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Les températures caniculaires qui frappent le Québec, avec un facteur humidex qui pourrait dépasser 40°C dans certaines régions, mettent les producteurs porcins et leurs équipes sur un pied d’alerte.
Depuis deux jours, ses équipes et lui font, nuit et jour, des tournées fréquentes dans les bâtiments pour surveiller l’état des porcs, des animaux qui évacuent mal la chaleur parce qu’ils n’ont pas de glandes sudoripares. « D’habitude, quand il y a une canicule, on les laisse dormir le jour et on les active pendant la nuit, quand c’est plus frais, mais là, même la nuit, ça reste chaud, alors ils sont toujours par terre. Je dis à mes travailleurs de les laisser tranquilles », rapporte le producteur, dont la ferme compte 17 bâtiments d’engraissement porcins et 3 pouponnières.
Les gicleurs en renfort
Une solution efficace et peu coûteuse pour rafraîchir les porcs pendant les canicules est de les arroser légèrement avec les gicleurs, dont la plupart de bâtiments sont déjà munis, signale Sébastien Turcotte, responsable des bâtiments et de la régie d’élevage au Centre de développement du porc du Québec (CDPQ).
La technique peut également être faite manuellement, avec un boyau d’arrosage, dans les bâtiments qui n’ont pas de gicleurs. Elle devrait être combinée avec une ventilation pour créer un courant d’air. « Il faut aussi s’assurer d’avoir suffisamment d’eau, car lors des canicules, les animaux augmentent leur rythme respiratoire et peuvent doubler ou tripler leur consommation d’eau » , ajoute M. Turcotte.
Cette solution d’aspersion, Christian Grenier songe à l’essayer pour la première fois, ces jours-ci, bien qu’il considère que « l’application de la technique sur le terrain peut parfois être plus complexe qu’en théorie ».
« On a déjà des gicleurs, tout ce qui me manque, c’est les timers dans toutes les bâtisses. Ce n’est pas tant la question de l’investissement que ça demande que le fait de l’essayer pour s’assurer que ça fonctionne bien. Parce que des fois, juste de monter la pression d’eau pour que tous les gicleurs fonctionnent à la longueur de la bâtisse, ça prend ça, une minute. Il y a donc tout un fine-tuning qu’il faut que j’essaie », décrit le producteur, qui précise qu’il lui faudra probablement aussi refaire toutes les entrées d’eau des bâtiments pour avoir un meilleur débit.
Il reconnaît, par ailleurs, que le temps presse et qu’il n’aura pas le choix de tester cette méthode ou d’autres si les canicules comme celle vécue actuellement deviennent plus fréquentes. Les contrecoups de ces vagues de chaleur sur sa production sont nombreux, signale-t-il. « Il faut qu’on baisse nos quantités d’animaux par camion, donc ça prend plus de vans et ça coûte plus cher de transport. La gestion des entrées et des sorties est plus compliquée. Tu perds sur ton gain de poids quotidien et tu augmentes le stress des animaux, donc il peut y avoir plus de maladies et de mortalité pendant la canicule ou les semaines après. Quand tu commences à rentrer dans cette spirale-là, ça amène plein d’autres problèmes », illustre-t-il.
Il songe aussi à planter des arbres matures autour de ses bâtiments, voire près des systèmes de ventilation, afin de rafraîchir l’air qui entre dans les porcheries. Une stratégie qui lui coûterait environ 2 000 $ par bâtiment, estime-t-il.
Des résultats prometteurs pour la « méthode intelligente »
Un projet surnommé « méthode confort » ou « intelligente », mené par des chercheurs de l’Université Laval, en collaboration avec le Centre de développement du porc du Québec et l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement, vise à calibrer l’environnement des élevages porcins selon une approche basée sur le bien-être du porc.
Les tests qui ont été faits jusqu’ici dans trois élevages-laboratoire de 14 porcs pendant dix semaines, en imposant des canicules simulées pendant plusieurs jours, ont montré des performances « meilleures que dans les élevages conventionnels et évitant les baisses de productivité », en plus de permettre une économie d’eau, rapporte le professeur. La méthode doit encore être testée sur le terrain et à plus grande échelle lors de prochaines étapes, et pourrait être commercialisée d’ici trois à cinq ans, estime-t-il.