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Munis de leur invention sous abri, des producteurs de Lac-des-Écorces, dans les Hautes-Laurentides, parviennent à récolter leurs fraises sans trop de dégâts, même lorsque surviennent des épisodes de pluie diluvienne.
« C’est sûr que c’est très mouillé, mais tout roule à plein régime », a assuré Jérémie Pitre, lorsque La Terre l’a contacté, le 19 août. La veille, son secteur aurait reçu encore plus de pluie que lors du passage des restes de Debby, la semaine précédente. Les intempéries, en revanche, n’ont pas interrompu les récoltes des Entreprises Pitre, qui se sont poursuivies sous la pluie battante.
C’est que les travailleurs, en groupes de 54, récoltent les fraises sous un immense abri accroché à une plateforme sur roues, qui est tirée par un tracteur. Pendant que des employés cueillent les fruits dans le champ, d’autres s’occupent de la gestion de boîtes.
« Les gars suivent la machine en dessous du toit pour cueillir les fruits qu’ils mettent dans des boîtes. Les boîtes ne traînent pas dans les rangs, parce qu’elles sont sur des rampes [accrochées à la plateforme]. Des employés ramènent les boîtes pleines et les remplacent par des boîtes vides », décrit le copropriétaire de la ferme, qui dispose de cinq machines de ce type.
« On a fait tout le week-end à la pluie. C’est mieux de maganer un peu les rangs que de maganer nos fruits », estime le producteur. Il est préférable, selon lui, de cueillir les fraises rapidement, au fur et à mesure, que de les laisser pourrir au champ pendant des jours, même si le passage de la machine abîme les rangs.
Tout un système résilient aux excès d’eau
Après un été 2023 marqué par les excès d’eau, plusieurs petits ajustements ont été faits aux Entreprises Pitre, de sorte que les 150 hectares de fraises que la ferme cultive sont plus résilients aux précipitations. Les plants, explique Jérémie Pitre, poussent sur de très hautes buttes de terre en rangs et donc baignent moins dans l’eau, après de fortes pluies.
« Les buttes sont plus hautes pour que les fruits trempent moins dans l’humidité et qu’il y ait un plus haut dégagement, plus d’aération. Ça fait qu’on a moins de maladies et de dommages dus aux pluies. Tous nos terrains aussi sont préparés en pente avec certaines inclinaisons pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’accumulation d’eau dans les champs. »
Depuis plusieurs années, la ferme teste et développe aussi des variétés de plus en plus résistantes à la pluie et aux intempéries.
« Il y a plein de petits détails qui font qu’on est capables de cueillir avec moins de dommages. On essaie de s’adapter aux changements climatiques, affirme l’agriculteur. Il n’y a rien de parfait, parce que ça reste de l’agriculture, mais je pense qu’il faut pousser là-dedans. »
13 hectares sous tunnels
La culture de fraises hors sol sous tunnel est une autre stratégie sur laquelle les Pitre souhaitent miser dans une optique d’adaptation aux changements climatiques. À leur ferme, des fraises sont actuellement produites de cette façon sur 13 hectares. « Les fraises sont suspendues à trois ou quatre pieds dans les airs et un grand tunnel recouvre huit rangs. Donc, elles ne sont pas exposées aux intempéries, il ne mouille jamais dessus et tout est contrôlé par du goutte-à-goutte », explique l’agriculteur, selon qui cette technique représente plus que jamais l’avenir de la production de petits fruits.
Des épisodes de pluie qui commencent à être dommageables
Après les pluies diluviennes laissées par la queue de l’ouragan Debby, le 9 août, certaines régions du Québec ont reçu d’autres précipitations importantes la fin de semaine suivante, ce qui pourrait faire mal à des maraîchers. « Les échos qu’on a, c’est que ça commence à être difficile. Pour plusieurs producteurs, les pertes dans les derniers jours ont été plus grandes. La grosse crainte, ce sont les maladies et la qualité des produits. On est en train d’analyser ça », a affirmé le directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, Patrice Léger-Bourgoin, le 20 août. À ce moment, ce dernier n’était pas encore en mesure de quantifier les dommages. À Saint-Lin–Laurentides, dans Lanaudière, Jocelyn Majeaucraint déjà une autre année difficile pour la conservation des carottes. « La pourriture est prise. Ça ressemble à ce qu’on a vu l’an passé, mais c’est plus tard qu’on va vraiment le savoir, quand on va récolter », témoigne l’agriculteur.