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SAINTE-ANNE-DES-PLAINES – Les variations dans les périodes de mûrissement des petits fruits, d’une année à l’autre, prennent souvent les autocueilleurs par surprise. Cette année, plusieurs sont d’ailleurs passés à côté de la saison des fraises, rapportent plusieurs producteurs de petits fruits.
« D’habitude, on commence la saison autour de la Saint-Jean-Baptiste, mais là, c’était le 15 juin. Les enfants étaient encore à l’école; les parents, eux, ils ne pensaient pas aux fraises pantoute », rapporte Guy Métayer, copropriétaire de la Ferme Métayer, à Sainte-Anne-des-Plaines, dans les Laurentides. « Quand ils venaient pour cueillir, il était trop tard et ils nous disaient : ‘‘Elle a passé ben vite, la saison des fraises!’’ Ils ont été pris de court et n’en ont pas eu, de fraises d’été », ajoute sa conjointe, Lise Métayer, copropriétaire de l’entreprise familiale, qui écoule toute sa production avec l’autocueillette.
Alexandre Sauvé, propriétaire de la Ferme Hubert Sauvé, à Salaberry-de-Valleyfield, en Montérégie, a vécu la même situation. « Chez nous, il y a eu beaucoup de déception chez les clients parce que la saison a été devancée et raccourcie. Tout s’est mis à rougir d’un coup environ dix jours d’avance. En plus, il a plu à la Saint-Jean-Baptiste, une de nos plus grosses fins de semaine, donc ç’a mis à l’eau la saison des fraises d’été », explique celui qui tire environ 50 % de ses revenus de l’autocueillette. Le mûrissement rapide lui a aussi fait perdre une partie de sa production.
Les clients qui se sont pointés trop tard pour cueillir leurs fraises ont toutefois pu se rabattre sur les framboises, très abondantes à plusieurs endroits cette année, ce qui a permis à plusieurs producteurs de compenser une partie des pertes de la saison ratée de fraises d’été.
Les médias sociaux à la rescousse
Plusieurs clients de la productrice Isabelle Hauver, propriétaire de la ferme La fruitière des cantons, à Shefford, en Estrie, se sont aussi fait prendre par la saison hâtive. Malgré tout, la maraîchère biologique dit avoir quand même réussi à écouler toute sa production sans pertes. Elle estime faire un bon usage de ses médias sociaux pour informer au jour le jour sa clientèle des produits disponibles au kiosque et en autocueillette. Il s’agit en fait d’une manière simple et rapide, pour plusieurs maraîchers interrogés, de s’assurer que les cueilleurs et les clients du kiosque sont au rendez-vous.
De son côté, Alexandre Sauvé regrette quand même que beaucoup de clients se fient encore trop à des dates. « Ils se disent : ‘‘Ha, l’année passée, on était venus autour de la Saint-Jean-Baptiste.’’ Mais nous, l’année passée, il a fait froid au printemps, et cette année, c’est le contraire, donc ce n’est jamais pareil. Il faudra que les gens s’habituent au fait qu’on ne peut plus s’habituer à des dates comme dans le temps », plaide-t-il.
Chevauchement
Marc-André Isabelle, copropriétaire de La Belle de Coteau-du-Lac, en Montérégie, a constaté que le mûrissement rapide de son champ de fraises d’été a causé un chevauchement avec les fraises d’automne. Ces dernières ont deux périodes de production : une première au tout début de la saison, début juin, et une autre plus tardive, à l’automne.
Pour sauver ce début de saison de fraises qu’il compare à « une traversée du désert », le producteur fonde son espoir sur la deuxième période de production de ses fraises d’automne, en août, qui s’annonce prometteuse.
Saison hâtive pour le bleuet en corymbe
Le bleuet en corymbe n’échappe pas au phénomène de mûrissement hâtif qui a touché les autres productions de petits fruits. Dans Chaudière-Appalaches, par exemple, la saison 2024 a été lancée à la mi-juillet, alors qu’elle l’est généralement à la fin du mois. Christian Lacroix, conseiller en horticulture au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, attribue cette situation au dernier hiver qui a été « le plus chaud des dix dernières années ». « La fonte rapide de la neige, en avril, et le débourrement précoce des plants ont mené à une floraison dès la 3e semaine de mai, sans qu’aucune gelée blanche ne vienne troubler la mise à fruit », explique-t-il dans un communiqué du Regroupement des bleuetières de la Chaudière-Appalaches. Avec les chaleurs records de la mi-juin, qui ont accéléré le développement des fruits, la saison 2024 s’annonce donc abondante dans les champs. Toutefois, cette abondance « requiert des plants un travail plus important afin de faire mûrir tous les fruits », précise le conseiller. C’est pour cette raison, selon lui, que la saison demeure très hâtive, mais moins qu’elle ne l’était anticipée au départ.