Chronique CQPF 12 septembre 2024

Les facteurs gagnants pour le sursemis d’une légumineuse dans une prairie de graminée

La disparition des légumineuses dans les pâturages peut être expliquée par différents facteurs affectant leur survie. Est-ce qu’il serait possible de ressemer des légumineuses afin d’allonger la vie des pâturages et d’en augmenter la productivité? Pour répondre à cette question, un essai a été mené de 2018 à 2023 à la ferme expérimentale de Normandin (Québec), afin d’identifier les facteurs associés à la réimplantation et au maintien d’au moins 30 % de légumineuses dans les mélanges fourragers. Les différents traitements comprenaient : les méthodes de semis (semis sur sol gelé et semis direct), la fertilisation azotée et soufrée (témoin, sans fertilisation), le sulfate de potassium ou le sulfate d’ammonium (48 kg/ha S) et 40 kg/ha d’azote + sulfate de potassium (48 kg/ha S), ainsi que trois espèces de légumineuses (luzerne, lotier, trèfle rouge). Le semis a été fait dans un champ de fétuque élevée coupée tard à l’automne précédant le semis, afin de s’assurer d’avoir une végétation rase au printemps suivant. La première coupe suivant le semis en 2019 a été faite lorsque les plants avaient 15 cm de hauteur, afin de diminuer la compétition entre la fétuque élevée et les légumineuses semées. Par la suite, des coupes fréquentes – lorsque les plantes avaient 25-30 cm de hauteur – ont été faites de 2019 à 2022 pour simuler un pâturage. 

Les résultats obtenus ont démontré que le semis sur sol gelé était aussi efficace que le semis direct pour l’établissement des légumineuses dans une prairie de graminée, et la méthode de semis n’avait aucune incidence sur les rendements fourragers annuels. 

La fertilisation en azote et en soufre a augmenté considérablement les rendements saisonniers de 44 % (2020), de 109 % (2021) et de 69 % (2022) comparativement au témoin sans fertilisation. Cependant, les rendements moyens saisonniers n’étaient pas différents entre le sulfate de potassium, avec ou sans azote, et le sulfate d’ammonium. La différence majeure dans l’ajout d’une fertilisation azotée et de sulfate de potassium (sans azote) réside dans la proportion de légumineuses observée dans le mélange. En effet, le sulfate de potassium sans azote a permis d’augmenter la proportion de légumineuses contribuant au rendement à près de 50 % alors qu’elle était en moyenne de 33 % avec la fertilisation azotée en 2022.

Enfin, le trèfle rouge est l’espèce qui s’est le mieux implantée à Normandin puisque sa proportion moyenne dans le mélange était considérablement plus élevée (44 %) que les proportions de luzerne (27 %) et de lotier (24 %). 

En conclusion, cet essai a su démontrer que la réimplantation d’une légumineuse dans un champ de graminées était possible et que le semis sur sol gelé pourrait être un choix intéressant. Une fertilisation en azote et en soufre permet d’avoir une meilleure productivité, mais la proportion de légumineuses dans le mélange était plus élevée avec une fertilisation soufrée.