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Des étudiants en Gestion et technologies d’entreprise agricole (GTEA) du cégep de Sherbrooke ont été initiés à l’élevage d’escargots en mai dernier, pendant un stage en France. La Terre s’est demandé si ces apprentissages pouvaient être applicables au Québec et a découvert que l’expérience avait déjà été tentée, il y a quelques années.
Elisanne Landry a exploité un élevage d’escargots à partir de 2017, à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, en Mauricie, où elle possède une terre agricole. Elle a démarré son projet avec un cheptel de 5 000 escargots terrestres importés du Maroc, après avoir visité des élevages en France, pour comprendre les bases de la production.
Ses escargots étaient élevés en serre, sous température et humidité contrôlées. Bien qu’elle ait dû abandonner son projet après environ trois ans, puisqu’elle ne pouvait y consacrer suffisamment de temps, cette ancienne hélicicultrice continue de croire que ce type de production serait rentable au Québec.
D’autant plus que la demande des restaurateurs pour des escargots locaux est bel et bien là, selon elle. « Dès que j’avais une petite production de prête, elle était vendue », indique Mme Landry.
Elle ne ferme d’ailleurs pas la porte à relancer son projet, si elle trouve plus tard un associé pour garantir une présence plus constante à la ferme. « Ma force était plus du côté de la vente, mais moins du côté de l’élevage, où il faut être présent tout le temps », précise celle qui travaille dans le domaine du développement des affaires.
Un arrêt dans un élevage d’escargots en France
Les étudiants en GTEA du cégep de Sherbrooke qui ont participé à une visite d’une ferme hélicicole en France garderont peut-être cette idée en tête. « Ils ont vraiment aimé ça, ç’a été leur visite coup de cœur », rapporte l’enseignante Hélène Beaumont.
Cette dernière raconte que l’élevage d’escargots est à l’image d’autres types d’élevages, mais à plus petite échelle, « avec une chambre d’accouplement où sont gardés les escargots reproducteurs, une pouponnière pour faire éclore les œufs et un pâturage entouré d’une petite clôture électrique pour élever les escargots », résume-t-elle.
Les escargots sont nourris avec des navets fourragers et des radis plantés au pâturage, entre autres exemples. Quand ils ont tout dévoré, ils vont se réfugier sous des planches, où ils peuvent ensuite, à la dernière étape de cette production, être cueillis puis transformés, raconte l’enseignante.
L’idée de cette visite pendant ce stage à l’étranger était « de faire découvrir aux étudiants différents types de productions agricoles afin d’ouvrir leurs horizons pour la mise sur pied de leur propre entreprise », précise-t-elle.
Le défi du climat
D’ailleurs, un ancien groupe d’étudiants de Mme Beaulieu avait déjà planifié le démarrage d’une production d’escargots dans le cadre d’un cours de microentreprise. Contacté par La Terre, l’un d’eux, Clovis Raymond-La Ruelle, raconte que ses coéquipiers et lui ont fait plusieurs recherches pour évaluer la rentabilité de la production d’escargots et que tout allait bon train, même pour l’importation des œufs, qu’ils étaient parvenus à planifier. Ils se sont toutefois butés au climat du Québec, qui impose un élevage en serre. « Ils ne survivent pas à l’hiver, et la serre du cégep n’était pas disponible, donc on a dû abandonner notre projet », raconte l’ancien étudiant, qui travaille aujourd’hui à la Fédération de la relève agricole du Québec.
Il précise que ce projet d’élevage d’escargots était surtout pour « essayer quelque chose d’inusité » dans le cadre de leur cours, mais qu’aucun des étudiants du groupe n’avait véritablement l’intention de démarrer ce type d’élevage plus tard.
Une espèce nuisible
Un autre défi lié à cette production est l’importation d’espèces qui se prêtent à l’élevage, puisque les escargots que l’on retrouve au Québec sont de trop petite taille. Or, l’importation est limitée à trois espèces par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). « Et ce ne sont pas les mêmes espèces qui sont cultivées en France, indique l’ancienne hélicicultrice Élisanne Landry. Toute la littérature disponible sur l’élevage d’escargots, il faut donc l’ajuster, parce qu’on n’a pas le droit à ces sortes-là au Québec », ajoute-t-elle. Par contre, elle dit ne jamais avoir eu de difficultés à obtenir les permis auprès de l’ACIA pour importer l’Otala lactea, espèce avec laquelle elle a travaillé.
Un potentiel de développement limité
Il n’y a actuellement aucune escargotière commerciale enregistrée au Québec, rapporte le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). « Les espèces d’escargots qui présentent le plus grand intérêt commercial et dont les techniques d’élevage sont bien maîtrisées à l’étranger, telles que l’escargot de Bourgogne ou le petit-gris, sont interdites d’importation au Canada, ce qui rend le développement de cette production plus difficile », précise le MAPAQ dans un échange de courriels avec La Terre.
De son côté, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) dit avoir reçu huit demandes d’importation d’escargots dans les trois dernières années à l’échelle du pays. « Six permis d’importation ont été accordés et deux ont été refusés », spécifie-t-elle. Les trois seules espèces permises à des fins commerciales sont le Cepea nemoralis, l’Otala lactea et l’O. vermiculata. Toutes les autres espèces sont interdites en vertu de la Loi sur la protection des végétaux, car elles ont le potentiel de « détruire des cultures de fruits et de légumes et d’entraîner d’importantes répercussions sur les activités et les espaces verts, comme les pépinières, les serres, les parcs et les jardins », spécifie l’ACIA.