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Dans Chaudière-Appalaches, le projet de prolongement de l’autoroute 73, attendu depuis près de 40 ans par la population du secteur, a pris de court un couple d’agriculteurs de la relève, dont le rêve de carboneutralité pour leur ferme laitière risque de tomber à l’eau.
Cédric Nault et Kristelle Loignon ont démarré leur ferme il y a dix ans, dans un processus de transfert non apparenté. Ils se sont installés à Saint-Georges, sur les terres de l’arrière-grand-père de Kristelle, qui appartiennent aujourd’hui à son petit-cousin. Le couple a un contrat de location de ces terres pour encore dix ans, avec une option d’achat. Le passage du prolongement de l’autoroute 73 à cet endroit les a pris par surprise, l’été dernier, alors qu’ils n’en avaient jamais été informés.
« Ç’a été une claque dans la face quand on l’a appris, parce qu’il n’avait jamais été question que le projet passe si haut que ça. […] On est une ferme régénératrice. On est dans un programme de carboneutralité pour les producteurs de lait du Québec. Quand tu as des fermes parmi les leaders qui donnent l’exemple, bien c’est un peu ridicule de venir passer une traque d’asphalte dans leurs champs! » s’insurge Mme Loignon. Le couple a d’ailleurs reçu l’appui écrit de son agronome et de la directrice du programme Production laitière régénératrice pour Regénération Canada. Les lettres mentionnent entre autres l’importance pour la Ferme Kristault de garder toutes ses superficies en prairies pour subvenir aux besoins nutritionnels de son troupeau, et soulignent également le rôle important de leurs terres pour la séquestration de carbone.
Un choix de tracé aussi critiqué par l’UPA
Pascal Leclerc, 2e vice-président de la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Chaudière-Appalaches, confirme que les propriétaires de la Ferme Kristault sont les seuls qui n’ont pas été consultés dans le processus entamé par le ministère des Transports du Québec (MTQ), il y a plus de deux ans. « Nous autres, on ne les avait pas appelés parce qu’au départ, il n’a jamais été question que le tracé passe là », a-t-il réagi en entrevue avec La Terre.
D’ailleurs, dans un communiqué daté du 24 mai, le syndicat local de l’UPA de Beauce-Sartigan joint sa voix à la fédération régionale pour désapprouver ce choix de tracé retenu par le MTQ.
Selon lui, un tracé un peu plus à l’ouest permettrait de passer sur une terre boisée d’épinettes et une terre agricole en friche, ce qui aurait un moindre effet sur les activités agricoles.
Il précise qu’encore récemment, l’UPA était en pourparlers avec le ministère et espérait obtenir une modification au projet. Or, l’organisation soutient que ce n’est plus le cas, d’où cette récente sortie publique.
De son côté, Kristelle Loignon craint de perdre une partie des terres qui sera difficilement remplaçable, selon elle. « On l’aime, notre terre. On en a besoin pour notre entreprise. Je ne peux pas ravoir ça, des terres de même. Il n’y en a plus à vendre nulle part. Ce n’est pas normal de vouloir détruire ces terres-là », se désole-t-elle.
Ce dernier projet de tracé impliquerait l’expropriation d’un total de 14 hectares de terres agricoles « actives », de 23 hectares de forêts et de 4 hectares en milieux acéricoles, rapporte l’UPA dans son communiqué.
De son côté, le ministère des Transports a mentionné, par voie de communiqué, en décembre, que l’échéance des travaux pour ce projet est prévue pour 2024-2025.
Le projet devra toutefois être soumis à la Commission de la protection du territoire agricole, qui n’a pas encore donné son avis.