Événement 29 août 2024

Un tracteur en mémoire de Jean-Paul à Expo-Champs

SAINT-LIBOIRE – Parmi les équipements dernier cri de l’édition 2024 d’Expo-Champs, le rugissement d’un vieux tracteur de marque MRS, construit en 1956 et doté de 350 chevaux sous le capot, a piqué la curiosité des nombreux agriculteurs rassemblés pour le regarder tracter un outil qui décompactait profondément le sol d’une parcelle de démonstration.

« C’est en l’honneur de Jean-Paul Palardy, l’un de mes premiers clients, un producteur de bovins, décédé en 2022 », explique Marcel Dépault, propriétaire de Machinerie DM. Ce dernier raconte que M. Palardy a acheté à l’époque ce tracteur MRS dans l’Ouest canadien. Il l’a ensuite entretenu et amélioré, pour notamment faire passer sa puissance de 150 à 350 chevaux. « La succession a fait encan en juin dernier et j’ai acheté le tracteur de Jean-Paul pour garder la mémoire de tout le travail qu’il a fait dessus », a dit M. Dépault, qui s’en sert maintenant pour effectuer les démonstrations de l’un de ses outils de décompaction des sols, nommé DM-Air. Il assure que le positionnement des barres de tir, l’empattement et le balancement du poids de ce tracteur à deux roues motrices offrent plus de traction qu’un tracteur à quatre roues motrices moderne de puissance similaire.

Un quart de siècle

Ce clin d’œil du passé s’imbrique aussi dans les célébrations entourant les 25 ans d’Expo-Champs. « Je suis dans les premiers exposants, mentionne M. Dépault. Ç’a commencé à Saint-Hyacinthe, en s’appelant Journées de champs. Ensuite, l’exposition a déménagé à Saint-Liboire. Ça fait des années que je fais des démonstrations ici et c’est le seul salon que je fais maintenant, car on peut montrer aux gens comment les machines travaillent [la terre] », affirme-t-il.  

Après 25 ans, est-ce qu’il note un changement chez les visiteurs d’Expo-Champs ?

C’est le même type de clientèle, à la différence que la nouvelle génération qui a pris la place, elle a une façon différente de penser. Elle est plus technique et s’informe plus. Avant, les gens utilisaient une machine sans trop se poser de questions. La compaction, ce n’était pas grave. Maintenant, ils comprennent qu’il faut mieux travailler le sol, moins le lisser et moins le gratter.

Marcel Dépault

Rencontré un peu plus loin, un autre habitué, Charles Gauvin, de Financement agricole Canada (FAC), mentionne que son organisation s’implique à titre de partenaire de l’événement depuis 20ans. « Là-dedans, il y a eu de bonnes années et des moins bonnes, côté économie et côté agriculture, mais jamais on a remis notre implication en jeu dans Expo-Champs, assure-t-il. C’est important qu’on soit ici pour prendre le pouls de nos clients, mais aussi des différents intervenants, les distributeurs d’équipement, d’engrais, de semences, etc. C’est une grande communauté, l’agriculture, et Expo-Champs, c’est comme une grande rentrée avant les récoltes. »

Plusieurs représentants de compagnies ont cependant indiqué à La Terre que les coûts ont augmenté en frais de kiosque, en transport de machinerie et en main-d’œuvre, ce qui, d’une année à l’autre, remet en jeu leur participation à l’événement. Surtout que le Web permet maintenant de rejoindre leurs consommateurs, arguent-ils. Ce n’est toutefois pas l’avis d’Andrew Mutsaers, venu de l’Ontario pour répondre aux questions des visiteurs au kiosque de l’équipementier Unverferth. « On a essayé les salons virtuels dans le COVID, et ça nous a montré qu’Internet, c’est bien, mais les gens ont besoin de toucher l’équipement et de voir leur taille réelle. Même ceux qui achètent de plus petits modèles, ils aiment voir ce que les plus grosses fermes utilisent. C’est pour ça qu’on fait Expo-Champs pour l’est du Canada et qu’on est investis dans d’autres salons. »

Nathalie Garcia a expliqué aux agriculteurs et agricultrices qu’ils disposent d’un réseau d’aide psychosociale par le biais d’Au cœur des familles agricoles (ACFA). Les profits de la vente de certains cafés et sandwichs à la crème glacée lors d’Expo-Champs allaient à ACFA. 

Le directeur de l’événement, David Messier, se dit satisfait de la présence des quelque 297 exposants, et surtout, de la qualité des kiosques. « Il y a des aménagements de kiosque impressionnants. Tu sens qu’ils ont mis une touche supplémentaire, cette année, pour se démarquer », mentionne-t-il.

Les chiffres finaux de l’assistance n’étaient pas connus au moment de mettre le journal sous presse, le 29 août. Ces dernières années, les chiffres officiels divulgués par les organisateurs ont cependant laissé des gens pantois, des exposants notamment, qui jugent l’achalandage réel bien moindre. Questionné à ce sujet, le directeur indique que les chiffres officiels reflètent le décompte de tous les billets numérisés durant l’événement, ce qui inclut ceux des visiteurs, mais aussi des exposants et de leurs clients chaque fois qu’ils entrent sur le site.