Horticulture 27 septembre 2024

Un nouveau joueur perce le marché de l’horticulture ornementale

À la fin juillet, Nicolas Zyromski a racheté l’entreprise familiale Zyromski Horticulture en s’associant à un nouveau joueur dans le domaine, Oliva Horticulture. Cette filiale de la société d’investissement privé Oliva Capital a l’ambition de devenir un leader de l’horticulture ornementale en Amérique du Nord.

En prévision de prendre la relève de ses parents, Nicolas Zyromski cherchait un partenaire pour assurer la pérennité de l’entreprise de production de boutures en serre et de distribution de végétaux de Rivière-Rouge, dans les Laurentides. Il en a glissé un mot aux nouveaux propriétaires de la Pépinière Villeneuve, une cliente de longue date, dont Oliva Horticulture a fait l’acquisition en 2022. Ceux-ci ont rapidement démontré de l’intérêt pour Zyromski Horticulture. « On s’entend super bien sur la vision de ce qu’on veut amener dans le marché d’horticulture nord-américain, des nouveaux produits innovants, de la qualité, du service à la clientèle le meilleur possible, dit M. Zyromski. On était sur la même longueur d’onde [et vu] qu’il y avait un fit entre les entreprises, on a décidé d’aller de l’avant. » Après un an de discussions, la transaction a été conclue le 31 juillet. 

Nicolas Zyromski

Bien qu’Oliva Horticulture soit devenu coactionnaire majoritaire du complexe de serre de 250 000 pi2 et du réseau de distribution, Nicolas Zyromski en demeure le ­président-directeur général.

Sur papier, ils sont majoritaires. Par contre, dans notre convention d’actionnaires, c’est moi qui ai le contrôle et qui dirige l’entreprise à 100 %.

Nicolas Zyromski, président-directeur général

M. Zyromski a été attiré par l’expertise qu’Oliva Horticulture pouvait lui apporter en matière de marketing, de développement de marché et de gestion des technologies de l’information. En plus de la Pépinière Villeneuve, à L’Assomption, elle possède également Les Pépinières Trussart, à Lanoraie, dans Lanaudière. 

L’échange sera mutuel entre ces entreprises, mentionne Julien Trussart, le vice-président de la stratégie et de la croissance chez Oliva Horticulture. L’expertise de Nicolas Zyromski en production de boutures permettra d’améliorer la qualité des végétaux dans toutes les entreprises du groupe horticole. Sans compter que les calendriers de production seront complémentaires, c’est-à-dire que les boutures seront produites durant la basse saison des pépinières. 

De plus, le réseau de distribution nouvellement acquis permettra d’améliorer la logistique de transport et de retenir la main-d’œuvre en offrant des emplois à l’année. 

L’objectif est d’offrir le soutien nécessaire afin de propulser l’organisation et lui faire gagner des parts de marché. La prochaine année en sera une de consolidation, « business as usual », mentionne Nicolas Zyromski. Les projets d’expansion commenceront plutôt à la deuxième année du partenariat.

D’ici cinq ans, Oliva Horticulture souhaiterait signer d’autres partenariats ou acquisitions au Québec ou ailleurs. Il existe de gros joueurs sur marché nord-américain et la filiale d’Oliva Capital aspire à avoir un volume qui lui permettra de s’imposer sur ce marché. « Mais ce n’est pas une affaire de devenir le plus gros au Québec ou d’écraser [quelqu’un]. Ce n’est pas des compétiteurs qu’on veut au Québec, ce sont des coopétiteurs, affirme Julien Trussart. On croit vraiment à la coopération qu’il peut y avoir, des synergies qui se créent avec les autres acteurs de l’industrie. »

Un rattrapage nécessaire

Selon Julien Trussart, d’Oliva Capital, le marché du Québec a un énorme déficit commercial, puisqu’il produit peu, importe beaucoup et exporte très peu. Ce déficit peut être comblé, d’autant plus que le taux de change rend les produits québécois attrayants pour le marché américain et que la rusticité du climat québécois permet de faire pousser des végétaux de qualité, ayant une meilleure résistance à l’hiver que ceux des compétiteurs ontariens ou britanno-colombiens. L’entrepreneur mentionne également que l’horticulture ornementale est une industrie qui a été portée à bout de bras par des passionnés dont l’intérêt était justement la production, mais qu’un rattrapage s’impose pour acquérir des parts de marché. « On voit, d’un point de vue d’investisseur, beaucoup d’automatisation qui s’en vient [parce que c’est] très, très arriéré d’un point de vue technologique », dit-il, en donnant l’exemple du télécopieur que ses associés et lui ont eu le réflexe de vouloir couper avant de se rendre compte que des clients utilisent encore cette méthode pour passer des commandes.  


Qu’est-ce qu’Oliva Capital?

Oliva Capital, l’entreprise mère d’Oliva Horticulture, est une société d’investissement fondée par cinq comptables québécois – des amis d’université de 33 et 40 ans – qui ont investi leurs capitaux privés principalement en technologies et en horticulture ornementale. « On est tombés là-dedans par un heureux hasard et on avait compris que ça faisait une thèse d’investissement qui était intéressante et on croit à cette industrie-là. On est là pour le long terme », affirme Julien Trussart, l’un des cofondateurs.

Julien Trussart

En 2018, alors qu’il était copropriétaire d’un cabinet comptable, Julien Trussart a fait l’acquisition, avec son associé, Martin Breault, des Pépinières Trussart, appartenant à un cousin éloigné, qui n’avait pas de relève. « On a acheté de façon candide en disant : ‘‘Ça doit être facile. Tu travailles une couple de mois par année, tu fais pousser des plantes et life is good.’’ On a pogné notre Waterloo! s’exclame-t-il. On a appris à la dure qu’être pépiniériste n’est pas un hobby; c’est un travail qui demande rigueur, passion et dévouement. » 

L’année suivante, Oliva Capital a été fondée avec trois autres associés.

Rapidement, la thèse de l’investissement en horticulture ornementale a pris une position importante chez nous.

Julien Trussart

D’une part, explique-t-il, parce que les produits sont vivants, mais non périssables, et très peu sujets aux modes. D’autre part, parce que la marge de profit des stocks augmente avec le temps. « Un conifère de trois pieds, tu vas le vendre plus cher à quatre pieds et tu vas faire plus d’argent. C’est une industrie qui est atypique, et quand il y a des cycles économiques qui font mal, tu t’assois sur une partie de ton inventaire, tu l’entretiens, le valorises et tu ne perds pas des points de pourcentage de rentabilité. »

En mai 2024, Oliva Capital a été classée au 145e rang des 300 plus grandes entreprises du Québec par le journal Les Affaires. L’entreprise compte 1 100 employés.