Horticulture 4 octobre 2024

Un livre blanc pour un Québec plus vert

Le 20 septembre était un grand jour pour l’organisme Québec Vert, qui a présenté son livre blanc devant des politiciens ainsi que des représentants de municipalités et d’entreprises, tous venus à Montréal pour prendre acte de sa douzaine de recommandations visant à libérer le potentiel de la végétalisation.

Cet organisme, qui représente le secteur de la production horticole ornementale, met de la pression sur les décideurs afin d’accroître l’utilisation des végétaux dans les infrastructures publiques. Il fait valoir les bienfaits pour la société, mais aussi pour les producteurs de végétaux, qui pourraient aller chercher un marché de plusieurs centaines de millions de dollars.

2 % en végétalisation

L’une des principales recommandations de Québec Vert consiste à inciter le gouvernement et les municipalités à injecter, pour chacun des projets en infrastructures publiques prévus dans le Plan québécois des infrastructures, une somme représentant au minimum 2 % des investissements totaux pour la réalisation de travaux végétalisés.

Parfois, il y a de l’argent de prévu pour la végétalisation, mais à la fin des projets, le dépassement de coût fait en sorte qu’ils laissent tomber ce qui était prévu pour la végétalisation. Pourquoi on ne prendrait pas le temps, dès le départ, d’intégrer des infrastructures vertes pour réduire le coût des infrastructures grises?

Luce Daigneault, directrice générale de Québec Vert

Elle donne l’exemple de Portland, en Oregon. « Ils avaient des problèmes avec les gros coups d’eau, comme à Montréal d’ailleurs, et ils ont diminué de 81 % leurs débits de pointe avec des infrastructures vertes », avance-t-elle. 

Mme Daigneault ajoute qu’un bassin de rétention ou une saillie drainante végétalisée permet de diminuer le diamètre des tuyaux pluviaux et, donc, les coûts. Dans un contexte de changements climatiques, la végétalisation est un investissement et une solution, affirme-t-elle, et pas seulement pour la gestion de l’eau. Selon elle, l’environnement en général et la santé publique y gagneraient. 

Un exemple de stationnement écologique avec biorétention par les végétaux pouvant représenter une occasion d’affaires pour les producteurs horticoles.  

Des retombées pour les producteurs

Si cette politique de forcer un investissement en végétalisation de 2 % des nouveaux projets de construction, d’agrandissement ou de réaménagement se concrétisait, cela pourrait se traduire en une somme qui frôle les 3 G$ par année destinée à la végétalisation, calcule la directrice générale. 

De 10 à 15 % de cette somme serait directement associé à l’achat de végétaux (plantes vivaces, arbustes et arbres). Et pour éviter que ces millions échappent aux producteurs locaux, le livre blanc de Québec Vert prône la mise en place d’une certification des végétaux produits au Québec. « Cela ferait en sorte que les consommateurs et les grands acheteurs puissent les reconnaître au lieu d’employer des végétaux importés », explique-t-elle. 

Le dernier mot sur lequel Luce Daigneault met l’accent est « ambition ». Son équipe et elle veulent non seulement que le Québec soit ambitieux envers les projets de végétalisation, mais qu’il développe aussi un centre national d’expertise en infrastructures végétalisées. Au lieu de laisser d’autres pays prendre l’avance, dit-elle, « il faut devenir les champions et, pourquoi pas, ensuite, vendre notre expertise? »  


Cet article est un suivi du texte Une vaste consultation est lancée pour la végétalisation du Québec, de l’édition du 15 novembre 2023.