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L’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ) et les Producteurs de légumes de transformation du Québec (PLTQ) déplorent d’avoir eu à entreprendre la nouvelle saison sans savoir s’ils bénéficieront d’une aide financière pour éponger une partie des pertes exceptionnelles subies en 2023.
Adressée à la mi-octobre au gouvernement fédéral par le ministre André Lamontagne, la demande de déclenchement du programme Agri-relance demeure sans réponse sept mois plus tard. « On n’a eu aucune communication officielle indiquant que le programme sera mis en vigueur. On est en attente de la fumée blanche comme [lors d’]un conclave », regrette Patrice Léger Bourgoin, directeur général de l’APMQ.
« Faut pas être pressé avec le gouvernement, renchérit Pascal Forest, président des PLTQ. On a adressé nos demandes le 4 août l’an dernier en conférence de presse et il ne s’est toujours rien passé. La réaction des gouvernements est défaillante. Nous autres, en agriculture, on travaille en temps réel. On n’est pas à se demander si on va cultiver. On est là quand c’est le temps des semis, le temps des récoltes, le temps de la traite. Il n’y en a pas, d’arrêt. La réponse des gouvernements devrait être à la hauteur des efforts qu’on met pour les nourrir. »
Quant au fonds d’urgence débloqué par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) l’automne dernier pour les producteurs en difficulté, peu s’en sont prévalus, affirme Patrice Léger Bourgoin. « En terme administratif, c’était plus facile pour les producteurs de s’endetter davantage auprès de leur institution financière que de passer par la Financière agricole. »
Un ras-le-bol collectif
Même constat pour Pascal Forest, qui rappelle que l’aide offerte par le gouvernement du Québec demeurait essentiellement un prêt. « Dans le fond, il te prête de l’argent pour que tu ailles te caler plus loin dans la boîte. C’est clair qu’il y a une méchante déception par rapport à nos demandes », poursuit le producteur maraîcher de Saint-Jacques, dans Lanaudière, qui commence à percevoir un ras-le-bol collectif chez ses confrères et consœurs. « Pour la production de batteries, les gouvernements ont des milliards. C’est bien beau, les batteries, mais ces gens-là, ils vont déjeuner, dîner, souper un jour. Fait que là, ça adonne que c’est nous autres qui les faisons manger. »
Et dans l’attente de nouvelles de la part des gouvernements par rapport à la saison catastrophique de 2023, l’APMQ souligne que les problèmes se sont poursuivis après les récoltes. « Il y a eu beaucoup de pertes dans les entrepôts cet hiver. Pour les oignons jaunes, par exemple, près de 50 % n’ont pas pu être commercialisés », rapporte Patrice Léger Bourgoin. Au terme de la dernière saison, l’APMQ évaluait que 62 % des superficies avaient été affectées par les excès d’eau et que les pertes au champ atteignaient un taux moyen de 42 %.
Le directeur de l’association souligne que plusieurs producteurs ont amorcé la saison 2024 sans savoir s’il y en aura une autre. « Pour plusieurs, ça passe ou ça casse cette année. Mettons que tu as fait 50 % de revenus de moins que tu anticipais en 2023. Ça veut dire qu’il a fallu que tu achètes tes intrants sans marge de crédit. Il y a définitivement des producteurs qui sont plus à risque cette année », conclut-il.
Agri-relance, c’est quoi?
Financé à 60 % par le fédéral et 40 % par le provincial, le programme Agri-relance est destiné à aider les producteurs à reprendre leurs activités après une catastrophe naturelle. Plus spécifiquement, Agri-relance cible les coûts exceptionnels que doivent assumer les producteurs à la suite d’une catastrophe. Les coûts exceptionnels correspondent à des dépenses que les producteurs n’effectueraient pas dans des circonstances normales, mais qui s’avèrent essentielles pour l’atténuation des effets d’une catastrophe ou la reprise des activités agricoles dans les meilleurs délais.