Économie 30 août 2024

Une productrice excédée par les « lourdeurs administratives » de la FADQ

Après avoir subi d’importantes pertes dans ses champs d’orge brassicole ce printemps, une productrice de céréales en régie biologique se dit excédée par la lourdeur administrative pour obtenir une compensation auprès de La Financière agricole du Québec (FADQ).

Heidi Asnong, copropriétaire de la Ferme Asnong, à Pike River, en Estrie, a perdu un champ de 18 hectares d’orge brassicole ainsi que dix hectares de blé en raison de coups d’eau successifs qui ont nui au démarrage des semences ce printemps.

Grosso modo, nous avons détruit 50 % de nos céréales de printemps et nous nous attendons à des pertes de rendements importantes pour les cultures qui n’ont pas déclenché pour le seuil d’abandon, sans compter les mauvaises herbes qui ont pris le dessus et qui seront une problématique supplémentaire à gérer l’année prochaine en régie bio.

Heidi Asnong, copropriétaire de la Ferme Asnong

L’entreprise est assurée pour sa production. Or, plusieurs choses dans le système actuel irritent la productrice, à commencer par le délai entre le moment où elle a déclaré les pertes et celui où le conseiller de la FADQ est venu constater les dégâts sur le terrain. « On les a avisés le 23 avril et ils sont venus le 15 mai, mais nous, il faut qu’on se revire de bord et qu’on prenne d’autres décisions. On ne pouvait rien faire entre-temps », se désole-t-elle.

Le paiement de la compensation de 4 250 $ pour leurs pertes a finalement été reçu le 3 juin. « Bizarrement, c’est arrivé au même moment où on devait payer une cotisation de 3 750 $ qui a été prélevée sur ce montant. Juste en trois mois, on a reçu treize documents différents [fiches explicatives, remboursements, avis de cotisations]. C’est vraiment difficile de savoir où on en est quant au solde qui reste à payer d’un programme à l’autre [assurance récolte, assurance stabilisation des revenus et Agri-stabilité], car ils sont tous interreliés, et on perd le fil. C’est la maison des fous tellement il y a de lourdeurs administratives, et ça nous pénalise énormément dans la gestion de nos liquidités », estime la productrice.

Elle déplore aussi des « incohérences » dans les programmes, notamment concernant la manière de calculer la couverture d’assurance en tenant compte de l’historique des rendements de la ferme des cinq dernières années. Une méthode qui est mal adaptée à la nouvelle réalité des changements climatiques, selon elle, puisque les années de catastrophes font baisser ces rendements, mais ne sont pas représentatives de ce que l’entreprise peut vraiment produire.

Une réforme en cours

De son côté, la FADQ indique que des travaux de révision sont en cours pour revoir en profondeur les programmes et le processus opérationnel, notamment pour les simplifier et les adapter davantage aux changements climatiques.

Ces travaux se font en concertation avec la clientèle et les représentants des producteurs.

Marie-Chantal Boutin, conseillère en communication à la FADQ

L’annonce d’une nouvelle version du programme est prévue au cours de l’année 2025.

Quant au délai dénoncé par la productrice, Mme Boutin précise que celui-ci peut varier selon la culture, la protection et la cause du dommage. « Dans un deuxième temps, la FADQ doit faire le traitement du dossier pour évaluer l’indemnité et effectuer le paiement, s’il y a lieu. Compte tenu des caractéristiques de chaque culture, le délai de traitement est variable puisque les informations requises au traitement peuvent varier », ajoute-t-elle.

Mme Asnong, quant à elle, estime que ce délai a été excessif et a causé préjudice à sa famille. Elle a même déposé une plainte au Protecteur du citoyen à cet égard, afin qu’il y ait enquête.