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L’animateur du balado Le son de la Terre, Vincent Cauchy, s’est entretenu avec Florence Lefebvre St-Arnaud, copropriétaire des Jardins Bio Campanipol, mais aussi visage influent de la relève agricole au Québec. C’est à ce titre justement qu’elle a pris la parole à l’émission Tout le monde en parle dernièrement, aux côtés du président de la Fédération de la relève agricole du Québec, pour discuter de la crise agricole. Celle qui a étudié en communication revient sur ce passage peu banal qui a remplacé son souper de Pâques, cette année.
Q Florence, d’un point de vue purement technique, comment t’es-tu sentie lorsque tu as appris que tu étais invitée sur le plateau d’une des plus grosses émissions de télé au Québec?
R Moi, j’ai capoté. Je suis sortie de là en me disant : « Est-ce que je peux revenir toutes les semaines? » J’ai trippé. Vraiment, ç’a été une opportunité en or. En 2019, j’avais vu Marcel Groleau, à Tout le monde en parle, qui parlait d’agriculture, puis j’avais dit à mon conjoint de l’époque: « Un jour, ça va être moi. » Mais je ne pensais pas que ça serait cinq ans plus tard!
Q Ça doit un peu boucler la boucle pour quelqu’un qui a étudié en communications.
R Oui, c’est sûr. En fait, je n’aurais pas pu demander quelque chose de mieux. De pouvoir parler de ce que je fais, de ce qui me passionne dans un contexte comme ça, c’est de l’or en barre. Je ne peux vraiment rien demander de mieux que des choses comme ça. Les gens avec qui je travaille voient que ça me tient à cœur, que j ’aime ça porter les messages. Tant mieux s’ils me font confiance pour le faire. Je ne peux pas être autrement que reconnaissante dans ça.
Q Est-ce que tu crois que vous avez réussi à véhiculer le message de la façon que vous vouliez le véhiculer?
R J’ai l’impression que, oui, du moins pour le grand public. Après, est-ce que les instances politiques auront été aussi touchées et sensibles à ce qu’on avait à apporter, ça on ne le sait pas. […] J’allais chercher une oreille, de l’écoute. Je ne voulais pas que les gens finissent d’écouter l’entrevue en se disant : « Pauvres eux autres. C’est donc triste. » Nous ne voulons pas de pitié. Nous voulons du soutien et de la compréhension, c’est tout.
Q À quel point est-ce que ça te rend fière de voir ce mouvement d’agriculteurs unis?
R D’un certain sens, je trouve ça déplorable qu’on en soit rendus là, mais d’un autre côté, je trouve ça extrêmement émouvant de voir que les productrices et les producteurs sont capables d’un tel soutien, d’une telle mobilisation. En Mauricie, nous sommes sortis deux fois, et les deux fois, j’ai eu des frissons. Ça me fait capoter de voir que les gens qui, à ce moment-ci de l’année, auraient bien d’autres choses à faire, ils embarquent dans leurs tracteurs et font une heure, une heure et quart de route pour aller crier haut et fort qu’ils sont au bout. Il faut vraiment être écœuré. De voir que peu importe le secteur de production, tout le monde est là, ça représente malheureusement bien la raison de la création de l’Union des producteurs agricoles. On célèbre depuis le début de l’année les 100 ans de l’Union. Ç’a été créé dans un état de crise au début des années 1920. D’un autre côté, à quel point c’est triste qu’on en soit exactement au même point 100 ans plus tard. De savoir que la solidarité est au cœur de tout ça, je trouve ça riche et rassurant.