Syndicalisme 11 octobre 2024

Augmentation des contributions à l’UPA de 20 % et des cotisations de 95 $

SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU – Les agriculteurs québécois sont invités à voter pour le nouveau plan de financement de l’Union des producteurs agricoles (UPA), lequel prévoit des hausses de contributions totalisant 20 % sur cinq ans, de même qu’un montant de cotisation annuelle qui passera graduellement de 406 $ en 2024 à 501 $ en 2029. 

Dans une salle de Saint-Jean-Sur-Richelieu, où étaient rassemblés les producteurs délégués de la Montérégie, le 3 octobre, personne n’est venu s’y opposer au micro. Il faut dire que l’adoption préalable a été presque unanime dans les syndicats locaux. « Je pense qu’il y a juste trois producteurs qui ont voté contre dans tous nos syndicats de base », a dit Jérémie Letellier, président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie. 

Les besoins financiers totaux de l’UPA grandissent. Ils sont estimés à 29 M$ en 2025 et augmenteront chaque année pour atteindre 32 M$ en 2029, ce qui comprendra, à ce moment-là, une somme de 2 M$ pour soutenir le fonctionnement des syndicats locaux, et 12 M$ pour les fédérations régionales, notamment. Pour les moins initiés, les fédérations régionales font référence à chacune des 12 régions, comme la Fédération de l’UPA de la Montérégie, celle de la Mauricie, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, etc. Tandis que les syndicats locaux sont ceux qui regroupent les producteurs agricoles du territoire de la MRC d’une même fédération régionale. Par exemple, la fédération de la Montérégie compte 15 syndicats locaux. La Confédération de l’UPA et son siège social à Longueuil auront 14 M$ du budget en 2029. Ce plan de financement soutient aussi d’autres entités comme UPA Développement international (UPA DI) et la Fédération de la relève agricole du Québec. 

Rattrapage

Même si les augmentations de contributions et de cotisations semblent élevées, il s’agit plutôt d’un rattrapage en lien avec l’accroissement des dépenses, dit Charles-Félix Ross, directeur général de l’UPA.

 La raison des augmentations, c’est l’inflation. Les salaires des employés ont augmenté, les frais de représentation ont augmenté. Ce qu’on paie au kilomètre, même si c’est beaucoup moins que dans la fonction publique, il a fallu l’augmenter. Si tu regardes en 2013, notre coût moyen d’une chambre d’hôtel était de 121 $, maintenant, c’est 179 $. À un moment donné, tu n’as pas le choix.

Charles-Félix Ross, directeur général de l’UPA

La Terre lui a demandé si les dépenses de l’organisation avaient aussi été revues, autant à Longueuil qu’en région. « Oui, on a serré la vis. En 2008, on avait 58 employés payés par le plan de financement. On vient de diminuer à 53 et ça va rester comme ça pour les cinq prochaines années », répond M. Ross. La Confédération compte 150 employés au total à Longueuil, mais le directeur souligne qu’à part les 53 postes mentionnés, la centaine restante est attitrée à des projets facturables qui s’autofinancent, par exemple les employés chargés du projet de rétributions environnementales du gouvernement fédéral. 

Concernant les fédérations régionales, Charles-Félix Ross précise que l’inflation des coûts et des salaires, jumelée à la baisse de rentabilité des services de comptabilité et de fiscalité de certaines fédérations ont infligé beaucoup de pression sur leurs liquidités, ce qui les a obligées de facto à resserrer leur administration, dit-il. « Mais ils n’ont pas coupé de ressources. C’est comme une aménagiste en territoire, tu en as besoin; ce n’est pas un poste que tu vas couper. » 

Une nouvelle règle du prochain plan de financement diminuera les sommes envoyées aux fédérations régionales et locales si leurs surplus budgétaires s’accumulent. « On veut que les syndicats soient actifs, faire en sorte que l’argent qui vient des producteurs soit investi dans du travail pour les producteurs. Si, à l’inverse, les syndicats accumulent des argents, c’est que quelque part, ils ne jouent pas pleinement leur rôle », affirme le directeur général de l’UPA. 

Ce n’est pas fini

Le nouveau plan de financement entrera en vigueur dès janvier 2025, après avoir été voté partout au Québec. L’UPA retournera ensuite en consultation pour augmenter les cotisations des producteurs sans plan conjoint qui ne paient pas de contributions. Actuellement, les producteurs visés par un plan conjoint de mise en marché, comme les producteurs de grains ou de sirop d’érable, versent une contribution sur le total de leurs volumes vendus. Par contre, ceux qui ne sont pas encadrés par un plan conjoint, comme les fermes maraîchères, ne paient pas de contributions à l’UPA, seulement une cotisation annuelle. Cela cause de l’iniquité chez les producteurs. La solution envisagée consiste à leur demander une déclaration de leurs revenus, pour qu’ensuite, l’UPA leur facture une cotisation plus élevée, selon leurs revenus. La formule précise devra être élaborée en 2025, votée en 2026 et appliquée en 2027, explique Charles-Félix Ross.