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Sujet chaud à l’échelle internationale, la réduction des gaz à effet de serre (GES) est également d’actualité en production porcine. Différents projets de recherche seront réalisés au cours des prochaines années afin de tester de nouvelles pratiques. Le but : améliorer le bilan carbone des fermes.
« C’est un des enjeux des prochaines années », affirme Sébastien Fournel, professeur au département des sols et de génie agroalimentaire à l’Université Laval.
Retarder la période d’épandage du lisier au printemps, au 1er juin par exemple, pourrait-il avoir un impact sur les émissions de méthane, l’un des principaux GES? Également, l’acidification du lisier pour réduire les émissions d’ammoniac pourrait-elle être une voie à explorer?
Ces projets feront l’objet d’expérimentations avec des producteurs porcins dans le cadre des Laboratoires vivants d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, souligne M. Fournel. D’autres études porteront plutôt sur l’alimentation des porcs ou encore sur les pratiques aux champs.
Chose certaine, affirme le chercheur, les producteurs agricoles de tous les horizons, incluant ceux qui évoluent dans le secteur porcin, sont conscients de l’impact de l’agriculture sur les GES.
« Et ils sont toujours prêts à s’améliorer, à mettre en place de nouvelles pratiques, pour avoir un impact environnemental le plus faible possible, dit-il. Personne ne veut nourrir la planète en la polluant du même coup. »
Tout est néanmoins une question de coûts.
Plusieurs programmes ont d’ailleurs été mis de l’avant ces dernières années pour financer la recherche, souligne-t-il.
Alimentation sous la loupe
De façon générale, la production des aliments et la gestion du lisier représentent les deux principales sources d’émissions de GES en production porcine.
Le bilan carbone réalisé en 2016 par le Groupe AGÉCO a démontré que la production de 1 kg de porc-carcasse génère 4,22 kg de CO2 équivalent.
« Cela équivaut aux émissions de CO2 d’une voiture qui parcourt environ 23 km », souligne l’ingénieur à l’Institut de recherche et développement en agroenvironnement (IRDA) Patrick Brassard, dans la documentation du CDPQ.
Comme plus de la moitié des émissions de GES en production porcine provient de la production des aliments, les producteurs peuvent notamment agir en remplaçant les céréales par « des sous-produits d’intérêt ».
Dans les faits, cela signifie que l’alimentation du porc ne doit pas être la raison principale de la culture de ce produit, souligne Laetitia Cloutier, responsable alimentation et nutrition animale au Centre de développement du porc du Québec (CDPQ), dans la capsule vidéo « Réduire les émissions de GES par l’alimentation animale ».
Les drèches de maïs issues de la production d’éthanol en sont un bon exemple.
Cela ne doit toutefois pas affecter les performances, précise Laetitia Cloutier. Et la combinaison de plusieurs sous-produits est parfois nécessaire, ajoute-t-elle.
D’autres stratégies, visant cette fois-ci la valeur nutritionnelle des aliments, peuvent également être mises de l’avant. Augmenter la valeur alimentaire peut permettre une diminution des émissions dans le lisier, note Mme Cloutier.
Détail : la gestion du lisier représente le quart des émissions de GES d’une entreprise porcine.
Sans entrer dans les détails, il est ainsi possible, pour favoriser l’efficacité alimentaire, d’utiliser des acides aminés de synthèse, ainsi que des additifs alimentaires. Autres options : jouer sur la granulométrie et la texture des aliments, de même qu’utiliser des stratégies d’alimentation de précision.
Des gains importants ont été réalisés au cours des dernières années dans la lutte à la réduction des GES par l’alimentation animale, estime Laetitia Cloutier. « Ça dépend vraiment d’où on part, dit-elle. Mais on est rendus assez efficaces. »
Traitement du lisier
Différentes stratégies peuvent par ailleurs être mises en œuvre pour traiter le lisier. Et la biométhanisation, dont les projets tendent à se multiplier au Québec, est l’une d’elles. « Au lieu d’envoyer les rejets dans l’atmosphère, on les récupère et on les transforme en biogaz, une énergie verte qui remplace les énergies fossiles, souligne Sébastien Fournel. Il y a beaucoup d’intérêt pour cette technologie-là. »
Autre avantage, selon lui : cela permet d’une certaine façon d’avoir un « retour sur investissement, grâce à la vente d’un sous-produit ».
Le digestat, soit le produit non transformé de la biométhanisation, différent du lisier brut, peut en outre être utilisé comme fertilisant. « Tout est récupéré, souligne Sébastien Fournel. Rien n’est perdu. »
Le traitement biologique aérobie du lisier de porc est une autre option offerte aux producteurs. Il a l’avantage de réduire les émissions de gaz à effet de serre et les odeurs.
L’IRDA a développé au cours des dernières années, en collaboration avec Fertilisation FertiRoy, une technologie de traitement aérobie (avec injection d’oxygène) dont les résultats sont prometteurs. Deux phases sont obtenues : l’une, liquide, riche en azote, et l’autre, concentrée, enrichie de phosphore.
Le professeur au département des sols et de génie agroalimentaire à l’Université Laval Sébastien Fournel souligne par ailleurs qu’il importe de vider complètement la fosse, lors des opérations de vidange, pour avoir un impact sur les émissions de GES.
Selon une étude, une vidange complète réduirait les émissions de méthane de 56 % comparativement à une vidange partielle, est-il relevé dans la capsule vidéo « Les différentes pratiques de gestion des effluents et leur impact sur les émissions de GES » du CDPQ.
L’installation d’une couverture sur la fosse permet de réduire les émissions de GES, ainsi que le volume de lisier à épandre. Finalement, l’adoption d’un calendrier d’épandage qui permet le prélèvement optimal des nutriments par la plante est une autre bonne pratique à mettre de l’avant.