de la variabilité dans les conditions de lumière. À certains endroits, il suffit de prévoir des trouées plus grandes pour que du cerisier tardif ou du frêne, par exemple, puisse se développer et demeurer par la suite. Des trouées de tailles différentes sont donc à privilégier.
« Au fond, l’objectif, c’est de promouvoir une sylviculture qui est plus proche de la nature, puis plus complexe que ce qu’on a tendance à faire actuellement, conclut le professeur rattaché à l’Université de Sherbrooke. En fait, la coupe d’amélioration de structure permet d’augmenter la complexité des écosystèmes forestiers. L’idée, c’est de reproduire des caractéristiques plus près de celles des forêts anciennes. »