Actualités 10 novembre 2014

Une ferme bleue de terre

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Daniel Joannette et Nancie Ferron dirigent la ferme Pure Lavande, sur le chemin Fresnière, à Saint-Eustache. Cette entreprise est toute jeune : elle a ouvert en mai 2009. Avec plus de 75 000 plants de lavande, elle fa-brique déjà plus d’une quarantaine de produits à base de cette fleur parfumée.

Il y a quelques années, Nancie Ferron et Daniel Joannette, en vacances en Provence, dans le sud de la France, avaient admiré les kilomètres de champs de lavande qui s’étalaient devant eux. Cette plante originaire, croit-on de la région méditerranéenne, se cultive dans le monde entier : France, Angleterre, Australie, États-Unis, Japon, Espagne, Bulgarie, Afrique du Nord, Chine… ainsi qu’en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec.

Pour Nancie et Daniel, cela a été le coup de cœur. Voilà enfin la culture qu’ils aimeraient produire sur leur terre de Saint-Eustache acquise en 1997! D’autant plus que Nancie avait déjà travaillé dans une parfumerie… Daniel, lui, connaissait l’agriculture : ses parents cultivaient une terre et les pommes dans la région des Basses-Laurentides.

Nancie et Daniel ont été journalistes pendant une vingtaine d’années, notamment pour l’ancien réseau de télévision TQS. Au début des années 2000, ils s’installent avec leurs deux filles dans leur maison de Saint-Eustache. La terre est louée à des producteurs de fraises et de choux jusqu’en 2006. « On attendait d’avoir une idée géniale pour la cultiver nous-mêmes », raconte Nancie. bleue_lavande_nancie_ferron

Tout se dessine
Au fil du temps, Daniel se documente et consulte des producteurs amateurs ou professionnels. En guise d’étude de marché, Nancie demande aux nombreux correspondants – et amis – qui lui écrivent régulièrement par courriel depuis le début de ses chroniques à la télévision, ce qu’ils aimeraient trouver dans une entreprise agricole et quels seraient leurs intérêts d’achat.

Munis de leur plan d’affaires, les aventuriers agriculteurs rencontrent les institutions prêteuses. Financement agricole Canada sera leur partenaire. « La jeune dame est venue sur place et il n’y avait qu’un champ et de la boue, mais elle a cru en notre projet », se souvient Nancie.

Dans un premier temps, Daniel repiqua 5000 plants de lavande. « C’est pas mal, pour un essai, dit Nancie. Mais toute la plantation a réussi et survécu à l’hiver. » La production commença réellement au début de l’été 2006 avec des semences d’une variété de lavande rustique créée par des sélectionneurs anglais. La superficie s’est accrue peu à peu et la première récolte des fleurs a eu lieu en 2008. Alors a débuté l’élaboration des produits à base de lavande en collaboration avec des laboratoires. Un an après, à l’ouverture, le 21 mai, une trentaine de produits étaient prêts!

Entre temps, on a construit la boutique. Pour cela, le couple a démonté puis rebâti une maison québécoise en bois, des années 1750, qu’il avait dénichée… à Sainte-Hénédine, en Beauce! En août 2009, elle avait déjà vu passer 6000 visiteurs et lors de la journée Portes ouvertes de l’UPA sur les fermes du Québec, le mois suivant, environ 3000 personnes!

Les hasards de la vie

Tout ne s’est pas déroulé sans heurts. Peu de temps avant l’ouverture de l’entreprise, les deux journalistes se sont retrouvés sans emploi, sans salaire et sans indemnités de départ… avec encore tant de choses à acheter. Se décourager? « On était trop convaincus! », répond Daniel. « Et quand on se retrouve devant rien, on devient plus créatif! », ajoute Nancie.

Peu de temps auparavant, le Centre local de développement (CLD) de Saint-Eustache les avait invités à participer au Concours québécois en entrepreneuriat, pour le volet création d’entreprise. Daniel et Nancie ont atteint le niveau national : le coup de pouce financier providentiel.

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De purs plaisirs

L’entreprise offre aujourd’hui plus de 40 produits élaborés à partir de l’huile essentielle extraite des récoltes : poudre lactée pour le bain, bruine d’ambiance, savons, détergents pour la lessive et la vaisselle, shampoings, lotions, huiles de massage, chandelles, petits bouquets de lavande séchée, etc.

On vend aussi des assemblages d’huile essentielle de lavande et de diverses fragrances, dans un diffuseur de parfum et on prépare des centres de table, des bouquets pour les mariages. Daniel et Nancie vendent également des jeunes plants de lavande.

Pure Lavande commence aussi à distribuer ses produits chez des détaillants. « La majorité de nos produits sont préparés et emballés dans les laboratoires accrédités », explique Nancie.

Dans l’ancienne grange de la ferme originale, le couple a aménagé un petit bistrot où l’on peut savourer leur tisane ou leur limonade à la lavande. Les visiteurs peuvent se promener, pique-niquer ou peindre au milieu des fleurs bleu-mauve. Des guides répondent à leurs questions et un centre d’interprétation de la lavande sera construit cet été.

Les producteurs ont fait connaître leurs produits dans plusieurs marchés agricoles des Basses-Laurentides, au Marché des Saveurs à Montréal, au Salon des métiers d’art et jusqu’à la Place Laurier, à Québec.

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Production et transformation

Plus de 95 % de la lavande cultivée à Pure Lavande appartient à deux variétés anglaises de lavande fine, mais on cultive cinq autres variétés, y compris du lavandin. « La lavande fine ou vraie est recherchée en parfumerie », indique Nancie. Le lavandin, lui, est un hybride naturel, stérile, entre la lavande vivace ou lavande fine et la lavande aspic, la seconde espèce de lavande naturelle. « Le lavandin est plus riche en camphre, et on l’utilise surtout pour les savons, décrit Daniel. On le couvrira de paille pendant l’hiver, contrairement à nos lavandes anglaises. »

L’orage qui a précédé la visite de Vivre à la campagne a exalté le parfum léger des feuilles gris verdâtre. « La lavande appartient à la même espèce que le thym ou la menthe », rappelle Nancie.

« Dans l’entreprise, Nancie est le nez, moi je suis les bras! », résume Daniel.

Mais cela n’empêche pas les deux conjoints de toucher chacun à toutes les opérations. Daniel s’occupe de la construction des nouveaux bâtiments et d’une bonne partie des travaux des champs, comme le sarclage mécanique ou la gestion du sarclage manuel et des jardiniers. Nancie collabore au désherbage mécanique entre les pieds de lavande, sur le rang. Dès la deuxième année, les plants ont couvert le rang, et seule la pioche intervient à proximité des jeunes plants. Entre les rangs, Daniel passe régulièrement l’un ou l’autre des deux petits vibroculteurs.

« Les champs doivent être bien drainés, souterrainement et en surface », insistent les producteurs. Dans le champ situé derrière la haie de pins, la pente est toutefois suffisante. Pour la même raison, les producteurs aménagent les rangs sur billons. Les terres de la ferme sont riches en sable et… en cailloux, ce qui ne dérange aucunement la lavande, rustique et peu exigeante.

La lavande est semée vers la fin de l’hiver dans une serre louée par des voisins (l’entreprise aura bientôt la sienne). Pour le repiquage des plantules au champ, on vise la mi-mai… si le temps le permet! Ils louent pour cela une planteuse à choux, qu’ils ajustent.

On n’applique aucun engrais minéral ou organique sur les sols et aucun pesticide sur les plantes de lavande. Celles-ci sont très peu attaquées par les insectes, grâce aux substances répulsives qu’elles contiennent, mentionne Nancie. Les produits de Pure Lavande sont certifiés par Québec Vrai, naturels et écoresponsables, et chaque lot fait l’objet d’un système de traçabilité.

C’est d’abord entre la fin juin et la fin -juillet, mais aussi entre la fin août et la fin septembre qu’on peut récolter et contempler! l’extraordinaire explosion de couleur bleu- violet. Ici, on récolte à la faucille, de façon traditionnelle. Les travaux des champs et la boutique occupent chacun quatre à cinq personnes.

Pure lavande, culture et parfumerie

902, chemin Fresnière, Saint-Eustache
Tél. : 450 473-3009
www.purelavade.ca
[email protected]