Descendant de Jean Du Bucq, qui s’est installé à Neuville en 1668, Claude Dubuc est l’un des principaux instigateurs de l’indication géographique protégée (IGP) du maïs sucré de ce secteur.

Peu de familles agricoles au Québec peuvent s’enorgueillir d’un héritage comme celui des Dubuc, soit douze générations d’agriculteurs à Neuville. Producteurs de maïs sucré depuis maintenant quatre générations, les Dubuc produisent l’un des rares aliments qui bénéficient d’une appellation réservée au Québec. 

S’il a hérité de l’entreprise qu’il gère avec sa conjointe, Chantal Sauvageau, le reste n’est pas tombé du ciel pour Claude Dubuc. Il fait en effet partie des architectes derrière cette appellation comme fondateur de l’Association des producteurs de maïs sucré de Neuville, qui a été créée en 1997. « J’ai été administrateur de l’UPA [l’Union des producteurs agricoles], puis j’ai siégé à la table de concertation agroalimentaire, et c’est là que l’idée a germé dans mon esprit », raconte celui qui a commencé par travailler quelques années comme charpentier menuisier avant de revenir à la ferme familiale.

Il était notamment préoccupé par la prolifération des imposteurs.

 Il se vendait du maïs de Neuville dans Charlevoix avant même qu’il ait poussé chez nous. Le problème, c’est que les autres producteurs, en plus, n’ont pas les mêmes règles de conservation, et le maïs à température ambiante perd 25 % de son sucre en 24 heures. Les gens se disaient : “J’ai goûté à du maïs de Neuville et il n’est pas bon!”

Claude Dubuc

L’idée de l’association était d’ouvrir les canaux de communication, en vue d’une IGP. « Il fallait qu’on se parle, raconte Claude Dubuc. Il fallait s’entendre sur le cahier de charges, etc. Mais maintenant qu’on a l’IGP, elle n’était plus nécessaire, alors on l’a dissoute l’an dernier. »

Selon ses dires, l’IGP a été bonne pour les affaires. « Les gens sont plus éduqués qu’ils l’étaient. Ils nous posent des questions, veulent voir notre sceau. L’avantage, c’est qu’on est très inspectés. Ils viennent voir combien de semences on a plantées dans quel champ et ce qu’on a vendu », dit-il, se réjouissant de cette protection.

Pour la suite, le fils du couple, Samuel, 31 ans, est déjà à bord et s’occupe de la portion de la production laitière de la ferme.   

En bref

L’indication géographique protégée du Maïs de Neuville est reconnue par le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV) depuis 2017. Ils sont au total sept producteurs à détenir l’IGP. Ils n’utilisent que des semences non modifiées génétiquement. Les termes « maïs sucré de Neuville », « maïs de Neuville », « blé d’Inde de Neuville » et même « Neuville sweet corn » sont également protégés. Le cahier de charges précise que le maïs doit être vendu à l’intérieur de 12 heures s’il est conservé à température pièce et 48 heures s’il a séjourné en chambre froide. Il peut être récolté à la main ou de manière mécanisée. 

Les secrets d’un maïs d’exception

Qu’est-ce qui explique la réputation du maïs de Neuville? Différentes choses, selon Claude Dubuc. D’une part, les sols de la région – un loam sablonneux – sont particulièrement appropriés pour la culture du maïs. « En plus, nos terres sont en pente vers le sud, ce qui nous permet d’avoir un ensoleillement idéal, et donc d’arriver plus tôt que les autres producteurs de Québec. »

La Ferme Dubuc ne fait pas plus de deux ou trois ans en culture de maïs sur la même portion de terre, puis fait une rotation avec le foin.

Parmi ses plus anciens souvenirs, Claude Dubuc se rappelle avoir passé de longues journées en famille à compter les douzaines de maïs, récoltés à la main, une pratique qui a toujours cours. « Récolter à la main, ça permet d’avoir une meilleure qualité, dit-il. Quand on utilise de la machinerie, il faut récolter tout le champ en même temps. Mais dans les buttes, le maïs mûrit plus vite. À la main, on peut y aller par sections. »