Volailles 3 juillet 2024

Une croissance prudente, mais constante pour le géant Exceldor

À l’aube de ses 80 ans, qui seront célébrés l’an prochain, la coopérative Exceldor occupe aujourd’hui une position enviable dans le secteur de la transformation de volailles. Son président-directeur général, René Proulx, a accepté de se confier sur la dernière année et sur les orientations futures de la coopérative, dans un contexte où la consommation de poulet est en continuelle croissance.

« Comme transformateur primaire de poulet, on est le plus important au Québec, avec trois usines. On transforme environ 2,2 M de poulet par semaine. » – René Proulx, président-directeur général

Question : Où se situe aujourd’hui la coopérative dans le marché de la volaille, notamment depuis l’acquisition des 50 % restants des parts de Volaille Giannone qui appartenaient auparavant à Olymel?

Réponse : Ç’a été une grosse année : l’acquisition de toutes les parts de l’entreprise Volaille Giannone a contribué à l’augmentation de notre chiffre d’affaires, qui est de 1,4 G$ en 2023, soit une augmentation de 220 M$, ou 19 % par rapport à l’année précédente. Il y a cinq ans, l’année où on a acquis Viande Lacroix, il y avait aussi un impact important sur le chiffre d’affaires, mais là, en 2023, c’est la plus grosse augmentation de notre histoire.

Comme transformateur primaire de poulet, on est le plus important au Québec, avec trois usines. On transforme environ 2,2 M de poulet par semaine. Au Canada, nos parts de marchés sont autour de 15 % à l’abattage, ce qui nous met au même niveau que nos trois principaux concurrents, qui sont Olymel, Maple Leaf et Maple Lodge, en Ontario. Pour le dindon, notre part de marchés est plus autour de 24 %.

Q : Quels sont les défis pour la suite; y a-t-il d’autres acquisitions en vue?

R : C’est sûr qu’on ne sait jamais ce qui peut se présenter comme opportunités ­d’acquisitions, mais je dirais que dans les prochaines années, on veut travailler sur les synergies entre nos différentes divisions et filiales et sur notre efficacité opérationnelle. Sinon, on a eu d’autres gros défis : l’inflation qui nous a impactés en termes de coûts : on a été frappés pour tout ce qui est matières premières, comme le carton et les épices, de même que pour le transport et l’augmentation des taux d’intérêt. Et l’autre facteur, c’est la production de poulet qui a dépassé de façon assez importante la demande du marché, ce qui fait en sorte qu’on a dû faire face à des surplus, et ç’a impacté les prix sur les marchés de commodités.

Q : Qu’en est-il du projet de construction d’une nouvelle usine à Saint-Hyacinthe; est-il toujours sur la glace? 

R : On a récemment acheté le terrain sur l’avenue Pinard. Maintenant, étant donné les coûts de construction et les taux d’intérêt encore élevés, l’environnement n’est pas favorable à démarrer un projet de cette envergure-là. Il est sur la glace, mais c’est un projet qu’on va réévaluer tous les ans. La nouvelle usine permettrait le refroidissement à l’air et viendrait remplacer l’usine de Saint-Damase, en doublant de capacité, ce qui nous donnerait de la marge de manœuvre pour les quinze prochaines années. Là, on est corrects à moyen terme, car on vient d’ajouter un deuxième quart complet de travail à notre usine de Saint-Cuthbert (Volaille Giannone), et ça nous a donné une capacité de production additionnelle. Mais c’est sûr que la nouvelle usine, ça va la prendre à un moment donné. On va en avoir besoin pour prendre la croissance dans le marché et avoir une usine plus efficace. 

Q : Où en est la coopérative avec la robotisation dans les chaînes d’abattage et de transformation? Est-ce une voie prometteuse pour pallier la pénurie de main-d’œuvre?

R : Nos usines sont déjà, à toutes fins pratiques, à la fine pointe de la technologie. Il y a peut-être un peu plus qu’on peut faire à la fin du processus, pour la palettisation et l’emballage, par exemple, mais il va falloir que le gouvernement ait des programmes un peu plus généreux pour justifier l’investissement, car ce ne serait pas rentable aux taux d’intérêt qu’on a actuellement. Honnêtement, on regarde chaque dollar qu’on investit et il faut que ce soit un retour sur l’investissement rapide. Et, oui, ça aide, la robotisation, mais pour la partie qui n’est pas robotisable, c’est vraiment l’accès à des travailleurs étrangers qui nous aide le plus.

Q : Est-ce que la possibilité d’exporter du poulet dans le cadre de différentes ententes commerciales internationales est une avenue possible pour la coopérative?

R : Pas vraiment. Avec le système de gestion de l’offre, l’ensemble de nos coûts est plus important, et ce serait impossible de rivaliser avec les États-Unis ou le Brésil, qui ont un système plus intégré et où ils peuvent faire dix fois notre production et avoir des économies d’échelle, donc, on ne peut pas compétitionner sur le marché mondial dans le cadre de notre gestion de l’offre. C’est fait pour le Canada et ce n’est pas vraiment fait pour exporter.

Exceldor en chiffres
Chiffre d’affaires

1,4 milliards $

Employés

3800

Usines (poulet et dindon)

Sept au Québec, une en Ontario et une au Manitoba

Membres

365