Maraîchers 20 septembre 2024

Des tisanes qui s’intègrent comme une fleur au reste de la production

La Coop Pied de céleri, à Dunham, en Estrie, a lancé, il y a trois ans, un volet de production de tisanes aromatiques qui s’est intégré à faible coût et en parfaite complémentarité avec les autres productions maraîchères biologiques.

« On faisait déjà des fines herbes depuis longtemps, mais elles sont vendues fraîches à nos clients. Souvent, en fin de saison, quand on arrêtait de les récolter, on voyait qu’il y avait encore un potentiel avant les premiers gels. L’idée de ce projet était donc de récupérer une bonne partie de nos plants de thym, d’origan, par exemple, pour les revaloriser en tisanes », explique Vincent Lacharité-Laframboise, porteur du projet et membre travailleur de la coopérative.

Le producteur maraîcher Vincent Lacharité-Laframboise devant les fleurs de calendule utilisées dans la fabrication des tisanes aromatiques de la Coop Pied de céleri. Photo : Gracieuseté de la Coop Pied de céleri

Les engrais verts utilisés en culture, soit l’avoine et le trèfle rouge, ont également été mis à contribution.

Normalement, ces engrais sont bénéfiques pour le sol, mais on n’en tire pas de revenu. Là, avant de détruire les plants pour les retourner au sol, on récolte les fleurs d’avoine au stade laiteux et les fleurs de trèfle l’année suivante pour nos tisanes.

Vincent Lacharité-Laframboise

À cela se sont ajoutées des plantes pour diversifier les saveurs, comme la calendule, l’agastache et la citronnelle. Ces cultures consacrées uniquement au volet tisanes occupent deux planches de 60 mètres de long sur 2 mètres de large sur les 200 cultivées annuellement à la Coop. « C’est donc une infime partie de notre superficie en culture, mais avec un rendement en valeur de récolte qui est assez grand », rapporte M. Lacharité-Laframboise.

Il estime d’ailleurs que cette production aura un bon potentiel de rentabilité dans les prochaines années, plus l’investissement de départ, notamment pour la construction des séchoirs, s’amortira et plus les rendements des cultures et l’efficacité des techniques s’amélioreront. 

En volume, la production a été de
30 kg de plantes aromatiques séchées l’année dernière, et de 50 kg cette année.  « Jusqu’à maintenant, la réponse de nos clients est bonne. Peut-être qu’il y aura un intérêt pour augmenter davantage la superficie en culture éventuellement, mais en même temps, on ne veut pas déséquilibrer nos productions en faisant trop croître ce volet-là, qu’on veut garder complémentaire à nos autres activités », spécifie-t-il.

Le séchage, une étape à apprivoiser

Parmi les défis rencontrés pendant le démarrage de ce projet, il y a eu l’apprentissage des méthodes de séchage des plants, qui peut se faire selon différentes techniques. « Certains choisissent de faire un séchage plus naturel, avec une libre circulation de l’air. Nous, comme on avait un espace limité et qu’on voulait avoir un peu plus de prévisibilité, on a décidé d’avoir de la ventilation et un élément chauffant, qui nous permet d’abaisser le taux d’humidité relative de l’air », mentionne le producteur maraîcher.

Le temps de séchage varie aussi d’une plante à l’autre. Les plus grosses fleurs, comme la calendule, prennent plusieurs semaines pour sécher, alors que d’autres, comme la menthe, sèchent en quelques jours. Ceci amène un autre défi pour éviter les conflits entre l’espace de séchage disponible et la planification des récoltes. La Coop a d’ailleurs investi pour construire un autre séchoir cette année afin d’avoir plus de latitude sur ce plan.