Ma famille agricole 27 août 2024

Une relève pleine d’espoir


SAINTE-MARIE-DE-BLANDFORD – La pandémie (encore elle!) a eu raison des aspirations de la famille Desrochers à moderniser et à agrandir les installations de sa petite ferme laitière de la route des Blés-d’Or, à Sainte-Marie-de-Blandford, dans le Centre-du-Québec. Elle n’a toutefois pas eu raison de la détermination de Christian et Nicolas, deux des trois fils d’Yves Desrochers, à poursuivre leurs activités en agriculture.

Il y a cinq ans, le projet d’agrandissement et de modernisation de la Ferme Germo, avec l’installation d’un robot de traite, était en gestation. Rien n’était encore officiel, mais les démarches étaient lancées. C’est alors que la COVID-19 est venue tout chambouler et les prix ont explosé.

« La valeur du projet, de 1,2 M$ au départ, a doublé avec l’explosion des coûts dans le contexte de la pandémie », explique Yves Desrochers. Arriva ce qui devait arriver : le projet a été mis sur la glace. « Il est impossible de dire quand on pourra aller de l’avant », précise le producteur laitier. 

Ça n’empêche pas la relève de croire qu’il y a encore de l’avenir en agriculture. « On aura toujours besoin de manger… même en temps de pandémie », rappelle Christian, avec toute la philosophie que lui permet la situation.  

Son frère Nicolas et lui partagent, à 25 % chacun, les titres de propriété de la ferme avec leur père. Thomas, le cadet de la fratrie, a travaillé quelques années à la ferme, mais s’en est allé. 

« Je ne me suis même pas posé la question », raconte Nicolas. « J’ai toujours suivi notre père. C’est comme ça que j’ai appris à aimer ce que je fais. C’était un jeu pour nous. C’était certain que je continuais à la ferme! »

Même constat pour Christian, l’aîné. « En plus, j’ai eu la chance de travailler avec mon grand-père et ma grand-mère », ajoute-t-il avec un brin de fierté.

Son père a suivi le même parcours avant lui. « De mon côté aussi,  ça allait de soi que je continuerais à la ferme », dit-il. C’était en 1983. Yves, seul garçon d’une famille de 17 enfants, est devenu l’unique candidat pour prendre la relève de la petite exploitation qui avait alors un troupeau de 35 vaches. « C’était déjà beaucoup plus que les 4 ou 5 vaches que comptait le troupeau avec 80 hectares de terre lorsque mon père a acquis la ferme de mon grand-père », raconte Yves. 

Aujourd’hui, les Desrochers élèvent un troupeau d’environ 120 vaches, incluant la relève. Ils exploitent également un petit poulailler et possèdent des terres d’une superficie de presque 400 hectares. La moitié de cette superficie est boisée avec une petite érablière, dont l’exploitation a été interrompue, il y a près de 10 ans, faute de temps. Sa relance est toutefois dans l’air.

« C’est un projet de retraite, de relancer l’érablière parce que chaque printemps, ça me manque de faire les sucres », indique Yves.

D’ici là, il poursuit son implication dans l’exploitation en alternant le travail au champ et dans l’étable pendant que Christian se concentre sur le travail à forfait, qui permet aussi de diversifier les revenus de l’entreprise, alors que Nicolas et sa conjointe, Stéphanie Desruisseaux, se chargent de la gestion du troupeau. 

Les deux familles peuvent aussi compter sur l’implication grandissante de la génération montante. « Nos enfants grandissent et je crois qu’ils prennent plaisir à s’impliquer dans les travaux de la ferme », soutient Christian.  

C’est certain qu’en voyant que les enfants suivent nos pas, on se pose toujours la question : “Est-ce que j’ai bien fait de les entraîner dans ça?”

Yves Desrochers
Le trio formé de Nicolas, Yves et Christian représente les troisième et quatrième générations à la ferme de Sainte-Marie-de-Blandford.

Engagement communautaire

Les Desrochers ne font pas qu’exploiter une ferme dans une petite communauté rurale du Centre-du-Québec. Père et fils partagent aussi un autre intérêt, celui de s’impliquer dans leur communauté. « C’est important de s’impliquer », avance Yves. « C’est notre façon de contribuer à garder vivantes et dynamiques nos communautés rurales. » Ainsi donc, Yves et Christian siègent, depuis plus de 15 ans, au conseil municipal de la petite localité d’un peu plus de 460 habitants. Tous deux ainsi que Nicolas sont également pompiers volontaires au sein de la régie d’incendie de la MRC de Bécancour. « Quand on s’implique, on sent bien que les gens l’apprécient », fait valoir Nicolas.  

À une échelle humaine

Une préoccupation conditionne la réflexion des trois dirigeants sur l’avenir de l’entreprise. « C’est certain qu’on veut la développer, dit Nicolas Desrochers. Mais on ne veut pas nécessairement bâtir une exploitation hors normes. On voudrait vraiment garder notre entreprise à dimension humaine. » Son frère rappelle l’importance de viser la performance. « Notre objectif est de faire mieux avant de faire plus! » Malgré que leur projet d’agrandissement et de modernisation ait été contrecarré, les Desrochers maintiennent tout de même leur programme d’investissements. Le plus récent est l’achat d’une fourragère. « Ça reste important d’apporter des améliorations dans l’entreprise parce que la relève voit qu’il y a de l’avenir et qu’on croit dans le potentiel de notre entreprise », indique Christian.

Stéphanie Desruisseaux, la conjointe de Nicolas, est l’employée de l’entreprise, chargée de la gestion du troupeau laitier et aussi du poulailler.

Le bon coup de l’entreprise

En 2019, la famille Desrochers a acquis un poulailler et une terre de 14 hectares, situés à une dizaine de kilomètres de la ferme familiale. « On peut vraiment parler d’un bon coup parce que ça nous permet de diversifier nos activités », explique Nicolas Desrochers alors qu’il effectue la visite quotidienne des lieux avec sa conjointe, Stéphanie Desruisseaux. La petite installation sert à la production à forfait de 80 000 poulets à griller casher par année. « Il a fallu s’adapter à une nouvelle production », précise-t-il. « La charge de travail n’est pas excessive puisque toutes les installations sont automatisées. »   

Stéphanie et Nicolas effectuent la tournée quotidienne d’entretien du poulailler.
Fiche technique
Nom de la ferme :

Ferme Germo

Spécialités :

Production laitière et avicole

Année de fondation :

Autour de 1920

Noms des propriétaires :

Yves, Christian et Nicolas Desrochers

Nombre de générations :

4

Superficie en culture :

200 ha (maïs, soya, céréales, foin) et 200 ha de boisé

Cheptel :

120 vaches pour un quota de 60 kilos et un poulailler d’une capacité de 10 000 poulets

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