Plantes fourragères 3 septembre 2024

Panic érigé : des options intéressantes pour les agriculteurs


Le panic érigé (Panicum virgatum L.), une graminée herbacée pérenne, est connu pour son rendement élevé de 6 à 12 tonnes ha−1 an−1 et sa longévité de production de plus de 15 ans. Résistant à la sécheresse et possédant des racines profondes lui permettant de stocker le carbone, il représente une option prometteuse pour les agriculteurs confrontés aux changements climatiques, que ce soit en protégeant leurs terres contre l’érosion éolienne et hydrique, ou en diversifiant leurs sources de biomasse pour être autonomes en paille.

Cet article vous présente les témoignages de différents agriculteurs québécois qui ont découvert les avantages de la paille de panic érigé par rapport à celle de céréales, tant en production animale qu’en production végétale. 

Fourrage d’appoint pour les vaches laitières

La paille du panic érigé récoltée au printemps présente les caractéristiques nécessaires pour être ajoutée dans une ration totale mélangée (RTM) pour des vaches laitières. Riche en fibres, elle présente une teneur en potassium 10 fois inférieure à celle de la paille de céréales. De plus, elle possède une faible teneur en nutriments et en humidité (< 10 %). Selon les chercheurs de l’Université de Guelph, l’ajout de la paille de panic érigé dans la RTM des vaches permet de réduire les risques de mastite et d’éviter les surpoids des animaux, en plus d’améliorer la rumination et d’augmenter le taux de matières grasses du lait (Carpenter, 2017).

Conformément aux directives générales concernant les rations alimentaires, il est recommandé d’ajouter jusqu’à 1 kg par jour dans la RTM des vaches laitières, tandis que pour les vaches taries, la quantité de panic érigé ajoutée peut aller jusqu’à 5 kg par jour (Samson et coll., 2016; Carpenter, 2017).

Michael Breault, éleveur de vaches laitières (Ferme Breault et Frères), ajoute la paille de panic érigé à la ration de ses vaches depuis une dizaine d’années. Il a noté que la qualité du fourrage est constante et que l’absence de toxines est un avantage notable par rapport à la paille de céréales.

En outre, la biomasse de panic érigé récoltée au stade montaison possède une quantité de protéine presque trois fois plus élevée que d’autres graminées. Ainsi, le panic érigé constitue une excellente solution de rechange au foin d’urgence. 

Litière pour les animaux d’élevage

La paille de panic érigé se distingue par un taux d’absorption élevé des déjections animales, ce qui en fait une bonne litière pour différents types d’animaux d’élevage, tels que la volaille, les bovins, les ovins et les porcs. « Elle ne compacte pas aussi rapidement que la paille de céréales, permettant ainsi une évaporation efficace de l’ammoniac », témoigne Claude Lapointe, producteur de panic érigé et éleveur de vaches à la Ferme Delapointe. De plus, la paille de panic érigé a une teneur en azote deux fois moins élevée que celle de blé, ce qui contribue à réduire le développement des bactéries pathogènes dans la litière et en fait un choix plus hygiénique pour les animaux d’élevage (Samson et collab., 2018). 

Un autre avantage de la paille de panic érigé, souligne Frédérik Amesse, éleveur de vaches laitières à la Ferme N. C. Amesse, est l’absence de graines, contrairement à celles d’avoine ou d’orge. Cette caractéristique fait que la paille de panic érigé n’attire pas la vermine, permettant aux producteurs de bénéficier d’un entreposage de meilleure qualité.

La paille de panic érigé contient moins de semences de mauvaises herbes, et n’est pas traitée avec des fongicides ou des herbicides, contrairement à la paille conventionnelle. Photo : Julie Drouin

Paillis dans la production horticole 

Les producteurs confirment plusieurs avantages de la paille de panic érigé par rapport à la paille de céréales lorsqu’elle est utilisée comme paillis dans la production horticole. « Puisqu’elle ne contient pas de grains, la paille de panic érigé n’attire pas les dindes sauvages », témoigne la productrice de fraises Julie Drouin, de la Vallée des grands potagers. « De plus, elle contient moins de semences de mauvaises herbes, réduisant leur prévalence, et n’est pas traitée avec des fongicides ou des herbicides, contrairement à la paille conventionnelle. » En outre, « la paille de panic érigé assure une bonne protection hivernale contre le froid et le gel. Elle réduit également l’évapotranspiration et l’érosion dans l’entre-rang », remarque Alexandre Sauvé (Ferme Hubert Sauvé), producteur de fraises. 

En conclusion, le panic érigé offre plusieurs options aux agriculteurs, leur permettant d’être autosuffisants en paille qui peut être utilisée comme fourrage d’appoint, litière ou paillis. De plus, en optant pour cette plante résiliente, les producteurs peuvent contribuer à la lutte contre les changements climatiques tout en améliorant leur productivité et leur durabilité.  

Ces témoignages ont été recueillis dans le cadre des projets réalisés par le Réseau des plantes bio-industrielles du Québec (RPBQ).