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Éleveur et propriétaire de la Ferme Porcine du Boisé, Jean-François Grenier a l’habitude de ne rien laisser au hasard. Bien se préparer en vue d’affronter les changements climatiques et tendre à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) va donc naturellement de soi pour lui, et ce, depuis le début.
Seul à la tête de la ferme de type naisseur-finisseur qu’il a acquise de ses parents en 2015, Jean-François Grenier voit loin. Il fait du bien-être animal sa priorité, sans pour autant compromettre la rentabilité de son entreprise. À ses yeux, chaque petit geste compte. Dans le rang Saint-François, à Saint-Léon-de-Standon, il s’applique aussi au quotidien à faire de la Ferme Porcine du Boisé une exploitation résiliente.
M. Grenier attribue notamment ce succès au fait que peu de producteurs de porcs sont établis à proximité. L’observation minutieuse du comportement des animaux, l’entretien régulier des installations, ainsi qu’une gestion rigoureuse du troupeau figurent également parmi les facteurs de réussite de la ferme bellechassoise qui abrite un cheptel moyen de 135 truies, en plus de 1 000 porcs en engraissement.
Une bonne ventilation avant tout!
Ce n’est un secret pour personne : les changements climatiques se traduiront par un réchauffement général des températures accompagné d’épisodes de canicule plus fréquents. La ventilation des bâtiments d’élevage revêt donc une importance capitale. Non seulement l’air frais doit pouvoir y pénétrer, mais il est essentiel que l’air vicié soit évacué efficacement et que les débits soient adéquatement calibrés.
« Pour le bien-être animal, à la phase de réalisation des plans de ma construction, on a mis des entrées d’air et des débits de ventilation plus grands que la normale, relate l’éleveur. Les entrées d’air modulaires sont vis-à-vis les animaux pour qu’ils sentent vraiment qu’il y a un mouvement d’air. Avec une ventilation bien adaptée, l’été, les porcs vont prendre leur poids normalement, mais s’alimenteront la nuit. »
D’autre part, dans le but de minimiser l’absorption de chaleur par les bâtiments, le revêtement extérieur d’origine a été peu à peu remplacé par un plastique de couleur blanche en imitation de tôle. Celui qui a reçu le titre de Grand lauréat du concours Responsables par nature en 2018 croit par ailleurs à l’impact positif de la musique sur les animaux. Les porcs sont ainsi exposés au son de la radio durant la journée.
Des mesures pour économiser l’eau
Avec les changements climatiques, les périodes de sécheresse estivale sont aussi appelées à se multiplier. Des mesures simples permettent d’éviter le gaspillage de l’eau. Jean-François Grenier a entre autres aménagé une chambre dans laquelle il a fait installer un compteur et à partir de laquelle il lui est possible de détecter les pertes, puis de s’assurer d’une consommation adéquate d’eau pour ses animaux.
Depuis deux ans, dans ses pouponnières, il s’est également doté d’un système de flotte à diaphragme. Dès que l’eau entre en contact avec un tuyau, un diaphragme vient en interrompre le débit. Grâce à ce dispositif, l’équivalent de l’épaisseur d’un doigt seulement se retrouve dans le bol du porcelet. Ce système offre l’avantage de diminuer le gaspillage de la ressource et de distribuer une eau toujours fraîche.
« Ça aide beaucoup le départ du porcelet, et quand le départ est bon, tout le reste s’ensuit! On a des animaux qui sont plus calmes, atteste le diplômé en Gestion et exploitation animale à l’Institut de technologie agroalimentaire de La Pocatière. Lorsqu’ils sont moins stressés, il y a aussi moins de gaspillage d’eau, de lisier dans les fosses et d’épandage. Et pour limiter les rejets de phosphore, on y va avec le plus de phases possible en alimentation. »
Un composteur pour les animaux morts
L’an dernier, à la Ferme Porcine du Boisé, un composteur destiné à disposer des animaux morts a fait son apparition. En plus d’éliminer toute la procédure sanitaire, M. Grenier a ainsi pu s’affranchir du service d’équarrissage. Le transport des carcasses par camion produit évidemment des GES et engendre des coûts. En même temps, l’éleveur a besoin de litière pour épandre sur ses terres et le compost lui en fournit.
Transport à l’abattoir, tapis chauffants et entretien
À la suite de la fermeture de l’usine Olymel de Vallée-Jonction, les porcs certifiés « bien-être animal » de l’entreprise bellechassoise sont maintenant redirigés vers Saint-Esprit. Un transport de quatre heures – comparativement à 45 minutes – est désormais requis. L’éleveur a convenu avec Olymel que l’expédition s’effectuerait aux trois semaines avec un camion plein pour réduire le nombre de déplacements.
En matière de consommation d’énergie, l’exploitation est aujourd’hui munie d’un système d’éclairage DEL. Un panneau contrôle la luminosité selon les chambres et le moment de la journée. Dans la maternité, au lieu de lampes infrarouges, M. Grenier préfère utiliser des tapis chauffants dont il peut ajuster la température en fonction de la saison. L’air étant déjà chaud l’été, les porcelets ne les utilisent pas.
« J’ajouterais qu’une fournaise au propane, ça se nettoie! Il se vend des mèches et on peut les passer à l’air. Seulement ça, ça fait en sorte que l’appareil, quand il marche, il est plus performant et prend moins de gaz. Avant de rentrer de nouveaux animaux en pouponnière, en mise bas ou en engraissement, je fais toujours une tournée d’entretien. Il faut tout tenir à l’ordre », conclut Jean-François Grenier.