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MONTRÉAL – Les Fermes AquaVerti voient grand, et Amazon Web Services (AWS), une filiale du géant américain du commerce en ligne qui est spécialisée dans les services infonuagiques et d’intelligence artificielle (IA), a l’intention d’aider cette ferme verticale implantée à Montréal depuis 2017 à parvenir à ses fins. L’objectif est de créer une IA générative pour développer ce qui s’apparenterait à un « agronome maison » et ensuite d’offrir la technologie en libre accès (open source) à toute la chaîne agroalimentaire.
L’IA générative est un type d’IA capable de générer des idées et du nouveau contenu. Elle peut être entraînée à apprendre et réutilise les données d’entraînement pour résoudre de nouveaux problèmes.
« On veut créer une IA générative qui sera comme un agronome maison et on veut le [rendre] open source, donc on veut vraiment le démocratiser le plus possible pour qu’il puisse apprendre, le plus rapidement, tout seul, et avoir un impact, pas juste pour nous, mais pour toute l’industrie », affirme le cofondateur et copropriétaire des Fermes AquaVerti, Georges Aczam, un immigrant syrien arrivé au Québec pour ses études en 2010.
Il explique que le cycle de croissance des plants de laitues et autres verdures est d’environ 40 jours. Or, comme les commandes des épiciers arrivent seulement deux semaines à l’avance, il est difficile d’arrimer l’offre et la demande. Dans un premier temps, le copropriétaire travaillera donc avec AWS pour qu’un nouvel outil d’intelligence artificielle émette des recommandations sur la façon de gérer l’environnement de production des plants en fonction des commandes de la semaine à venir.
Dans un deuxième temps, il souhaite que la technologie soit accessible à toute l’industrie. « Pas juste pour que ce soit la production d’AquaVerti, mais qu’elle soit utilisée comme une gestion de l’offre et de la demande pour les épiceries et les autres producteurs. Je ne sais pas à quel point c’est far fetch. C’est gros, je sais, mais dream big and land on the moon », dit l’entrepreneur de 31 ans.
Une bourse de 100 000 $
Le 12 juin, AWS a décerné à AquaVerti une bourse de 100 000 $, assortie de crédits technologiques pour utiliser sa plateforme ainsi que des services de mentorat technique. L’entreprise a remporté ce prix après son passage à l’émission Dans l’œil du dragon diffusée à Radio-Canada en avril. « Ça nous a vraiment attiré de voir le potentiel énorme de l’IA pour maximiser la production, aider la qualité des aliments et maximiser l’environnement [d’affaires] à l’extérieur de son entreprise », mentionne le directeur national d’AWS pour le secteur public, Réjean Bourgault.
Depuis son démarrage, en 2017, la ferme, entièrement automatisée ou presque, a accumulé plus de 500 millions de données sur la production verticale de laitues et de choux frisés. Réjean Bourgault explique qu’un humain est capable de gérer trois variables. « Mais quand on arrive à 15-20 variables, ça devient ingérable pour un humain. C’est là qu’on introduit l’intelligence artificielle », dit-il. Selon lui, d’ici 2030, une exploitation agricole sur trois aura accès à des pratiques beaucoup plus efficaces grâce à l’intelligence artificielle.
En concurrence avec les importations
Georges Aczam applique une politique d’ouverture et de partage des connaissances. Il invite d’ailleurs les producteurs intéressés à venir visiter ses installations. Il ne se sent pas en concurrence avec les agriculteurs de la province, pour l’instant, puisque son objectif premier est de concurrencer les importations. « Quand le marché sera saturé, c’est là qu’on va commencer à se bagarrer entre nous », affirme-t-il.
L’équivalent d’une ferme de 10 hectares
En activité depuis 2017, AquaVerti se présente comme la première ferme hydroponique verticale du Québec. Aujourd’hui, l’entreprise sème 40 000 graines par jour de laitues, d’épinards égyptiens perpétuels, de roquettes turques épicées, de fines herbes, de pourpiers et de choux frisés, soit l’équivalent d’une ferme de 10 hectares. Le cycle de production, du semis à la récolte, est de 38 jours, alors qu’il est de 65 jours en champs. Seulement pour la laitue frisée verte, la ferme produit 230 tonnes par année.
AquaVerti commercialise sa production dans les Metro, IGA, Maxi et Provigo de la province, mais ne parvient pas à suffire à la demande. Les centres de distribution souhaiteraient respectivement au moins 1 000 boîtes de plus par semaine. « On va agrandir, laisser tomber des variétés moins rentables et cesser notre partenariat avec une épicerie qui n’est pas un bon match », indique le copropriétaire d’AquaVerti, Georges Aczam.