Maraîchers 18 octobre 2024

Les petites terres livrent leurs premiers légumes

LORRAINVILLE – Les petites terres de Lorrainville portent leurs premiers fruits. Lancé il y a trois ans, le projet de morcellement d’une terre agricole visant à faciliter l’accès aux terres pour la relève a livré, au cours de l’été, ses premiers paniers de légumes aux citoyens du Témiscamingue. 

Depuis le printemps, les Néo-Témiscamiens Jean-Michel Bélanger-L’Allier et Ariann Pelchat redonnent vie au lot agricole de 10 hectares dont ils ont fait l’acquisition en 2023. Pour la première année, les Jardins Enchanthés ont proposé 25 paniers de légumes diversifiés à la population de Lorrainville et des environs. 

« C’est l’fun de mettre des terres marginales à la disposition des petits producteurs, mais c’est un gros défi. Il y a une montagne qui sépare l’autre partie cultivable de l’autre bord. Ça rend ça un peu plus difficile parce que c’est un chemin quand même assez escarpé pour aller de l’autre bord. C’est cultivable, mais il n’y a pas d’eau, pas d’électricité de l’autre côté », explique Jean-Michel, qui se réjouit tout de même du raccord récent à l’électricité à l’avant du lot, ce qui permet au couple de stocker fruits et légumes dans un conteneur converti en chambre froide.  

On a quand même des cultures de l’autre côté. On a envoyé tout ce qui est plus grand et qui demande plus d’espace et moins d’attention comme les courges et les patates.

Ariann Pelchat

Elle précise que le couple a pu compter sur l’aide de voisins — acquéreurs d’un premier lot où ils ont implanté des arbres fruitiers dans le but de produire ultérieurement du cidre — pour l’aménagement d’un sentier qui relie les deux parcelles de culture.

Également formé en charpenterie-menuiserie, Jean-Michel a pu convertir un ancien conteneur en chambre froide et en espace d’entreposage. 

Pour la première année de production, Ariann s’occupe du projet à temps plein, alors que son conjoint travaille aussi pour une entreprise agricole de la municipalité. Dans la mi-vingtaine, les deux titulaires d’un diplôme de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec à La Pocatière ne s’en cachent pas : si ce n’était des petites terres, leur projet de maraîchage n’aurait pu voir le jour. 

« C’est dur de trouver des petites terres qui sont achetables. Souvent, ce sont de gros morceaux à une couple de 100 000 dollars ou un million et plus », plaide Jean-Michel, qui estime que le couple a déboursé environ 50 000 dollars à ce jour pour le lot et pour le raccordement à Hydro-Québec.

C’est sûr que pour vivre de ça les deux, il faudrait vraiment grossir. On se pose des questions sur la manière dont on veut grossir. Peut-être un produit de niche ou de la transformation alimentaire.

Jean-Michel Bélanger-L’Allier

Ces nouveaux producteurs saluent d’ailleurs l’initiative de la Municipalité de Lorrainville, qu’ils espèrent voir se répéter ailleurs dans la province. « Notre système agricole ne marche plus. Si ce n’est pas ta famille qui a une terre et une entreprise agricole, tu n’es pas capable de partir ça. C’est vital qu’on révise ces lois-là sur les territoires agricoles, qu’on réussisse à les faire diviser, à avoir des habitations sur ces terres divisées. Travailler sur ce genre de projets, c’est le futur, je pense », affirme Ariann. Le couple, qui loue pour l’instant un appartement au village, caresse le projet de construire une petite habitation sur place.