Agricultrices : prendre la place qui leur revient

La place des femmes en agriculture est, de tout temps, indiscutable. D’ailleurs, le premier ministre du Québec Adélard Godbout ne l’a-t-il pas reconnu vers la fin des années 1930 en affirmant souvent que « la ferme vaut ce que vaut la femme »? 

Collection documentaire du Musée McCord  

Les femmes sont de tous les travaux à la ferme. Cependant, un long combat a été nécessaire pour reconnaître leur apport et surtout, pour leur permettre de prendre la place qui leur revenait au sein même des instances discutant de l’organisation de l’agriculture. Une chance qu’elles ont eu quelques alliés de taille pour les soutenir dans ce long et sinueux parcours.
Et vous serez sans doute étonné de découvrir qui sont ces partenaires. 

Dans le cadre du 100e anniversaire de la création de l’Union, ce troisième dossier thématique du L’U vous présente le long chemin parcouru par les femmes pour être reconnues comme agricultrices et avoir droit, elles aussi, de participer au développement de l’agriculture et du syndicalisme agricole québécois. 

Les cercles agricoles du 19e siècle

Les premiers cercles agricoles québécois ont vu le jour vers 1870. À l’origine, ceux-ci se voulaient un lieu permettant à toute la classe agricole d’organiser et de développer une agriculture forte et moderne. À cette période, l’agriculture au Québec se limitait presque entièrement à une activité vivrière centrée sur la famille, et les cultivateurs ne voyaient pas en quoi la création d’une association professionnelle autonome pourrait les aider à mieux vivre de leur terre. De leur habitation, souvent isolée ou située dans des rangs éloignés, les cultivateurs étaient avant tout centrés sur les besoins de leur famille, pour assurer leur autosuffisance. L’action collective n’avait aucun attrait pour les aider dans leur travail quotidien, mais ils étaient toujours enclins à aider autrui pour mettre en pratique les enseignements de l’Église catholique à laquelle ils étaient très attachés. 

Les premiers cercles agricoles ont du mal à s’implanter, et lorsqu’ils réussissent à recueillir quelques membres, la majorité d’entre eux peinent à obtenir les fonds nécessaires pour poursuivre leur mission. C’est ainsi qu’ils font appel au gouvernement afin d’obtenir une forme de soutien financier. Le gouvernement consent à remettre des octrois de fonctionnement aux cercles qui en font la demande expresse… sous réserve de nombreuses conditions édictées par le ministère de l’Agriculture. Une fois engagés à respecter les obligations ministérielles avec l’acceptation des octrois, les cercles sont devenus, de façon tacite, dépendants de l’État, répondant à ses volontés sous peine de non-renouvellement des octrois. 

Les octrois accordés aux cercles agricoles varient alors de 25 à 50 $. Avec cette aide financière, les cercles obtenaient l’autorisation d’organiser des expositions, des démonstrations et des compétitions, mais aucune activité permettant la discussion d’enjeux politiques.

De leur habitation, souvent isolée ou située dans des rangs éloignés, les cultivateurs étaient avant tout centrés sur les besoins de leur famille, pour assurer leur autosuffisance. L’action collective n’avait aucun attrait pour les aider dans leur travail quotidien. Photo : BAnQ

Premières associations féminines

Les cercles agricoles s’adressaient avant tout aux hommes. Pourtant, les femmes s’intéressaient elles aussi aux savoirs ruraux et à l’agriculture. Les premières associations fermières auraient vu le jour en 1915, soit 45 ans après la fondation des premiers cercles agricoles. On doit leur création à deux agronomes : messieurs Georges Bouchard et Alphonse Désilets. 

C’est lors d’un stage universitaire en Europe que M. Bouchard découvre la Ligue des fermières de Belgique. Il y voit l’occasion d’implanter la même structure au Québec. Il faut dire qu’en Belgique, la Ligue des fermières était l’équivalent masculin de l’Union des fermiers belges, une organisation similaire à ce qui deviendra une dizaine d’années plus tard l’Union catholique des cultivateurs (UCC). 

C’est sous le modèle des cercles agricoles que se formeront les premiers regroupements de fermières, à Chicoutimi, Roberval, Champlain, Saint-Agapit et Plessisville. Comme pour les organisations menées par les hommes, ces cercles bénéficiaient d’un soutien financier provenant de l’État qui, à son tour, leur imposait ses volontés et restrictions. Parmi celles-ci figurait la neutralité : les cercles de fermières devaient accueillir toutes les fermières sans distinction de race, de langue ou de religion. Cependant, tous les cercles de fermières ont ouvert leurs portes pour accueillir en leur groupe un aumônier. Comme le rapportait le père Lebel dans son livre Le Syndicalisme Féminin dans nos Centres ruraux : « Heureusement la mentalité franchement catholique des femmes de nos centres ruraux a écarté ce danger [NDLR : de devenir une société neutre]. On sait l’importance que celles-ci attachent à la présence du prêtre dans leurs réunions. C’est ce qui explique pourquoi la grande majorité, sinon la totalité des Cercles de Fermières ont toujours tenu à s’assurer les avantages spirituels que procure la direction d’un aumônier au sein d’une société. »

C’est donc sous les auspices du clergé que se regrouperont les paroissiennes ayant un intérêt pour la vie rurale. Rappelons qu’en 1915, il n’était pas question de parler d’agriculture en tant que profession ni comme cause syndicale; les discussions devaient porter sur le bien-être des familles rurales et l’amélioration de la pratique des arts domestiques. Ainsi, pendant de nombreuses années, les regroupements de cultivatrices, financés par le ministère de l’Agriculture, ont centré leurs activités sur diverses œuvres de bienfaisance et l’organisation de cours et d’ateliers, ainsi que d’expositions et de concours de travaux domestiques.


Photo : Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Les fermières, des porteuses d’arts domestiques!

En 1926, le ministère de l’Agriculture crée la Division des arts domestiques et confie sa direction à nul autre
qu’Alphonse Désilets. Ce dernier se fera un devoir de visiter toutes les expositions des Cercles des fermières et de souligner l’excellence des travaux d’aiguille et d’artisanat effectués par les femmes. 

Si la pratique d’une forme d’artisanat plaisait à un grand nombre, plusieurs femmes auraient préféré discuter du rôle socioéconomique que doit jouer la femme rurale dans son foyer et en agriculture. Comme l’idée plaît à un nombre croissant de femmes, elles cherchent une façon d’y arriver en tout respect des valeurs chrétiennes. 

Cependant, de nombreuses craintes sont exprimées par des femmes qui ne voient pas la nécessité de former une association professionnelle. Elles y voient une certaine diminution de leur capacité de coopérer au bien-être de leurs semblables. 

Sur ces points, le père Lebel écrivait : « L’ensemble des économistes et des sociologues depuis plus de cinquante ans préconise l’association professionnelle autonome comme le moyen le plus efficace d’assurer l’amélioration des conditions économiques et sociales des divers groupements dont se compose la société. (…) Si les sociétés octroyées par l’État se montraient supérieures dans la pratique, comment expliquer que, depuis cent ans, l’élite des professions aient invariablement choisi, pour améliorer les conditions de leurs membres, la forme d’association professionnelle (…). Enfin, les Souverains Pontifes dans leurs Encycliques proclament solennellement que les associations professionnelles sont le moyen par excellence de généraliser au sein des classes populaires le minimum d’aisance requis pour faciliter ici-bas la pratique de la vertu et l’observation de la loi de Dieu. »

Toujours selon le père Lebel : « Les cercles agricoles (…) ont certainement rendu des services appréciables. Ils ont, par exemple, contribué à l’amélioration générale de la production agricole et au développement de certains genres de culture et d’élevage. Mais ils ont fait très peu pour l’éducation de la classe agricole, pour la défense de ses intérêts généraux et pour l’organisation de la profession. »

Le père Lebel termine sa longue réflexion avec ceci : « Le jour où les cultivateurs, les fermières et les fonctionnaires du Ministère de l’Agriculture travailleront tous dans le même sens, en une harmonieuse collaboration, la classe agricole du Québec connaîtra une ère de prospérité et de bonheur dont profiteront avec avantage toutes les familles des centres ruraux, aussi bien celles des villages que celles des campagnes. »

Plusieurs femmes ont suivi de près la création de l’UCC et se sont intéressées à son développement; quelques-unes ont même accompagné leurs maris dans des réunions et suivi certains cours dispensés par l’Union à compter de 1929, dont celui sur le syndicalisme agricole offert en 1940. 

Petit à petit, quelques groupes de femmes se réunissent pour parler de l’agriculture en tant que profession, souvent accompagnées de l’aumônier ou du responsable liturgique paroissial. En 1939, Marie-Anna Caron, une intervenante sociale âgée de 35 ans, souhaite que les femmes soient entendues à travers le Québec et aient droit d’avoir une organisation qui les représente comme le fait l’UCC. Bénéficiant du soutien de l’abbé Alphonse Belzile, elle fonde les Dames de l’Union catholique des cultivateurs du diocèse de Rimouski. La nouvelle au sujet de ce nouveau regroupement régional se répand dans toutes les paroisses par les aumôniers, si bien que plusieurs autres groupes décident de suivre cette même voie.

En 1943, les Dames de l’UCC de Rimouski et de regroupements provenant de Sherbrooke, Chicoutimi et Nicolet demandent formellement à l’UCC d’appuyer la fondation d’une association catholique des fermières. Les dirigeants de l’UCC expriment leur accord sur une telle proposition, surtout que l’organisation fonctionne désormais sur des bases solides et bien rodées. Cependant, en tant qu’organisation démocratique, l’UCC ne peut décider de la mettre sur pied elle-même. La décision doit provenir de la part des membres; sinon l’UCC pourrait être accusée de s’en prendre à l’État qui subventionne les cercles de fermières. 

Fortes de l’appui des dirigeants de l’UCC, les agricultrices décident donc de prendre les devants et d’organiser leur congrès de fondation, afin d’être fin prêtes à recevoir l’approbation des congressistes de l’UCC. Ce congrès se tiendra le 19 octobre 1944, soit le dernier jour du congrès de l’UCC (17 au 19 octobre 1944) dans la ville de Québec. 

Sans surprise, les délégués du congrès général de l’UCC approuvent rapidement la création d’une association s’adressant aux femmes. Une résolution demande d’ailleurs aux dirigeants d’étudier le financement requis pour soutenir cette nouvelle entité.

Les fermières de Rimouski. Ce sont elles qui sont à l’origine de la création de l’Union catholique des fermières. Et parmi elles se trouve Marie-Anna Caron. Photo : BAnQ Québec, Fonds Ministère de la Culture et des Communications

Naissance d’un mouvement féminin

Le 19 octobre 1944, de 150 à 200 femmes provenant de toutes les régions du Québec se sont donné rendez-vous en marge du 20e congrès général de l’UCC : l’Union catholique des fermières (UCF) voit officiellement le jour. Marie-Anna Caron, qui avait fondé les Dames de l’UCC de Rimouski cinq ans plus tôt, est nommée secrétaire générale provinciale, alors que Gilberte Pedneault (inscrite sous le nom de madame Philippe Lapointe dans les archives!), d’Hébertville, en assumera la présidence; un poste qu’elle conservera pendant 12 ans. 

Le quotidien montréalais Le Devoir, fidèle à ses habitudes, fait la couverture complète du congrès de l’UCC. Les textes, dont certains rapportent mot à mot le contenu des résolutions, sont d’ailleurs placés en une du journal, et ce, pour les trois jours du congrès. Quant à La Presse, elle se contente d’une couverture succincte du congrès. Cependant, et bizarrement, ni Le Devoir ni
La Presse ne rapportent quelconque information concernant la création de l’UCF. Seule La Terre de chez nous publiera des articles avant et après la tenue du congrès.

L’Union catholique des fermières, dont la devise est « pour la terre et le progrès », aura pour but le progrès religieux, moral, social et économique des femmes de la campagne; l’étude des questions agricoles; la défense des intérêts professionnels; et la coopération avec l’UCC. L’association s’adresse aux femmes et aux filles des centres ruraux et aura pour siège social les bureaux de l’UCC à Montréal. 

La création de l’UCF cause un certain remous dans les Cercles de Fermières, qui perdront environ un quart de leurs membres. En 1948, l’UCF comptera déjà dans ses rangs quelque 10 000 membres, alors que les Cercles des fermières en auront trois fois plus. Le nombre de membres de l’UCF s’accroîtra pendant les 10 prochaines années pour atteindre 18 000, alors que les Cercles des fermières atteindront, quant à eux, près de 40 000 membres. 

Les nombreux regroupements féminins ont des vocations qui leur sont propres. Certains viennent au secours des indigents ou des malades, d’autres veillent à la tempérance ou à l’éducation chrétienne. Ces regroupements ont tous un dénominateur commun : ils sont approuvés par les plus hautes autorités ecclésiastiques et fonctionnent avec l’apport d’un aumônier qui veille à la direction religieuse et spirituelle et représente la sainte Église au sein de la société. Photo : Collection Musée McCord, Archives photographiques Notman

Les nombreux regroupements féminins ont des vocations qui leur sont propres. Certains viennent au secours des indigents ou des malades, d’autres veillent à la tempérance ou à l’éducation chrétienne. Ces regroupements ont tous un dénominateur commun : ils sont approuvés par les plus hautes autorités ecclésiastiques et fonctionnent avec l’apport d’un aumônier qui veille à la direction religieuse et spirituelle et représente la sainte Église au sein de la société. Photo : Collection Musée McCord, Archives photographiques Notman

Des changements de noms et de structure

Lors du congrès de 1957, les déléguées de l’UCF approuvent le changement de nom pour devenir l’Union catholique des femmes rurales (UCFR). Selon Marie-Luce Villeneuve, qui était secrétaire de la section de Chicoutimi, « la raison principale qui amena le congrès à choisir ce nom, c’est qu’il désignait d’une façon plus exacte l’ensemble des membres recrutées dans les paroisses rurales, c’est-à-dire dans les campagnes et les villages ». À ce moment, l’UCFR devient principalement un mouvement d’éducation et d’action sociale qui se distancie du syndicalisme agricole catholique pur tel qu’était l’UCC de l’époque. 

Le changement de l’UCC vers l’UCFR sera de courte durée. En effet, depuis le décès inattendu du premier ministre Maurice Duplessis en 1959, une lame de fond balaie la société : c’est la Révolution tranquille. Exit la période de grande noirceur, exit les temps où l’Église et l’État travaillaient de concert pour dicter les faits et gestes des citoyens. La Révolution tranquille entraîne dans ses sillons une reconfiguration de l’organisation de l’État, une modernisation sociale par une série de réformes (éducation, culture, économie, santé, etc.) et une séparation de l’Église et l’État. La société change et s’ouvre au monde entier. Plusieurs avancées sont également faites en ce qui concerne les droits des femmes. Une succession rapide de nouvelles organisations seront créées dans cette mouvance sociale.

L’une d’entre elles était une organisation catholique qui visait toutes les femmes, notamment celles des milieux urbains. Cette nouvelle entité portait le nom de Cercles d’économie domestique (CED). L’idée n’était pas nouvelle, car le premier CED avait été fondé à Kénogami en 1940 et portait le nom de Cercle Mgr Lamarche. Cette association vouée à l’éducation voulait principalement expliquer aux épouses d’hommes syndiqués le fonctionnement d’un syndicat, démystifier les notions entourant les conflits, la négociation et les grèves. Graduellement, cette association qui était surtout présente dans la région du Saguenay et du Lac-Saint-Jean, faisait une plus grande place aux arts ménagers, tout en effectuant la promotion et la défense des intérêts matériels, économiques, moraux et sociaux de ses membres. À la lumière des résultats obtenus par ce groupe, l’Église catholique avait proposé de mettre en place des regroupements féminins similaires partout au Québec, qui ont été appelés les Syndicats d’économie domestique. Ces groupes ont été à l’origine de la création des Cercles d’économie domestique, mais, fait intéressant, leur fonctionnement était en tout point similaire à ceux de l’UCF et de l’UCFR. 

Du côté de l’UCFR, devant la multiplication des regroupements de femmes, son nombre de membres stagne et certaines dirigeantes locales sont invitées à se regrouper pour assurer leur pérennité et discuter d’enjeux plus grands que ceux liés à l’agriculture et à l’éducation. Dès 1963, les hautes dirigeantes des Cercles de Fermières, des Cercles d’économie domestique et de l’UCFR commencent à discuter sérieusement de fusion de ces regroupements. Rapidement, les Cercles de Fermières se retirent du processus, car elles tiennent à la pratique de l’artisanat et à l’enseignement de l’économie domestique. 

Les dirigeantes de l’UCFR et des CED décident de poursuivre leurs travaux de fusion. Elles veulent créer une seule association qui permettrait aux femmes de prendre leur place dans toutes les sphères de la société. La fusion officielle des CED et de l’UCFR se matérialisera en 1966 et donnera naissance à l’Association féministe d’éducation et d’action sociale (AFÉAS), une organisation aujourd’hui très dynamique et bien ancrée au sein de l’ensemble de la société. 

C’est à l’AFÉAS qu’on doit l’enquête effectuée en 1980 auprès des femmes collaboratrices au sein de l’entreprise de leur mari. Celles-ci n’ont ni salaire, ni rémunération, ni reconnaissance pour leur travail, et une réflexion s’impose pour remédier à la situation. Cette étude mènera à l’adoption de la reconnaissance du statut de productrice agricole lors du congrès général de l’UPA tenu en 1980. C’est un premier pas, mais il y a beaucoup plus à faire pour donner aux femmes des parts dans l’entreprise agricole qu’elles gèrent. 

Les femmes se font entendre… sur tous les fronts!

La place demandée par les agricultrices n’a rien de surprenant. Elles réclament les droits qui leur reviennent sur tous les fronts. Bien qu’elles aient obtenu le droit de vote sur la scène fédérale en 1918, ce n’est qu’en 1940 que le Québec le leur accorde. Pour y arriver, pendant près de 10 ans, de nombreuses suffragettes manifestent partout au Québec. Finalement, c’est le premier ministre Adélard Godbout lui-même qui a présenté le projet de loi à l’Assemblée nationale octroyant (enfin!) le droit de vote aux femmes en expliquant avoir réalisé que les choses avaient changé partout dans le monde. 

Le Québec était la seule province à ne pas avoir accordé ce droit aux femmes : toutes les provinces de l’Ouest l’avaient fait dès 1916, les autres au plus tard en 1925. Le Québec accusait alors un retard considérable, un retard attribuable à l’oppression politique digne d’une « grande noirceur ». À compter de ce moment, tout allait changer! À titre d’exemple, en 1940, trois femmes entrent au Conseil municipal de Montréal, forçant la Ville à revoir sa Charte pour y inclure le droit de vote et d’éligibilité à toutes les femmes. 

Puis, la première femme fait son entrée à l’Assemblée nationale en 1961, 21 ans après l’obtention du droit de vote au Québec. Marie-Claire Kirkland-Casgrain obtient la charge du ministère  des Transport et des Communications seulement deux ans après y être entrée en tant que députée. C’est à elle que l’on doit le projet de loi 16 mettant un terme à l’incapacité juridique de la femme mariée, une loi qui sera adoptée en 1964 et qui ouvrira un éventail de possibilités aux femmes. 


Les premières femmes à occuper un poste décisionnel à l’UPA

Il a fallu attendre que l’UCC se modernise en perdant son caractère confessionnel et se transforme en UPA pour voir arriver la première femme à son conseil général. Jeannine Bourque, alors présidente de la Fédération de l’UPA Québec-Sud, entre au conseil général en mai 1978.

Puis, en 1993, la présidente de la Fédération des producteurs d’agneaux et de moutons, Desneiges Pépin, est la première femme à obtenir un poste au conseil exécutif. Elle conservera ce poste jusqu’en 1999.

C’est Martine Mercier, alors présidente du Syndicat des producteurs d’œufs de consommation du Québec, qui, en 2001, sera élue au poste de deuxième vice-présidente de l’Union. Elle deviendra première vice-présidente en 2005, mais sera battue à l’élection suivante.

Du côté de la Confédération, la directrice de la Fédération des producteurs de lait du Québec de 1997 à 2008, Guylaine Gosselin, deviendra la première directrice générale de l’UPA en novembre 2008, un poste qu’elle conservera jusqu’en 2016.

Les femmes en agriculture et à l’UPA aujourd’hui

En mars 2023, 27 % des femmes étaient propriétaires ou copropriétaires d’une entreprise agricole1;

Du côté des fédérations spécialisées, 11 % sont présidentes ou membres du conseil d’administration et 13 % le sont au niveau des syndicats spécialisés1;

27 % sont présidentes ou élues au conseil d’administration d’une fédération régionale2 et 21 % sont élues dans l’un des 90 syndicats locaux1;

Du côté de l’Union, 13 % sont élues au conseil général et 14 % au conseil exécutif, alors que 1 des 3 dirigeants est une femme1;

20 femmes occupent un poste cadre à la Confédération et 36 dans l’un des bureaux régionaux3.


  1. Agricultrices du Québec (site Web consulté le 27 mai 2024, données de mars 2023)
  2. Annuaire des dirigeants, UPA, données fournies le 24 mai 2024
  3. Union des producteurs agricoles, données du 27 mai 2024 fournies par la DGRH

Une fédération d’agricultrices

Le 25 septembre 1987, l’UPA accueille en ses rangs la Fédération des agricultrices du Québec, une fédération hors spécialité, comme celle de la Fédération de la relève agricole. 

La fédération a pour mission d’offrir aux femmes œuvrant en milieu agricole et forestier un réseau dédié au développement de leur potentiel. Elle veut rassembler les professionnels souhaitant participer au plein développement de l’agriculture et de la foresterie. Aujourd’hui, la fédération est composée de 10 syndicats d’agricultrices régionaux qui agissent comme lobby en prenant part aux décisions influençant le secteur agricole et la condition féminine, représentant ainsi l’ensemble des agricultrices du Québec.


Et demain?

Il reste encore du travail à faire pour que la femme soit traitée d’égale à égale dans les entreprises agricoles, ne serait-ce qu’au niveau de son rôle et du partage des parts de l’entreprise. Cependant, les femmes sont motivées et leur dynamisme laisse penser qu’elles obtiendront cette équité sous peu. 

La situation n’est pas différente ailleurs sur la planète. Pour le souligner et pour aider à soutenir les luttes et efforts de reconnaissance du travail des femmes en agriculture, le 2 mai dernier, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé unanimement que 2026 serait l’Année internationale des agricultrices.


Une histoire de femme, d’amour et de reconnaissance mutuelle

Dans le cadre de son 100e anniversaire, l’UPA, en collaboration avec la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i), a produit six capsules présentant des agriculteurs et agricultrices inspirants. 

Parmi ces capsules, voyez l’histoire de Gisèle et d’André, deux producteurs de grains de la Montérégie qui ont su marier l’entreprise et le couple. Gisèle a toujours voulu devenir agricultrice, un souhait qu’a entendu son conjoint. Parce qu’elle voulait que toutes les femmes obtiennent une reconnaissance pour le travail effectué, elle n’hésite pas à s’impliquer pour revendiquer ces droits au nom de toutes les agricultrices. Une histoire vraiment inspirante.