Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Les cicadelles semblent apprécier de plus en plus les champs de fraises du Québec. Ces petits insectes, qui se nourrissent de la sève des plantes et véhiculent des maladies végétales, sont en augmentation dans les plantations, causant des dégâts croissants, comme l’a constaté le chercheur Edel Pérez-López.
Depuis 2021, il mesure avec son équipe la présence des cicadelles dans des champs de fraises situés dans les régions de la Capitale-Nationale, de Chaudière-Appalaches, de la Mauricie et de la Montérégie. Les chercheurs ont installé des pièges adhésifs, renouvelés chaque semaine de la fin mai à la fin septembre. Au total, 33 007 cicadelles ont été capturées et identifiées. Un résultat qui a étonné les chercheurs.
« On a recensé 118 espèces de cicadelles, alors qu’une étude de 2008 en avait dénombré seulement 50. De plus, on a noté la présence de 10 espèces de cicadelles qui n’avaient jamais été répertoriées au Québec jusqu’à maintenant », précise Edel Pérez-López, professeur au Département de phytologie de l’Université Laval et chercheur au Centre de recherche et d’innovation sur les végétaux et à l’Institut de biologie intégrative et des systèmes de l’Université Laval.
Impact sur la production
La Ferme Onésime Pouliot, à l’île d’Orléans, est un des sept producteurs ayant participé au projet de recherche de M. Pérez-López. Les cicadelles ont commencé à envahir ses champs de fraises (et de framboises) il y a déjà quatre ou cinq ans. Malgré leur prolifération, il est difficile de mesurer l’impact sur la production, selon Marine Marel, chargée de projet en recherche et développement à la ferme, qui exploite 90 hectares de fraises en champs et dix hectares de framboises hors sol.
Un effet du réchauffement climatique?
Parmi les espèces de cicadelles identifiées par l’équipe de chercheurs, plusieurs ne sont pas migratrices. Cela laisse supposer que ces ravageurs étendent leur aire de répartition vers le nord, où le climat se réchauffe. « Les cicadelles pourraient devenir des indicateurs importants pour suivre les impacts des changements climatiques sur l’agriculture », estime Edel Pérez-López. Pour prouver cette théorie, les chercheurs ont besoin d’effectuer des échantillonnages sur une plus longue période. Une demande de subvention a été faite auprès du programme d’agriculture durable du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada (CSRNG) pour prolonger leur projet pour quatre années supplémentaires. « On aura ainsi des données sur une période de huit ans, ce qui nous permettra de dresser un portrait de la situation au Québec », explique le chercheur.
En attendant, l’échantillonnage se poursuivra cette année encore chez un plus grand nombre de producteurs, soit une douzaine, grâce au soutien du Réseau québécois de recherche en agriculture durable. La première phase du projet avait été financée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).
Les chercheurs ont également constaté que les insecticides actuellement utilisés pourraient perdre en efficacité. Les modifications du microbiome des cicadelles dues au réchauffement climatique pourraient expliquer cette résistance accrue, selon Edel Pérez-López.
« En poursuivant la recherche, on pourra tester quelques solutions de rechange aux insecticides, notamment des agents de biocontrôle. On veut par exemple tester des parasitoïdes, soit des insectes qui peuvent parasiter d’autres insectes, pour mieux contrôler la présence des cicadelles », explique le chercheur.