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Zoé Bisaillon et son conjoint cessent la production de vin. Les 7 500 plants de vigne plantés et dorlotés depuis 2018 seront détruits après cette dernière récolte. « On arrache tout le vignoble », affirme la copropriétaire du Domaine du Cap, situé à Acton Vale, en Montérégie.
Après tous ces efforts, détruire un vignoble doit égratigner le cœur de la viticultrice? « Heu, pas vraiment! Quand tu fais tous les calculs à tête reposée, que tu regardes l’argent et le temps que tu investis dans un projet qui te tire autant de jus, tu n’as pas de peine à le laisser aller », indique-t-elle.
Zoé a écrit un long message sur sa page Facebook, annonçant la fin du vignoble et remerciant tous ceux et celles qui les ont aidés à chaque étape de leur projet. Elle a spécifié que ce choix était assumé « à 100 % » et qu’il permettra d’améliorer la qualité de vie familiale.
Prendre cette décision importante et l’annoncer publiquement a été libérateur. « Ça nous a enlevé plusieurs gros stress », confie la viticultrice. Elle raconte qu’à la suite de cette publication, trois autres propriétaires de vignobles l’ont contactée en privé. « Ils m’ont dit que s’ils avaient le courage, ils feraient pareil comme nous. »
Une écœurantite
Celle qui exploite également une érablière de 8 500 entailles souligne que le projet du vignoble n’a pas été pris à la légère.
Ceci dit, les gels n’auraient pas été suffisants pour leur faire lancer la serviette. « La lourdeur administrative, plusieurs en parlent en agriculture, mais dans le vin, c’est vraiment majeur. On a des rapports mensuels et trimestriels à produire. Quand tu vends en épicerie, tu as des comptes à rendre fréquemment à la… SAQ [Société des alcools du Québec]. Même notre municipalité nous a donné du fil à retordre pour qu’on puisse faire des dégustations. Tout ça nous a épuisés », confie-t-elle.
Rentabilité difficile
L’autre gros point, c’est le profit. La conjoncture économique a fait diminuer les ventes du vignoble. Il reste plusieurs bouteilles à vendre. « Et ce n’est pas la SAQ qui aide le plus. On doit se battre pour avoir un bout de tablette. Tu les entends dire qu’il faut encourager les produits québécois, mais tu vois dans leur section du Québec des produits qui ont seulement été embouteillés au Québec. C’est insultant! »
Les pertes de rendement par le gel et la petite taille du vignoble entraînaient un coût de production plus élevé qui l’empêchait de dégager une marge de profit intéressante par bouteille. « Si les profits avaient été bons, on aurait persisté, précise Zoé. On aurait engagé et on avait de la place pour 10 000 vignes de plus qu’on aurait pu mettre dans une section qui gèle moins. Mais travailler de mai à octobre sans trop faire d’argent, ça ne valait pas la peine de continuer. »
Le couple concentre maintenant ses forces sur la production acéricole. « On a un vin d’érable, un gin d’érable et plusieurs autres produits de l’érable qui fonctionnent bien. On va mettre plus d’énergie là-dessus! »
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