Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Des producteurs en serre vivent une cinquième canicule depuis le mois de mai. Cela occasionne des pertes de rendement et pousse les propriétaires à revoir les façons de travailler de leur personnel.
Le président-directeur général de Cultures Gen V, Sylvain Terrault, constate que les coups de chaleur sont de plus en plus fréquents. « Il va falloir trouver des idées, mentionne-t-il. Ça fait 35 ans que je suis dans le domaine et des 40 °C dans les serres, jour après jour, on s’entend que ce n’est pas de la production normale, à moins qu’on fasse pousser des bananes. »
De telles températures occasionnent des pertes de rendement de 10 à 30 % pour les tomates, les concombres bio, les poivrons bio, les laitues et les transplants des quatre complexes de serres de Culture Gen V, situés à Sainte-Clotilde, en Montérégie, à Ham-Nord, dans le Centre-du-Québec, à Saint-Jérôme, dans les Laurentides, et à Portneuf, dans la Capitale-Nationale.
La canicule met souvent les nappes phréatiques sous pression dans plusieurs régions, précise-t-il.
Accommodements
La chaleur occasionne également de l’inconfort pour les employés. À partir d’une température de 36 °C corrigée (calculée en fonction de l’humidité, l’exposition au soleil et l’habillement du travailleur), la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) recommande de prendre des pauses de 10 minutes par heure, la durée des pauses augmentant en fonction de la température.
Sylvain Terrault a 485 employés à sa charge, répartis dans quatre complexes de serres. « On veut leur bien et on veut faire avancer nos récoltes, mais on veut qu’ils fassent leur journée aussi. Sinon, ils ne passeront pas au travers », indique ce dernier. Les employés ont la possibilité de commencer leur quart de travail plus tôt le matin, de prendre une longue pause de midi à 17 h et de recommencer de 17 h à 21 h.
La CNESST recommande également d’augmenter sa consommation d’eau en fonction de la température corrigée, en commençant avec un verre toutes les 20 minutes à partir de 30,4 °C. Pour cette raison, les équipes de Sylvain Terrault ont installé des cruches d’eau à différents endroits dans les serres.
Traitements préventifs et ombrières
Du côté de la production ornementale, à Sainte-Anne-de-Sabrevois, en Montérégie, le producteur Hervé Barjol souligne que la chaleur favorise l’apparition du pythium, un champignon responsable de la pourriture des racines des plants de poinsettias.
Des ombrières, soit des structures d’acier recouvertes de toiles, ont été installées à l’intérieur de ses serres. Ces dernières n’enlèvent pas la chaleur, précise le producteur, mais permettent de réduire la luminosité du soleil sur les plants et les travailleurs. « Ça diminue un peu, mais quand il fait 32 °C dehors, tu ne peux pas avoir 31 °C dans la serre. Il y a un différentiel de 4-5 °C [de plus dans la serre] », indique M. Barjol.
Le producteur fait remarquer que les canicules ne sont pas rares au mois d’août. Par contre, la question qui se pose désormais, selon lui, est quelles seront leur durée et leur fréquence à moyen et long terme. « On s’en reparlera dans quelques années », conclut-il.