International 28 juin 2024

Tomates marocaines déloyales en Europe

La réciprocité des normes ne pénalise pas que les producteurs du Québec. En Europe, les producteurs maraîchers ont manifesté leur mécontentement envers les importations de tomates cerises du Maroc au début de 2024, les qualifiant de concurrence déloyale. À l’épicerie, si un paquet de tomates cerises françaises se vend 1,50 €, celles en provenance du Maroc sont affichées à 0,99 €. Une enquête du Monde Afrique révèle que les coûts de main-d’œuvre inférieurs à ceux de l’Europe sont à l’origine de cet écart. 

La principale province de production compte 20 000 hectares de serres, éclairées par un soleil ardent 12 mois par année. Les tomates qui y sont produites sont presque entièrement envoyées vers l’Union européenne, où elles sont exemptées de droits de douane entre octobre et mai en raison d’un accord de libre-échange signé en 2012.

Dans les serres, les employés ne sont payés que l’équivalent de 8 € par jour, ce qui est 2,5 fois en deçà du salaire marocain considéré comme décent par l’Union marocaine du travail. En France, le salaire est de 13,64 € par jour. 

De plus, les employés marocains travaillent six jours sur sept, de huit à douze heures par jour. Ils n’ont que 30 minutes de pause et un objectif de remplissage de caisses à atteindre. Les migrants en provenance d’Afrique subsaharienne acceptent souvent de travailler à moindre coût afin d’amasser le plus d’argent possible pour se payer une traversée vers l’Europe. 

Si les conditions de travail se sont améliorées ces dernières années, il reste du travail à faire par rapport aux salaires et à la protection des travailleurs, parfois exposés aux pesticides sans équipements de protection. 

En 2023, 500 000 tonnes de tomates marocaines ont pris le chemin de l’Europe.