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Signe que la commercialisation du nectar d’érable est à la veille de prendre son envol, l’entreprise qui a mis au point le procédé, Équipements d’Érablière CDL, annonçait en mars dernier l’acquisition de Produits d’érable Prestige, un important producteur et distributeur de produits de l’érable transformés basé à Saint-Eusèbe, dans le Bas-Saint-Laurent.
« Dans notre plan stratégique, on tenait beaucoup à intégrer une troisième chaîne de valeur qu’on appelle la chaîne de transformation. En réalité, on voulait que CDL soit intégré de l’arbre jusqu’au consommateur. CDL était déjà intégré de l’arbre jusqu’au baril, mais on voulait être intégré jusqu’au consommateur », mentionnait alors le président de CDL, Vallier Chabot, qui ne cachait pas que cette transaction était directement reliée au développement du marché du nectar d’érable comme agent sucrant naturel dans l’industrie agroalimentaire.
Désigné dans la convention de mise en marché des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) comme un concentré d’eau d’érable, le nectar d’érable a été mis au point par CDL durant la pandémie bien que les recherches aient débuté quelques années auparavant.
Pour ceux qui étaient à la recherche du fameux élixir, le défi était de surmonter divers obstacles, comme la durée limitée de conservation de la sève et du concentré d’eau d’érable, l’entreposage par réfrigération et le transport coûteux et peu pratique pour de grands volumes commerciaux.
Durant la même période, l’équipementier de Saint-Lazare-de-Bellechasse s’apprêtait à commercialiser son évaporateur électrique. « On s’est rendu compte qu’avec cette nouvelle technologie, on serait capables, en évaporant à basse température sans cuisson, de concentrer la sève d’érable sans changer son intégrité. » Le nectar d’érable, l’appellation adoptée par CDL en vue de sa commercialisation, a été officiellement homologué par deux centres de recherche indépendants l’an dernier puis intégré dans la convention de mise en marché des PPAQ.
Depuis cette homologation, CDL envoie de petits volumes d’eau d’érable concentrée à des utilisateurs potentiels afin qu’ils puissent valider de leur côté le potentiel du produit et s’assurer qu’il répond bien à leurs besoins. « Pour le moment, c’est très positif. Ils sont satisfaits d’avoir accès à un nouvel ingrédient sucré naturel qui est produit dans un environnement carboneutre grâce à notre évaporateur électrique et aligné sur le développement durable », note Vallier Chabot, qui prévoit que le marché commencera à bouger en 2025.
Comme les glucoses utilisés dans l’industrie agroalimentaire sont incolores, il était important que le nectar d’érable soit également le plus transparent possible afin de ne pas dénaturer la couleur d’un breuvage – par exemple – dans lequel il serait intégré. Avec une couleur légèrement ambrée au final, l’eau d’érable concentrée répond à ce critère incontournable.
« Au goût et à l’œil, c’est vraiment différent du sirop d’érable parce qu’il n’y a pas de caramélisation, mentionne Vallier Chabot. On est capables de percevoir encore la saveur de la sève brute dans le produit final, mais c’est juste plus sucré. »
Pas de concurrence déloyale
En 2023, première année où l’achat et la vente d’eau d’érable concentrée étaient permis par les PPAQ, un total de 7 500 litres a été transigé par un acheteur unique, CDL en l’occurrence. Pour la saison 2024, la quantité finale devrait être connue au cours du mois de juin. En fixant le prix à 10 $ le litre, les PPAQ ont voulu trouver un équilibre afin de ne pas ouvrir la porte à une concurrence déloyale au sirop d’érable, affirme le directeur des communications du regroupement, Joël Vaudeville.
Le porte-parole des PPAQ rappelle les avantages du concentré d’eau d’érable pour l’industrie agroalimentaire. « C’est un produit stable à la conservation, facile à transporter, contrairement à l’eau d’érable, qui n’a pas besoin d’être réfrigéré. Il est encore trop tôt pour présumer comment les marchés vont se comporter face à ce nouveau produit-là. C’est aux acheteurs et aux transformateurs de faire les démarches pour trouver des clients et de vanter les vertus de ce produit-là », conclut Joël Vaudeville.