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Le blé est une figure emblématique de l’agriculture, mais force est de constater, en jetant un œil sur l’histoire des derniers siècles, que cette culture a été tantôt la vedette, tantôt la mal-aimée des agriculteurs québécois.
Dominant à la colonisation
Le blé était une culture dominante dans les années 1700, comme en témoigne le nombre important des moulins à eau au Québec.
Déclin au 19e siècle
La culture du blé a fortement reculé dans la première moitié des années 1800. Ce déclin est attribuable à la diminution des rendements, au manque de fertilisation qui a conduit à l’épuisement des sols, au conservatisme des agriculteurs en matière d’adoption de nouvelles techniques et à la concurrence d’autres producteurs, notamment du Haut-Canada (aujourd’hui l’Ontario). Plusieurs agriculteurs québécois ont délaissé le blé pour se concentrer sur la production laitière.
Un creux dans les années 60
En 1961, seuls 2 % des fermes québécoises cultivaient encore un peu de blé. La culture a ensuite légèrement regagné en popularité jusqu’en 1981, en raison de la recherche publique d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, notamment, qui a instauré des améliorations génétiques afin de permettre aux producteurs québécois de mieux répondre à la demande des grandes industries qui produisaient de la farine à Montréal et qui commandaient plutôt leur blé de l’Ouest canadien. L’arrêt de ces programmes de recherche par Ottawa et les spectaculaires hausses de rendement dans le maïs grain, conjugués à l’arrivée du soya, ont conduit à une stagnation, voire à une faible diminution des superficies semées en blé entre 1981 et 2011.
Le retour
Depuis 2011, les superficies de blé augmentent. Elles ont doublé entre 2011 et 2018, pour atteindre plus de 95 400 hectares en 2018 puis 96 900 en 2023. Les auteurs d’un récent rapport du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) notent trois phénomènes qui semblent expliquer ce retour du blé, soit des prix plus favorables, un regain d’intérêt pour les boulangeries produisant des pains artisanaux fabriqués à partir de céréales locales et la volonté de certains agriculteurs d’utiliser le blé pour ses bénéfices agronomiques dans la rotation des cultures. Mais tout n’est pas gagné. Les auteurs du rapport indiquent que la culture du blé représente à la fois un risque économique et un défi technique.
Le risque
Les producteurs ne sont jamais certains que leur récolte sera acceptée pour la consommation humaine, payée généralement plus cher que le blé destiné aux animaux. Les auteurs du rapport du CIRANO citent aussi un producteur pour qui faire du maïs et du soya génétiquement modifié « est infiniment plus simple, merveilleux, et ultra payant ». Les rendements dans le maïs-grain sont passés de 6 tonnes à l’hectare (t/ha) au début des années 1980 à près de 10 t/ha aujourd’hui. Durant la même période, le rendement du blé est resté stable, oscillant en moyenne autour de 3 t/ha, compare le rapport, spécifiant toutefois que les meilleurs producteurs du Québec obtiennent des rendements de plus de 5 t/ha en blé de printemps et de plus de 7 t/ha en blé d’automne.
Source : Rapport L’évolution du secteur bioalimentaire sur les territoires du Québec, réalisé par le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO)