Acériculture 1 octobre 2024

Une récolte record qui arrive à point


Forts d’une récolte record de 240 millions de livres de sirop d’érable en 2024, survenue alors que la réserve stratégique atteignait un plancher critique, les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) négocient activement avec Québec afin qu’il finance cet inventaire, totalement soutenu par les acériculteurs actuellement.

« Ce qu’on demande au gouvernement, c’est d’assurer les intérêts d’un prêt afin qu’on puisse devancer les paiements aux producteurs pour éviter le choc que pourrait représenter une trop grosse production par rapport à la demande, comme on peut le voir cette année », explique Joël Vaudeville, directeur des communications aux PPAQ.

Juste avant la dernière période des sucres, la réserve stratégique du regroupement se situait à environ 7 millions de livres, alors qu’on en retrouvait près de 40 millions chez les transformateurs. Du jamais vu depuis la mise en place du ­système au début des années 2000. 

« Si on avait eu une petite saison, on en aurait eu assez, mais ça aurait été un gros défi en 2025 », admet Joël Vaudeville, qui ne peut chiffrer pour l’instant la quantité de sirop qui sera dirigée vers la réserve stratégique dans les prochaines semaines. 

« Cette année, c’est comme si on avait eu deux saisons en une. On a eu des températures propices à la production très tôt en février, surtout le long de la frontière américaine. Et quand c’est venu le temps d’avoir des températures plus chaudes, on est retombés dans le froid et c’est reparti de plus belle en mars. Ce qui fait que des régions comme le Bas-Saint-­Laurent et Chaudière-Appalaches ont eu une période de production qui a presque doublé en termes de temps.

Joël Vaudeville, directeur des communications aux PPAQ

Dans leur plan stratégique, les PPAQ visent la cible de 100 millions de livres en réserve d’ici cinq ans. Actuellement, les trois entrepôts (Laurierville, Plessisville et Saint-Antoine-de-Tilly) ont une capacité d’entreposage de 133 millions de livres, soit une valeur de 450 millions de dollars au prix actuel. 

Exportations en hausse

Ce rétablissement de l’offre survient alors que les exportations de sirop d’érable à l’international reprennent du tonus après un ralentissement observé dans les deux dernières années. Après des hausses de 20 % deux années de suite en 2020 et 2021, effet collatéral de la COVID et des liquidités qu’elle a engendrées, les exportations ont dramatiquement chuté les deux années suivantes à cause de l’incertitude économique. « Le sirop d’érable, ça reste un produit de luxe. Alors quand surviennent des conflits, comme celui en Ukraine, qui ébranlent les marchés internationaux, on peut être parfois parmi les premières victimes quand vient le choix de faire des économies. »

Mais selon les chiffres les plus récents, de janvier à juin 2024, le Canada a exporté 71,88 millions de livres de sirop, comparativement à 65,66 millions durant la même période en 2023, soit une augmentation de 9,5 %. « Considérant que le Québec compte pour 92 % de la production au pays, c’est une excellente nouvelle. On retrouve une belle croissance des exportations qu’on avait connue dans les dernières années », estime Joël Vaudeville. 

Enfin, avec la récolte record de cette année et l’émission de 14 millions d’entailles en 2021 et 2023, dont près de la moitié ont été installées, l’ajout de nouvelles entailles n’est évidemment pas au programme des PPAQ. « Bien qu’on assiste à une reprise des exportations, le conseil d’administration a décidé en juin de ne pas en émettre de nouvelles. On veut laisser le temps aux gens d’installer les entailles qui ont été annoncées, mais qui ne le sont pas encore. »