Grandes cultures 11 octobre 2024

La table est (presque) mise en Amérique du Nord

Sur la base des estimations des récoltes disponibles en septembre, le portrait des récoltes du maïs, du soya et du blé commence à se préciser pour l’hémisphère Nord, et ce, même si les chiffres vont probablement changer au cours des trois prochains mois.

Aux États-Unis, avec une superficie ensemencée en maïs de 90,7 millions d’acres (Ma) et un rendement record de 183,6 boisseaux/acre (bu/a), le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) prévoit une production de 15 186 millions de boisseaux (Mbu), soit une baisse de 1 % par rapport à l’an passé – c’est tout de même le deuxième niveau de production le plus élevé jamais atteint. Pour ce qui est du soya, la superficie ensemencée est de 87,1 Ma. Avec un rendement de 53,2 bu/a, la production est projetée atteindre un niveau record de 4 586 Mbu, soit une hausse de 10,1 % par rapport à l’an passé. Quant au blé, avec une superficie ensemencée de 46,3 Ma et un rendement de 52,2 bu/a, la récolte est prévue s’établir à 1 982 Mbu, soit une augmentation de 9,4 % par rapport à 2023. En d’autres mots, pour les États-Unis, on s’attend à un rebond de la production de blé, à une récolte abondante de maïs et à une production record de soya.

Statistique Canada a publié ses estimations des rendements en septembre. À l’échelle du Canada, l’organisme a un peu surpris le marché avec un rendement assez élevé pour le blé de 3,3 t/ha alors que les Prairies ont eu du temps très sec du début juillet à la mi-août : la production augmente de 4,1 % pour s’établir à 34,3 millions de tonnes (Mt).

La récolte de maïs est prévue baisser de 1,6 %, principalement en raison de l’Ontario, pour s’établir à 15,2 Mt, ce qui est le deuxième niveau le plus élevé jamais atteint.

La récolte de soya est en hausse de 3,1 % à cause de l’Ontario et du Québec, atteignant 7,2 Mt. Statistique Canada s’attend donc à un rebond de la production de blé, à une bonne récolte de soya et à une production quasi record de maïs.

Pour ce qui est de l’Ontario, la production baisse de 3,8 % pour le maïs et de 16,6 % pour le blé, principalement en raison de la baisse des superficies ensemencées. La production de soya est en hausse de 6,9 %, atteignant un niveau record de 4,3 Mt en raison d’une superficie record et d’un excellent rendement.

Au Québec, Statistique Canada prévoit un excellent rendement de 10,3 t/ha pour le maïs. Un rendement de 3,1 t/ha est anticipé pour le soya et le blé. Malgré une baisse de la superficie ensemencée, la production du maïs augmente de 8,6 % pour s’établir à 3,6 Mt, alors que celle du soya est en hausse de 4,9 % pour atteindre un niveau record de 1,33 Mt grâce à une superficie ensemencée record. La production du blé baisse de 6,8 % en raison d’une baisse de la superficie ensemencée.

Les contrats à terme sont sur une tendance baissière depuis les sommets atteints au printemps 2022 alors que le marché était en mode panique avec l’invasion russe de l’Ukraine.

Or, le portrait des récoltes qui se précise en Amérique du Nord est celui de productions abondantes, voire records, pour les trois principaux grains, et cela aussi bien aux États-Unis qu’au Canada. Doit-on alors en déduire que la baisse des prix va se poursuivre? Une telle conclusion est prématurée. D’une part, la demande mondiale des grains est robuste, comme on a pu le voir au cours des dernières semaines. D’autre part, du côté de l’offre, le marché international est de plus en plus mené par le Brésil pour ce qui est du soya, mais aussi du maïs. Les semis du soya démarrent au Brésil à la mi-septembre, mais la période clé va du début octobre à la fin novembre. Quant au maïs, c’est la deuxième récolte qui représente près des trois quarts de la production nationale : le maïs safrinha sera semé en février-mars 2025, après le battage de la fève.