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SAINT-HYACINTHE – Les sacrifices des éleveurs de porcs de la province commencent à montrer des résultats. Voilà plus de deux ans que ceux-ci doivent se serrer la ceinture dans le but d’aider leur organisation à orchestrer la diminution de la production porcine pour se réajuster à la demande des acheteurs.
Grâce aux différentes contributions imposées aux producteurs, les Éleveurs de porcs du Québec ont pu retrouver l’équilibre budgétaire et accumuler près de 15 M$ dans leur fonds de réserve en 2023. Rappelons que ce fonds avait fondu de 13,9 M$ d’un coup de 2020 à 2021 pour le remboursement de la grève des employés chez Olymel.
Comme l’a indiqué Julie Leblanc, directrice de la comptabilité et des finances, la contribution spéciale de 2,65 $ par 100 kg de porc, prélevée depuis août 2023 pour financer les programmes de vente de porcelets et de retrait temporaire de la production, affichait un solde positif à la fin de l’année. « La bonne nouvelle ici, c’est qu’on avait pressenti un cinq ans pour cette contribution spéciale, mais au terme des différents calculs, on prévoit l’arrêter dès cette année, autour du mois de septembre », a-t-elle annoncé lors de l’assemblée générale annuelle des Éleveurs de porcs du Québec, le 7 juin, à Saint-Hyacinthe.
Le président de l’organisation, Louis-Philippe Roy, s’attend à ce que cette amélioration des finances ait un effet sur celles des entreprises porcines prochainement.
Une autre bonne nouvelle réside dans le fait que les bons prix du porc actuellement sur les marchés, tant qu’ils se maintiennent, retardent le déclenchement du premier versement de Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) pour les producteurs de porcs, qui n’auront pas besoin de cette aide cet été.
Mais cette situation pourrait se renverser à l’automne, craint toutefois Louis-Philippe Roy. « Les pires années, c’est quand on est presque à zéro [par rapport au prix de référence qui permet de déclencher les compensations de l’ASRA], comme maintenant, parce qu’après ça, les producteurs n’ont pas pu accumuler de l’argent pour absorber la hausse de cotisations qu’ils devront payer lors du premier versement. La crise de 2008-2009, c’est un peu ce qui est arrivé. Il y a eu des prix intéressants à l’été, mais à l’automne, ça s’est effondré, et les producteurs n’avaient pas les liquidités pour passer au travers. Ma crainte, c’est que ça arrive encore une fois », a-t-il expliqué en entrevue avec La Terre.
Dans le secteur porcin, ce programme d’assurance collective est financé aux deux tiers par le provincial et au tiers par les cotisations des producteurs. Ceux-ci doivent donc verser des cotisations plus élevées après une année où l’aide a été plus importante, comme ce fut le cas en 2023.
La prospérité comme leitmotiv
« Prospérité, pérennité et fierté » sont les trois grands principes autour desquels s’articule le plan stratégique 2024-2027 des Éleveurs de porcs du Québec lancé le 7 juin. Pour atteindre ces objectifs, l’organisation s’engage entre autres à améliorer l’équité dans le partage des revenus et des risques au sein de la filière dans le cadre des prochaines négociations de la convention de mise en marché.
« ll reste beaucoup de travail à faire »
Octobre 2024 est le délai qui a été fixé pour que les Éleveurs de porcs du Québec terminent l’arrimage de leur production, présentement excédentaire, aux nouveaux besoins de leurs acheteurs. Les quelques mois restants d’ici cette échéance suffiront-ils pour achever la mise en place du deuxième tour du programme de retrait temporaire, dont les derniers candidats viennent à peine d’être sélectionnés? Le président des Éleveurs de porcs du Québec, Louis-Philippe Roy, affirme que oui, bien qu’il reste « encore du travail à faire », et que ce travail s’avère « très complexe », a-t-il souligné dans une entrevue accordée à La Terre. Des détournements de porcs vers les États-Unis ou d’autres provinces canadiennes seront donc encore nécessaires, puisque les fermes sélectionnées dans le programme qui viennent d’inséminer les truies ne pourront fermer leur entreprise que dans neuf à dix mois, a précisé M. Roy. Ces frais de détournement sont assumés par les éleveurs.