Page conseils 18 octobre 2024

Santé des onglons chez les bovins : connaissez-vous le phlegmon interdigital?

Le phlegmon interdigital, aussi appelé « footrot », « piétin » ou « piétin contagieux », est une maladie infectieuse non contagieuse qui atteint la peau du pied des bovins. Récemment, elle semble être davantage rencontrée dans les élevages laitiers québécois. 

Les signes de phlegmon interdigital peuvent être mal ­interprétés.

Cette maladie affecte les vaches laitières, mais peut être rencontrée chez tout type de bovins.

Les vaches fortes productrices en début de lactation, atteintes d’une maladie métabolique ou d’une déficience en vitamine A ou en zinc sont plus à risque. La principale bactérie incriminée est Fusobacterium necrophorum. Elle fait partie de la flore normale du système digestif des bovins. Elle entre par des microfissures sur la peau de l’espace interdigital (entre les deux onglons), survit dans des milieux sans oxygène et adore les milieux humides, comme le fumier.

Cette maladie progresse rapidement. Des lésions superficielles se développent en quelques heures : enflure, rougeur et chaleur de la peau de l’espace interdigital. Cette peau se fissure (nécrose) éventuellement. Un seul pied est généralement atteint. Une boiterie commence déjà à s’installer. En un à deux jours, les lésions progressent et deviennent généralement profondes et évidentes. L’enflure du pied est uniformément répartie autour des deux onglons et de la ligne de démarcation entre la corne et la peau du pied (bandes coronaires), et entraîne un effet d’« écartement » des deux onglons. Du pus malodorant est souvent présent dans la fissure nécrosée. La boiterie est alors importante. 

L’infection atteint aussi le bovin : fièvre, faible appétit et diminution de production. L’infection peut ensuite devenir chronique et se propager aux tissus profonds (ex. : articulation du pied). Une telle complication n’est pas souhaitable, car difficile et coûteuse à traiter.

La clé du succès du traitement demeure la détection et le traitement rapides de la condition. Un antibiotique systémique est nécessaire. Le diagnostic de la condition ainsi que le choix du traitement devraient être appuyés par les recommandations d’un médecin vétérinaire.

La prévention du phlegmon interdigital passe par une réduction de l’abrasion de la peau interdigitale couplée à une amélioration de l’hygiène de l’environnement. Un parage préventif permet de limiter les onglons trop longs ou de mauvaises formes qui augmentent les risques d’abrasion de la peau interdigitale. 

Un environnement humide ramollit la peau interdigitale et facilite les microfissures de celle-ci. L’accumulation d’eau au sol doit être minimisée. Les objets durs ou tranchants, les planchers abrasifs et/ou inégaux et la litière abrasive et humide peuvent causer des microfissures à la peau interdigitale et devraient être évités. Un raclage régulier du fumier est de mise. Des logettes et allées propres et sèches permettent d’exposer les bactéries incriminées à l’oxygène et d’éviter leurs survies dans l’environnement. Les bains de pieds normalement utilisés pour prévenir la dermatite digitée permettent aussi de prévenir le phlegmon interdigital en désinfectant les pieds. Un vaccin commercial est homologué pour la prévention du phlegmon interdigital, mais son efficacité demeure mitigée.

Le phlegmon interdigital cause une perte financière pour les producteurs (ex. : coût du traitement, temps d’attente, réforme, diminution de fertilité, diminution de production). L’identification de la maladie, la mise en place d’un ­traitement approprié et la prévention sont importantes.  


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