Lait 9 octobre 2024

À contre-courant, mais efficaces avec leur nouvelle étable entravée

Dans un contexte où les producteurs de lait sont encouragés à détacher leurs animaux avec l’entrée en vigueur de nouvelles normes de bien-être animal, des agriculteurs de Saint-Georges, dans Chaudière-Appalaches, ont fait le choix, en 2022, de se faire construire une bâtisse neuve en stabulation entravée pour loger leurs 66 vaches en lactation. 

« On se faisait traiter de fous, mais moi, je marche aux résultats. Et les résultats, force est d’admettre qu’ils sont là pour nous avec la stabulation entravée », résume Anthony Boutin, l’un des propriétaires de la Ferme Bergitte. 

Leurs vaches Holsteins produisent en moyenne 14 118 kg de lait annuellement, avec 4,3 % de matière grasse, soit un résultat plus élevé que la moyenne canadienne, qui se situe plutôt à 11 253 kg de lait par animal avec un taux de gras de 4,08 %. 

Les animaux de cette ferme vivent longtemps, plusieurs d’entre eux ayant produit plus de 150 000 kg de lait à vie. Les propriétaires maintiennent un taux de réforme très faible de 13 % au sein de leur troupeau, alors que la moyenne ­québécoise se situe plutôt à 32 %. 

« Chez nous, on a des vaches productives et en santé parce qu’on a une approche personnalisée, vache par vache. On aime le contact avec l’animal. On donne à chacun ce dont il a besoin et un régime alimentaire adapté en fonction de son état de chair, de son appétit et de sa production, de son stade de lactation. La stabulation entravée nous facilite tout ça », explique l’éleveur de 31 ans. 

L’ancienne étable devenue désuète devait absolument être reconstruite, il y a quelques années, raconte-t-il. En visitant des bâtiments avec salle de traite ou encore avec robot pour se donner des idées, les copropriétaires de la ferme sont restés sur leur faim. Les investissements importants qu’aurait représenté l’acquisition de tels équipements n’en valaient pas la peine, ont-ils évalué, préférant finalement conserver la traditionnelle trayeuse. Les agriculteurs n’avaient pas non plus envie de changer du tout au tout leur système de régie de troupeau avec lequel ils connaissent du succès et qui s’avère rentable.

« Une chose qui nous plaisait moins aussi dans une stabulation libre, c’est que c’est un peu la loi de la jungle. Si tu as une vache qui est fragilisée, à partir du moment qu’elle est lousse, elle devient en compétition avec les autres vaches », fait remarquer Anthony Boutin.

Être lousse, ce n’est pas gage de succès pour tout le monde, estime-t-il. Si tu es lousse et que tu réformes 45 % de vaches par année, moi, je pense qu’il y a un non-sens là, surtout quand on parle de bien-être animal.

Anthony Boutin

D’ailleurs, pour que la ferme soit conforme aux nouvelles exigences – dont plusieurs entreront en vigueur dans les prochaines années –, les vaches en préparation au vêlage, celles qui sont taries, de même que les veaux sont tous libres et logés dans de grands parcs. La nouvelle construction a été pensée de sorte que la conversion en stabulation libre sera facile, advenant un nouveau resserrement des exigences.

Dès 2027, rappelons-le, les vaches ne pourront plus être attachées continuellement. Elles devront avoir la possibilité de se mouvoir librement à au moins une période de leur cycle de production.