Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Les temps sont difficiles et la pression financière est élevée sur les fermes laitières. L’une des solutions dans ce contexte est de tirer avantage du superpouvoir de vos vaches : la capacité de transformer vos fourrages en lait dans le réservoir.
Pour optimiser ce pouvoir, il faut inclure de grandes quantités de fourrages dans la ration. C’est quoi, une ration hautement fourragère? Le sujet fait débat depuis plusieurs années, et il n’existe pas de définition qui fasse consensus. Tout le monde devrait toutefois s’entendre sur cet objectif : réussir à faire consommer un maximum de fourrages aux vaches sans pénaliser le niveau de production.
De multiples avantages
Quand on jette un œil à nos données, on constate qu’il y a une variabilité importante en ce qui concerne la consommation de matière sèche des fourrages. Les producteurs qui réussissent à en donner plus ont de meilleures marges (Figure 1). C’est vrai autant pour les rations sans ensilage de maïs que pour celles qui en contiennent.
Comment votre entreprise se compare-t-elle à ces données? Pour le savoir, vous avez besoin des quantités de fourrages qui ont été pesées pour les vaches, ainsi que des pourcentages de matière sèche mesurés à l’aide d’un Koster. Pour les balles rondes, on calcule un nombre de balles sur plusieurs jours, et selon les caractéristiques de la balle, on peut avoir une bonne estimation de la matière sèche qu’elle contient. Une fois que l’on connaît la quantité de matière sèche, on ramène à des kilogrammes par vache et par jour.
Des chercheurs de l’État de New York se sont intéressés à des cas réels de troupeaux bénéficiant de rations hautement fourragères. Ils ont ainsi demandé aux producteurs quels bénéfices ils avaient observés en augmentant la quantité de fourrages dans la ration. Les réponses obtenues incluaient les éléments suivants :
• Amélioration de la marge alimentaire;
• Diminution des achats de concentrés;
• Amélioration des composantes du lait;
• Moins d’acidoses et de maladies métaboliques;
• Diminution des problèmes de boiterie;
•Meilleure longévité et diminution du taux de réforme;
• Diminution des frais vétérinaires.
Que font les meilleurs pour réussir?
Les producteurs qui maîtrisent l’art des rations hautement fourragèrent ont souvent plusieurs points en commun :
1. Une question de philosophie
Pour réussir à alimenter avec succès une ration hautement fourragère, le producteur et le conseiller en alimentation doivent tous les deux être convaincus de la stratégie et de son potentiel dans le troupeau.
2. Une rotation adaptée aux objectifs
À la base, c’est la rotation qui va déterminer quelles sont les quantités et la proportion des différents fourrages dans la ration. Assurez-vous que les quantités récoltées répondent à vos objectifs, et n’oubliez pas qu’avec des rations hautement fourragères, vous aurez besoin de beaucoup plus de fourrages. Le changement dans la ration doit se refléter dans la rotation.
3. Des fourrages de qualité constante
La quantité maximale de fourrage qu’on peut donner à une vache sans nuire à la production dépend énormément de la qualité. Le point le plus crucial est la maturité. Pour une maturité optimale des mélanges fourragers, visez un niveau de fibre au détergent acide (ou ADF) de 30 %.
D’autres éléments importants à considérer : le niveau de matière sèche est-il optimal? Est-ce que vos fourrages sont propres et contiennent 10 % de cendres ou moins? Faites-vous des andains larges pour maximiser la concentration en sucres? Est-ce que la teneur en protéines est satisfaisante? La fermentation est-elle optimale, etc.?
Étant donné que les fourrages vont représenter une partie plus importante de la ration, il faut aussi essayer le plus possible d’avoir une constance dans la qualité. Les vaches ont besoin de stabilité dans la ration pour exprimer leur plein potentiel.
4. Gestion serrée des inventaires
À la ferme, c’est normal d’avoir aussi en stock des fourrages un peu moins riches en énergie et en protéines pour nourrir la relève et les vaches taries. Par conséquent, il faut entreposer séparément les fourrages de haute qualité afin de les réserver pour les vaches en lait. Chaque lot de fourrage doit bien être identifié, et éventuellement, analysé.
5. Des analyses de fourrages régulières
Le niveau de matière sèche et la valeur nutritive des fourrages sont variables, même à l’intérieur d’un lot. Il faut analyser régulièrement ses fourrages pour s’assurer que la ration soit bien ajustée.
Pour la valeur nutritive, on recommande au minimum une analyse par mois. Pour les grands troupeaux, ça peut être encore plus fréquent étant donné qu’un petit ajustement à la ration peut rapidement permettre de rentabiliser le coût de l’analyse. Quant à la matière sèche dans les ensilages hachés, l’idéal est de l’analyser une fois par semaine, ou quand le niveau de refus des vaches varie beaucoup.
6. Une gestion de la mangeoire impeccable
Si on veut que les vaches mangent beaucoup de fourrages, ça prend des aliments frais disponibles en tout temps, des repoussages fréquents, une longueur des particules adéquate, une bonne luminosité, etc.
Finalement, maîtriser l’art de servir une ration hautement fourragère s’avère le résultat d’une gestion exemplaire de votre système fourrager… du champ à la gueule de vos vaches.