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Les cicadelles qui envahissent de plus en plus le Canada n’ont qu’à bien se tenir. Le professeur Edel Pérez-Lopez, professeur à la Faculté des sciences, de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, vient de se voir confier un budget de 7 M$ pour élargir à l’échelle du pays la recherche qu’il a amorcée au Québec en 2021. Obtenu dans le cadre du projet interuniversitaire LeafHope, cet apport financier permettra notamment de faire passer cette recherche, qui vise à réduire l’utilisation d’insecticides de synthèse, de 15 à 140 fermes partenaires.
Provenant du Mexique et des États-Unis, les cicadelles ont proliféré avec les changements climatiques et s’attaquent à plusieurs cultures, particulièrement aux fraises, aux bleuets et au canola, qui font l’objet de la recherche. « Ces cultures représentent une valeur annuelle de 31 G$ et dépendent fortement des insecticides », précise M. Pérez-Lopez.
Daniel Pouliot, producteur de fraises et de framboises à l’île d’Orléans et partenaire de la recherche, peut témoigner de la menace grandissante de la cicadelle.
Les cicadelles modifient systématiquement l’allure des feuilles des plants de fraises, qui jaunissent quand elles prolifèrent. Elles peuvent également transmettre des microbes et des virus, ce qui pose un réel problème. « Je ne sais pas dans quelle mesure le jaunissement des feuilles affecte la productivité des plants. Par contre, lorsque les plants ont un virus, cela les rend chétifs et ça affecte grandement la production. On a eu des virus les trois dernières années à la ferme », explique M. Pouliot, en précisant qu’il n’y en a toutefois pas eu en 2024.
La recherche de l’Université Laval consiste, dans un premier temps, à identifier l’espèce de cicadelle la plus présente à l’échelle du pays, et ce, dans les trois cultures étudiées. Le microbiote de ces cicadelles sera ensuite examiné. « Nous voulons modifier son microbiome pour éradiquer l’insecte, rapporte Edel Pérez-Lopez. On évalue aussi la possibilité d’intervenir sur la reproduction, en changeant le genre des insectes, par exemple en les rendant tous femelles. »
Le chercheur compte en outre analyser les pratiques agricoles actuelles, afin de réduire l’application des insecticides au maximum. « Nous allons installer des senseurs dans les champs, pour mesurer l’impact des différentes pratiques d’application, que ce soit le moment dans la journée, la température extérieure, les précipitations, etc. Grâce à ce nouveau financement, nous allons pouvoir utiliser l’intelligence artificielle pour déterminer les pratiques qui ont le meilleur impact. Je pense qu’on peut réduire jusqu’aux trois quarts la quantité d’insecticides utilisés. »
L’équipe étudiera aussi l’effet des différents autres éléments extérieurs, comme la production en régie biologique et la rotation des cultures. « Nous avons besoin d’une approche multidisciplinaire », insiste le chercheur.