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SHERBROOKE – En janvier 2023, le nouveau complexe de serre de Mélanie Grégoire et son oncle Michel est entré en activité avec l’objectif d’atteindre l’autosuffisance en fleurs annuelles, en légumes et en fines herbes. Un an et demi plus tard, les copropriétaires apprivoisent toujours la surperformance de leurs installations.
Il a fallu s’ajuster, entre autres, à la croissance accélérée des plantes. « Sur nos courbes de croissances, on avait pratiquement deux ou trois semaines [d’avance], alors cette année, tous nos semis et boutures ont été décalés, et il faudra encore s’ajuster l’année prochaine, dit Mélanie Grégoire. On sort des trop grosses plantes. C’est un beau problème. »
Une visite de la serre, en marge de l’assemblée générale annuelle de l’Institut québécois du développement de l’horticulture ornementale, le 19 septembre, a permis de mesurer l’efficacité des installations entièrement automatisées.
Ce qui permet à la serre de produire une importante variété de plantes sur une petite surface, ce sont justement les climats. Le complexe est divisé en trois zones qui permettent de répondre aux différents besoins de chacune des variétés de végétaux. La zone chaude accueille les semis et les boutures. La zone froide permet de faire pousser des légumes sous une régie calquée sur le modèle biologique, mais non certifiée comme tel. La zone tiède contient les tables inondantes, qui servent à irriguer et à fertiliser les plantes, ainsi qu’à faire pousser les jardinières suspendues durant l’hiver.
D’ailleurs, 60 % de l’eau consacrée à l’arrosage est recyclée, tout comme 100 % de l’eau contenant les engrais. « Après l’arrosage, tout s’en va dans le dalot et l’eau s’en va dans un puits sous-terrain. Il y a des pompes qui la renvoient dans deux appareils pour la filtrer et [ensuite, ça s’en va] dans deux réservoirs », mentionne Michel Grégoire, qui précise que c’est en raison du modèle d’inspiration biologique que tout se fait en double.
La zone tiède est munie de carrousels au plafond, où les jardinières sont suspendues à 5,5 mètres (18 pieds) de hauteur et arrosées par un système géré par un ordinateur. De conception américaine, le carrousel permet à la plante d’avancer jusqu’à atteindre une pièce de métal qui sert de balance. Elle s’y arrête, est pesée, puis arrosée automatiquement durant un nombre de secondes en fonction d’un poids prédéterminé à atteindre lorsque mouillée. « Ça fonctionne assez bien. C’est la deuxième année et je commence à comprendre [comment ça fonctionne], indique M. Grégoire. Quand il commence à faire chaud et que ça prend deux heures pour faire le tour, on se rend compte qu’il faut donner moins de pression. Si on donne une pression forte, la balance est assez sensible et je vois sur le cadran que le poids augmente, [mais en réalité], on se rend compte qu’il manque d’eau dans la jardinière. » Cette année, les valves ont été ajustées pour réduire le débit d’eau, mais arroser plus longtemps.
Les serres sont également dotées de trois systèmes de chauffage contrôlés par un système central au gaz naturel : par plancher radiant, par eau chaude sous les tables et par tuyaux radiants au plafond.
Des toiles thermales, situées entre la tuyauterie du plafond et le toit du complexe, retiennent la chaleur. La gestion efficace du complexe serricole permet une réduction des gaz à effet de serre estimée à 99 tonnes équivalent CO2.
Une toile black-out, qui se déploie automatiquement sur chacune des parois des serres, permet de contrer la pollution lumineuse. « Ç’a quand même coûté 125 000 $, mais socialement parlant, ça a valu la peine, parce qu’ici, au mont Mégantic, ils regardent les étoiles et ne veulent pas nécessairement me voir », affirme Michel Grégoire, lors de la visite.
Les copropriétaires produisent désormais tout à l’interne, tant et si bien que durant la première année de production, ils ont été en mesure d’abaisser leurs prix de 15 %. « Quand on fait de l’achat-revente, il faut se garder une marge, mais nos plants nous coûtent moins cher à produire, donc on les vend moins cher », mentionne Mme Grégoire.