Pommes 18 septembre 2024

Les producteurs acceptent des prix réduits pour passer toutes les pommes

La récolte de pommes s’annonce si abondante cette saison que les producteurs ont accepté une réduction de 3 $ le minot sur le prix qu’ils obtiendront des emballeurs par rapport à l’an dernier, dans les variétés traditionnelles. Ils espèrent, par cette entente conclue à la mi-août, se donner plus de chances d’écouler tous leurs fruits.

« On prévoit la meilleure récolte des 15 dernières années », affirme le président des Producteurs de pommes du Québec, Éric Rochon. Avant chaque début de saison, les pomiculteurs et les emballeurs, qui sont liés par une convention de mise en marché, s’entendent sur les prix de la prochaine année, en fonction du contexte de marché. Alors que les producteurs ont reçu 21 $ le minot l’an dernier dans les variétés traditionnelles, ils auront droit à 18 $ le minot, cette année.

« Je pense que c’est correct de baisser les prix parce qu’on veut vraiment toutes les vendre sur les bons marchés et en envoyer le moins possible à la transformation, à moindre prix », explique M. Rochon.

Il en reviendra maintenant aux grandes chaînes, dit-il, d’appliquer les bonnes promotions au bon moment pour bien écouler les pommes. Surtout que l’Ontario aura aussi une grosse récolte et n’aura pas besoin de fruits du Québec pour combler un manque, anticipe le producteur. Les chaînes qui ont des magasins là-bas ne pourront donc pas y envoyer de surplus du Québec, comme ça s’est déjà vu par les années passées. 

Ce sera aux emballeurs, maintenant, d’être capables de les vendre. Les chaînes ont reçu le message qu’on va avoir beaucoup de pommes. Là, tout va dépendre des spéciaux.

Éric Rochon, président des Producteurs de pommes du Québec

À la Maison de la pomme, l’un des plus importants emballeurs du Québec, Jonathan Rodrigue confirme qu’il est difficile, à l’heure actuelle, de vendre toutes les pommes. « Oui, il y a eu une baisse, mais le prix est assez haut, quand même. On ne peut pas s’endormir et les vendre dans trois mois. Il va falloir être agressifs pour pouvoir toutes les passer », dit celui dont l’entreprise se situe à Frelighsburg, en Estrie. « Moi, je n’en ai pas refusé ou dévié [de volumes] vers la transformation, mais j’entends que d’autres emballeurs ont eu à le faire. »

« Une année légendaire »

Selon Jonathan Rodrique, qui est aussi producteur de pommes, l’année 2024 en sera une exceptionnelle, du point de vue tant de la quantité que de la qualité. Un avis que partage sa consœur Chloé Boileau, des vergers Jean-Yves Boileau et Fils, à Havelock en Montérégie. « On amorce une saison des pommes légendaire », affirme celle dont l’entreprise porte à la fois le chapeau de producteur et d’emballeur. 

« En tant qu’emballeur, on voit la qualité exceptionnelle des pommes qu’on reçoit. L’an dernier, il y a eu des producteurs qui avaient été touchés par le gel, en mai. Ç’avait affecté la qualité des fruits, mais cette année, il n’y a pratiquement pas eu d’intempéries, à peu près pas de dégâts de gel », souligne celle qui fait notamment affaire avec des vergers de Dunham, de Rougemont et de Saint-Paul-d’Abbotsford.  

Selon Éric Rochon, qui est producteur à Mirabel, dans les Laurentides, toutes les conditions ont été favorables à une abondance et une qualité des fruits. « On a eu un hiver très clément pour nos arbres, une belle floraison, une généreuse pollinisation – plus que la normale –, un printemps exceptionnel, qui a été chaud et pas trop pluvieux », énumère-t-il. « Oui, il a beaucoup plu cet été, mais les arbres s’en sont bien tirés. » 

À Compton, en Estrie, David Lafond raconte que son verger a été très touché par le gel l’an dernier, ce qui semble avoir propulsé ses rendements, cette année. Photo : Gracieuseté du Verger Lapommalbonne

Des récoltes généreuses après une année de gel

À Compton, en Estrie, David Lafond fait partie des producteurs qui avaient été affectés par le gel l’an dernier, ce qui semble avoir propulsé ses rendements, cette année. « Quand on a 50 % d’une récolte normale, on dirait que l’année d’après, les arbres ont plein d’énergie et veulent en donner plus », observe le propriétaire du Verger La Pommalbonne. 

Si son verger, qui mise surtout sur l’autocueillette et la vente de fruits frais en boutique, profite d’un bon achalandage jusqu’ici, le pomiculteur s’attend à ce que la clientèle soit de plus en plus nombreuse, au cours des prochaines fins de semaine.