Partenaire de La Terre 11 septembre 2024

Ana Maria Martin : portée par la passion

Ceci est un contenu partenaire fourni par L’Union des producteurs agricoles

Née à Pampelune en Espagne, une municipalité de 200 000 habitants, Ana Maria Martin est portée par la passion qui caractérise cet endroit, car Pampelune est le théâtre de la fameuse course des taureaux qui souligne la fête de San Fermín. Notre productrice est dotée de la force, du courage et de la détermination de sa terre natale, des qualités qu’elle utilise ici pour défendre l’agriculture, pour dénoncer les injustices et construire un avenir meilleur.

C’est à l’invitation de son oncle, propriétaire d’un restaurant aux Méchins, dans le Bas-Saint-Laurent, aux portes de la Gaspésie, que la jeune Ana Maria, âgée de 3 ans et demi, et sa maman viendront s’installer au Québec. À ses 6 ans, elles déménagent toutes deux à Laval, une ville qu’elle ne quittera qu’après avoir rencontré celui avec qui elle fondera une famille et aura une vie bien remplie! Cet homme, c’est Michel Lord, un producteur laitier d’Henryville, vivement intéressé à prendre la relève de la ferme familiale. Le couple, qui est ensemble depuis 30 ans déjà, a eu quatre garçons, dont deux veulent devenir la 5e génération à exploiter la ferme familiale.

Au début, Ana Maria vient rejoindre Michel à la ferme tous les week-ends malgré la centaine de kilomètres qui séparent Laval et Henryville. Elle participe à toutes les tâches et s’intéresse à tout. La semaine, elle poursuit sa formation dans le domaine de la petite enfance. Diplôme en poche, Ana Maria décroche un emploi dans un CPE à Saint-Jean-sur-Richelieu et le couple s’installe non loin au village, ce qui permet à Michel de se rendre à la ferme tous les jours alors qu’Ana Maria l’y rejoint… après le boulot!

À la naissance de leur 4e enfant, Ana Maria décide de quitter son emploi pour se consacrer entièrement à sa nouvelle passion. Elle participe notamment à l’amélioration du cheptel et des infrastructures. C’est alors qu’elle prend connaissance des injustices et des problèmes rencontrés en agriculture. « J’ai appris qu’il y avait des réunions où on pouvait en apprendre plus et être entendus, là où on avait un droit de parole pour exprimer nos craintes, nos problèmes, nos interrogations. J’y suis allée, même si je n’étais pas actionnaire de la ferme. J’allais écouter ce qui se disait, puis, un jour, je suis allée au micro. C’est là qu’en 2018, un membre m’a remarqué et m’a parlé d’un poste à combler au syndicat local. L’idée de pouvoir agir et faire la différence m’a plu. Je me suis donc fait élire comme administratrice au syndicat local du Haut-Richelieu pour le secteur d’Henryville. Je suis devenue la vice-présidente de ce syndicat local depuis 2022 », dit-elle, comblée.

Même si elle qualifie son engagement de « tout à fait naturel », elle ne s’est pas limitée au syndical local. En tant que productrice laitière, elle voulait aussi s’impliquer pour sa production et devient administratrice des Producteurs de lait de la Montérégie-Ouest en 2020. Elle est élue vice-présidente en 2023, puis présidente en février dernier. Toujours avec la verve solide et ferme qui la caractérise, elle représente fièrement ses pairs dans les rencontres régionales, provinciales et nationales.

Être au centre des discussions pour faire avancer les demandes, les négociations sur la rémunération ou les conditions de pratique, les politiques, ou pour apporter les suggestions provenant des autres producteurs, m’apporte beaucoup. J’aime savoir que je peux contribuer à faire avancer les dossiers, même s’ils ne me touchent pas du tout. Je mets autant de passion sur les dossiers qui me touchent que sur ceux qui n’ont rien à voir avec ma pratique agricole.

Ana Maria Martin

À toutes les personnes qui hésitent encore à assister à une rencontre, elle aimerait dire : « On fait tous le même métier; on a sensiblement les mêmes problèmes. On a tous quelque chose à dire et à apporter. On peut tous faire la différence à notre façon. Il suffit de pousser la porte et entrer. Chose certaine, vous serez bien accueillis. » Et sans hésiter, elle ajoute : « Faut pas rester seul dans son coin ou attendre d’avoir étiré l’élastique jusqu’à ce qu’il casse. »

Cet ajout fait référence à son implication dans une autre cause qui lui tient réellement à coeur, la santé mentale des agriculteurs, et ce, à l’invitation de la fédération régionale, qui souhaitait qu’une personne par syndicat local s’implique dans le dossier de la santé mentale et, par la bande, auprès de l’organisme

Au coeur des familles agricoles (ACFA). Elle y a retrouvé plusieurs similitudes avec sa formation en petite enfance où elle avait étudié le fonctionnement émotionnel et la relation d’aide. Ana Maria s’implique dans les activités de collecte de fonds de l’ACFA afin de soutenir la mission essentielle accomplie par les travailleurs de rang avec les producteurs et productrices agricoles. « Malheureusement, la santé mentale est encore un gros tabou pour plusieurs. Il y a tellement à faire de ce côté. »

La passion qui l’anime rejaillit-elle sur sa vie familiale? « Absolument; on est tous aussi passionnés dans la famille. Autour de la table au souper, les discussions sont nombreuses et animées. Mon fils Miguel (22 ans) est impliqué à la FRAQ, notamment à l’Association de la relève agricole de Saint-Hyacinthe (ARASH) et à la Relève agricole de Missisquoi-Iberville (RAMI), et mon plus jeune, Rafael (13 ans), est conseiller junior à la municipalité. Enzo (17 ans), quant à lui, étudie à l’école d’agriculture de Saint-Romain. Et le 4e enfant? Ana Maria nous parle avec émotion d’Antoine, qui a 20 ans et qui est

multi-handicapé. « Il ne sera jamais autonome. Il m’a fallu être très organisée pour réussir à faire tout ce que je voulais faire. Et je n’ai jamais baissé les bras », nous a-t-elle confié.

Ana Maria peut être fière de ses accomplissements. Elle souhaite vivement qu’un jour, un gouvernement place l’agriculture comme véritable priorité nationale et reconnaisse son apport à l’économie. Ce faisant, ce sera à ce moment que de vrais outils seront mis en place pour reconnaître l’expertise et le professionnalisme de celles et ceux qui nourrissent la population trois fois par jour.


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