Alcools 30 septembre 2024

Cidre : de la concurrence sur plusieurs fronts

Si l’intérêt pour le cidre du Québec est là, des producteurs remarquent, de façon générale, qu’ils doivent travailler plus fort qu’il y a quelques années pour vendre leurs bouteilles, dans un contexte de marché hautement compétitif, où les consommateurs font attention à leurs dépenses.

« Il se vend plus de volumes de cidre au Québec que jamais, mais il y a aussi beaucoup plus de producteurs qu’avant et il commence à y avoir saturation de marché », fait remarquer Matthiew Quinn, dont les bouteilles se vendent environ 20 $ dans les épiceries fines, dans les magasins spécialisés ainsi qu’à la ferme. 

Un phénomène qu’observe aussi le président de l’Association des producteurs de cidres du Québec, Marc-Antoine Lasnier. 

Est-ce que l’industrie se porte bien dans l’ensemble? Je dirais que oui, mais il y a de la compétition et c’est sûr que c’est un métier extrêmement difficile.

Marc-Antoine Lasnier, président de l’Association des producteurs de cidres du Québec

Un positionnement difficile « entre la bière et le vin »

Pauline Macera remarque qu’il y a encore des consommateurs qui ne comprennent pas pourquoi ils paieraient 20 $ pour une bouteille de cidre, alors qu’à un prix similaire, ils peuvent avoir une bouteille de vin dont le taux d’alcool est plus élevé. 

Matthiew Quinn, de son côté, signale le positionnement difficile du cidre « entre la bière et le vin » qui le place souvent en concurrence avec l’un de ces deux produits. « Moi, j’aimerais vendre plus de cidre en restauration, mais la restauration choisit encore principalement le vin. D’un autre côté, dans les épiceries fines, j’aimerais qu’on m’achète à la place de la bière », exprime-t-il. 

Du cidre en canette

D’ailleurs, dans une optique d’offrir un produit qui, comme la bière, se transporte facilement dans un sac et se consomme bien au parc, de plus en plus de producteurs sortent leur cidre nature en format canette. Un producteur de Rougemont, en Montérégie, Frédéric Le Gall, tente justement l’expérience en 2024.

« Ça fait plusieurs années que les consommateurs me demandent des canettes, alors on l’essaie. L’objectif, c’est de diversifier les possibilités de consommation. La canette, c’est plus versatile », croit le propriétaire de la cidrerie Chemin des sept. Le défi, maintenant, sera de rentabiliser ce nouveau format qu’il ne pourra pas vendre beaucoup plus cher qu’une bière pour rester concurrentiel, mais qui est plus coûteux à produire. « Un produit en bouteille va être comparé au niveau du prix à un vin, mais une fois mis en canette, on le compare à de la bière. Sauf que derrière le cidre, contrairement à la bière, il y a souvent des agriculteurs qui cultivent eux-mêmes leurs pommes. »