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Les récoltes de fraises s’annoncent somme toute généreuses, bien que certaines fermes signalent des champs endommagés et des plants ayant peiné à traverser l’hiver après avoir été affaiblis par un été 2023 à baigner dans l’eau.
« On a de la mortalité dans certains champs. On sent l’effet de l’an passé sur la vigueur des plants, qui ont mal survécu à l’hiver », constate Josiane Cormier, qui cultive quelques hectares de fraises pour la vente en kiosque et l’autocueillette, à L’Assomption, dans Lanaudière. Elle a songé à condamner des champs, mais s’est finalement ravisée, remarquant que des plants s’en tirent mieux que d’autres par endroits.
Une saison hâtive et des fruits de bonne qualité
Si ses récoltes ont commencé timidement, celle qui est aussi présidente de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec (APFFQ) assure que sa situation personnelle ne reflète pas celle de toutes les fermes.
En fait, l’APFFQ anticipe de bons volumes de fraises, cette saison, de façon générale, et une bonne qualité de fruits.
À la ferme Paradis des fraises, qui a des kiosques à plusieurs endroits dans Lanaudière, la saison commence somme toute bien, malgré certaines parcelles affectées par les surplus d’eau de l’an dernier. « En général, c’est un beau début de saison. C’était un peu sec, mais là, on vient de recevoir de la pluie au bon moment. Ç’a fait du bien. L’hiver a été doux aussi », souligne le copropriétaire Jacob Auclair, qui cultive 16 ha de fruits rouges.
Du côté de Sainte-Anne-des-Plaines, dans les Laurentides, le copropriétaire de FraiseBec, Simon Charbonneau, relève, quant à lui, la chaleur et le soleil de mai qui ont favorisé une belle qualité de fruits et de bons volumes.
« Le goût est super bon. On rentre déjà dans les chaînes », a affirmé le producteur, le 28 mai. Il présume que l’irrigation sans relâche de ses cultures en avril pour les protéger des nuits de gel a fait en sorte que ses plants ont reçu la bonne quantité d’eau pour traverser une période sans pluie, les semaines suivantes.
« Ça les a bien protégées contre le gel, et en même temps, ç’a aidé à la croissance », croit celui qui cultive 60 hectares de fraises.
À Inverness, dans le Centre-du-Québec, Eliot Lecours-Tessier n’ouvrira ses champs à l’autocueillette qu’aux environs de la Fête nationale, mais observe déjà, par la belle floraison, que ses plants de fraises ont bien survécu à l’hiver.
« On a eu un bon couvert de neige ici et on n’a pas eu de gel. On a aussi des haies brise-vent sur nos terres et on met beaucoup de paille sur nos cultures, plus que la moyenne, donc tout ça a sûrement aidé », estime le producteur, qui cultive 3,5 hectares de fraises.
Meilleure survie à l’hiver pour les gros joueurs
Selon le son de cloche qu’obtient le vice-président de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec, Guy Pouliot, ce sont surtout de plus petits joueurs qui ont subi des pertes durant l’hiver. Les fermes qui cultivent de grandes superficies, elles, s’en seraient mieux sorties, de façon générale.
« On dirait que les techniques de culture, qui sont différentes, y sont pour quelque chose », constate le producteur de l’île d’Orléans.
Ceux qui cultivent de gros volumes, dit-il, préconisent souvent la plasticulture, c’est-à-dire qu’ils plantent à haute densité et ne récoltent que les fraises qui poussent sur les plantes mères. Ils recouvrent aussi leurs rangs d’un plastique. Les plus petits, quant à eux, misent surtout sur la technique traditionnelle du rang natté, qui consiste à laisser plus d’espace entre les plants et à les laisser se reproduire.
« Dans le rang natté, ta plante mère fait plein de filles, et tu récoltes les fruits des filles, tandis qu’avec la plasticulture, les filles, tu les coupes. Là, ce qu’on voit, c’est que ce sont souvent les rangs nattés qui ont mal passé l’hiver », exprime celui qui adopte les deux techniques à sa ferme et qui est à même de faire la comparaison.
« Après, ce n’est qu’un constat général, tient-il à nuancer. Il y a des petites fermes qui s’en sont très bien sorties et des grosses qui ont sûrement eu des pertes aussi. »
Les racines qui ont baigné dans l’eau l’été dernier nuisant au bon développement des plants et le faible couvert de neige durant l’hiver qui ne leur a offert que peu de protection, explique le producteur de l’île d’Orléans, font partie d’un ensemble de facteurs à l’origine de la mortalité observée dans certains champs.