Maraîchers 18 octobre 2024

Retour sur une autre saison maraîchère marquée par la pluie

Après de gros épisodes de pluie en août, de bonnes conditions météo cet automne et du temps sec ont mis un baume sur la saison de plusieurs maraîchers qui ont craint une autre année marquée par les surplus d’eau. À l’heure où les récoltes tirent à leur fin, des producteurs que La Terre avait interviewés au moment des premiers semis de 2024 font le point sur leur saison.

« Si on s’était parlé en août, je t’aurais dit que c’était une catastrophe encore, mais au moins, on a eu un beau mois de septembre », raconte Éric Rémillard, un producteur de Saint-Michel, en Montérégie, que La Terre avait rencontré au début avril, alors qu’il semait ses premières carottes nantaises. Il se disait à ce moment-là que la saison à venir ne pouvait pas être pire que la précédente.

« La saison n’est pas encore finie, alors c’est difficile de dire si ç’a mieux été ou pas, finalement », a-t-il signifié le 15 octobre, quelques semaines avant la fin des récoltes de carottes qu’il entrepose pour l’hiver.

Les carottes qui étaient belles [après les coups d’eau] sont encore belles, mais celles qui ont eu de la misère, on n’a pas pu les ramener. Dans les champs près des cours d’eau qui sont sortis de leur lit avec les abats de pluie, ç’a été vraiment plus dur.

Éric Rémillard, producteur

Non loin de là, à Sainte-Clotilde, Carolyne Daigneault se croisait les doigts, le 16 octobre, pour que sa saison se termine aussi bien qu’elle avait commencé.

Au début du mois d’avril, La Terre est allée à la rencontre de Carolyne Daigneault, alors qu’elle commençait ses semis de carottes nantaises. Après une saison à oublier, elle était prête à se retrousser les manches et à recommencer.

« Je pense qu’on est parmi les chanceux, analyse-t-elle. Pour nous, c’est une meilleure année que 2023, mais je sais qu’il y en a pour qui ç’a été difficile encore. On a eu beaucoup d’eau, mais on n’a pas été trop affectés, on n’a pas eu trop de grosses pertes, les champs sont bien drainés. On est contents de notre été, mais l’automne n’est pas fini », ajoute avec prudence l’agricultrice qui récoltera jusqu’à la mi-novembre des carottes destinées à l’entreposage.

Un maraîcher de Saint-Roch-de-l’Achigan, dans Lanaudière, Martin Gariépy, a eu beaucoup de pertes dans ses cultures de carottes et des soucis de pourriture, mais se console avec ses belles récoltes de betteraves. « Chez nous, ç’a été excellent, la betterave. Je n’ai pas un mot à dire. Beau rendement, elles sont belles et les prix sont corrects », énumère-t-il.

« Une année d’oignons »

Si Olivier Barbeau a perdu d’importantes quantités de persil, de coriandre et d’épinards, après que ses champs à proximité de cours d’eau ont été inondés de nouveau cet été, ses oignons verts et ses oignons jaunes s’en sont beaucoup mieux sortis.

« Là où les cours d’eau n’ont pas débordé, c’est merveilleux, il y a beaucoup de rendements », indique le producteur de Saint-Michel. Contrairement à l’an dernier, les bonnes quantités de pluie qui se sont arrêtées au moment opportun, explique-t-il, ont favorisé une bonne qualité d’oignons.

« Quand il commence à bulber, l’oignon prend du volume et a besoin de beaucoup d’eau. Ensuite, il a arrêté de pleuvoir à la fin août, donc il a pu sécher comme il faut. » 

L’agriculteur souligne aussi avoir obtenu d’excellents prix pour ses oignons verts, en raison d’une rareté aux États-Unis et d’une forte demande là-bas. « Chez nous, ç’a été une meilleure année que l’an passé grâce aux bons rendements d’oignons verts et aux bons prix. C’est une année d’oignons. »

Dans l’oignon jaune aussi, les rendements ont été au rendez-vous, sauf que l’abondance a fait descendre les prix, selon ce que remarque un producteur de Napierville, Marc-André Van Winden, qui est aussi président du Groupe Vegco.

On pense que le marché va revenir en décembre. Sinon, la qualité est bonne. Les oignons devraient se conserver longtemps, cette année.

Marc-André Van Winden, producteur et président du Groupe Vegco

Une saison « acceptable » dans la laitue

M. Van Winden estime avoir connu une saison meilleure que la précédente. Si les rendements ont été acceptables, dit-il, l’abondance tout l’été en Californie a maintenu les prix à un niveau « correct » pour ce légume, sans plus. « On n’a pas eu de prix exceptionnels, on a eu des prix corrects et des rendements acceptables. Ça fait une saison somme toute acceptable », résume celui qui, avec trois coactionnaires, s’est doté d’un nouvel entrepôt réfrigéré, plus tôt cette année, pour la conservation de ce légume qu’il commercialise directement aux grandes chaînes de supermarchés.

Suivi de l'édition du 24 avril