Grandes cultures 11 octobre 2024

Le miscanthus géant : perspectives et défis

Le miscanthus géant est une graminée rhizomateuse pérenne qui présente plusieurs avantages agroenvironnementaux. Grâce à ses racines profondes, cette plante a un potentiel remarquable pour capturer de grandes quantités de carbone, limiter l’érosion et ainsi améliorer la santé et la conservation des sols. Sa biomasse peut être utilisée comme alternative aux litières conventionnelles, et comme fourrage pour les animaux d’élevage, ou encore pour la production de bioénergie et la fabrication d’écomatériaux, réduisant ainsi la dépendance aux produits pétroliers et contribuant au développement d’une économie circulaire et responsable.

Établi depuis 2009 et bénéficiant du soutien financier du MAPAQ, le Réseau des plantes bio-industrielles du Québec, en collaboration avec d’autres  chercheurs québécois, se penche sur la culture de miscanthus géant dans notre province afin de définir son adaptation et d’établir un itinéraire technique. 

Des essais réalisés dans différentes régions du Québec dans le cadre du RPBQ ont permis de constater que le miscanthus géant atteint son plein potentiel de rendement à la troisième année de production, et que celui-ci varie en fonction du climat de la région, de la période de récolte, du type de sol et du cultivar choisi (Tableau 1, Figure 1).

Dans des régions telles que la Montérégie, la Capitale-Nationale et l’Estrie, qui ont plus de 2 200 unités thermiques maïs (UTM), le rendement du miscanthus récolté à l’automne varie entre 20 et 30 tonnes de matière sèche par hectare. En revanche, dans les régions avec moins d’UTM comme le Bas-Saint-Laurent, le potentiel de rendement annuel est plus faible, variant entre 15 et 18 tonnes par hectare.

Les résultats du RPBQ ont également démontré qu’une récolte printanière produit des rendements de 50 à 60 % inférieurs comparé à une récolte automnale (Tableau 1, Figure 1). Pourtant, la plupart des producteurs de miscanthus géant au Québec, principalement dans le Bas-Saint-Laurent, effectuent leur récolte au printemps afin d’obtenir de la biomasse sèche et de réduire la mortalité hivernale. 

Malgré de nombreux avantages, le miscanthus géant fait face à des défis dans son adaptation au climat québécois, en particulier en ce qui concerne son implantation et sa capacité à survivre aux cycles de gel-dégel et aux hivers rigoureux. Cela représente un problème majeur pour son intégration dans les systèmes agricoles québécois, surtout dans les régions nordiques. 

Un projet de recherche collaboratif 

Pour relever ces défis, le Centre de recherche sur les grains (CÉROM), en collaboration avec l’Université Laval, met en œuvre un projet de recherche collaboratif qui mettra en lumière des stratégies novatrices pour améliorer l’implantation et la production du miscanthus géant au Québec ainsi que son effet sur la santé et la conservation des sols. Les résultats de ce projet permettront de rédiger un guide de production du miscanthus géant fournissant des informations précises sur les étapes d’implantation et de production de cette culture au Québec. 

Les résultats de cette initiative seront importants non seulement pour guider les producteurs dans leurs pratiques, mais également pour renforcer l’intégration du miscanthus géant dans les systèmes agricoles québécois, offrant ainsi une voie vers une agriculture plus durable et résiliente face aux défis climatiques. Ce projet est financé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, dans le cadre du Programme innovation bioalimentaire (2023-2028).