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Johanne et Jean-François Pagé ont pris la relève de leur père Normand, aujourd’hui à la retraite, à la Ferme N.J. Pagé où ils ont grandi, à Sainte-Élisabeth, dans Lanaudière. Ceux-ci cultivent principalement du maïs et du soya, et leur implication dans la communauté agricole leur permet d’être à l’affût des innovations, qu’ils sont souvent les premiers à tester.
« On aime ça, essayer des choses! Et c’est souvent comme ça qu’on découvre des façons d’être plus efficaces, d’économiser, ou d’être plus écologiques », souligne Johanne Pagé en entrevue.
Toujours à l’affût des nouveautés dans son domaine, la productrice de grandes cultures de 52 ans n’hésite pas à tester des procédés et des technologies, pour partager son savoir par la suite. « En étant impliquée dans toutes sortes de comités, ça me permet d’entendre parler des nouveautés, de partager sur les expériences et la réalité de tout le monde. Pour moi, faire une formation, ce n’est pas une perte de temps, c’est de l’enrichissement, et si je peux participer à une recherche, je vais le faire. Ça a des répercussions sur ma pratique par la suite. »
Avant de revenir à la ferme épauler son père, Johanne Pagé avait d’abord voulu se diriger en médecine nucléaire, une discipline qu’elle a étudiée pendant un an avant de changer d’idée. Une décision qu’elle ne regrette pas! Très impliquée dans la communauté agricole, elle est présidente des Producteurs de grains de Lanaudière depuis 2019, 2e vice-présidente du Syndicat de l’UPA Autray et membre du conseil d’administration de la Fédération de l’UPA de Lanaudière (FUPAL).
Tout comme son frère Jean-François, aujourd’hui âgé de 50 ans et copropriétaire de la ferme avec elle, Johanne est née quelques années après que son père eut acheté, en 1969, la ferme du rang de la Rivière Sud. Vouée à la production laitière puis à l’élevage de porcs, la terre de 425 hectares, située en bordure des méandres de la rivière Bayonne, est aujourd’hui entièrement consacrée aux grandes cultures. « On cultive 2 000 tonnes de maïs par année. On fait aussi 650 tonnes de soya, une culture qu’on poursuit depuis au moins 20 ans, ainsi que 150 tonnes d’orge à malter et environ 20 tonnes de pois secs », détaille Johanne Pagé.
Le frère et la sœur se partagent tout le travail à la ferme, aidés d’Alexandre, 25 ans, le fils de Johanne. Tandis qu’Alexandre étend le fumier de poulet, Johanne passe le vibroculteur et Jean-François fait les semis. C’est aussi lui qui fait les arrosages de pesticides et conduit la batteuse. « Seulement pour le maïs », précise Johanne, qui le fait pour les autres cultures. « Car pour le maïs, c’est moi qui gère le plan de séchage. »
Des technologies innovantes
Aucun employé ne les aide, sauf à l’occasion un de leurs neveux, raconte-t-elle. C’est beaucoup de travail pour trois personnes, mais ils s’en sortent, entre autres grâce à la machinerie. Ils n’hésitent pas à utiliser des technologies innovantes.
« On a une machine qu’on appelle la “moppe”, qui sert à éradiquer les mauvaises herbes. On s’en est servi alors que notre champ était envahi d’asclépiades. C’est une corde, entortillée autour d’une perche, qu’on passe à travers le champ, avant que le soya lève. La corde, imbibée de pesticides, passe au-dessus du soya et ne touche que les asclépiades, qui vont ensuite mourir. Ça évite au soya d’être touché par les pesticides et c’est beaucoup plus économique. On a calculé qu’avec cette machine, pour un champ de 13 hectares, on a besoin d’un litre de pesticide seulement, au lieu de 15, normalement », dit Jean-François Pagé.
Le producteur raconte aussi fonctionner par GPS pour les semis, l’arrosage de pesticides et même l’épandange de fumier. « On a commencé avec les GPS en 2005 et progressivement, on s’est équipés pour tout faire. Le GPS gère le dosage des pesticides, en évitant d’arroser deux fois au même endroit. Même chose avec les semis. Avec les économies qu’on fait sur 500 hectares de champ, ça a été rentabilisé dès la première année. C’est aussi beaucoup moins de stress pour les plantes puisqu’on évite de les arroser deux fois. »
Pratiquant déjà les cultures de couverture, les deux producteurs souhaitent tester les cultures intercalaires. « L’année passée, on n’a pas pu à cause de la température qui a rendu les champs pleins d’eau, mais cette année, si le temps le permet, c’est notre projet », dit Johanne Pagé.
Le haricot azuki, une culture particulière
Sollio a cherché des producteurs pour expérimenter le haricot azuki et Jean-François et Johanne Pagé ont levé la main.
« C’était très expérimental au début. C’est une culture un peu spéciale. On sème les azukis, et pendant trois semaines, il ne se passe rien, puis enfin, ça pousse! Aujourd’hui, des producteurs nous demandent des conseils, se demandant parfois ce qu’ils ont fait de pas correct. Il faut juste être patient! » relate Johanne Pagé.
La culture du haricot azuki exige de prendre certaines précautions, poursuit-elle. « On se contente d’une petite production de 100 tonnes, car on s’est rendu compte qu’une fois semé, c’est difficile à éradiquer. Ça se ressème tout seul, les cosses s’ouvrent et tombent par terre. On ne peut pas avoir des azukis dans le soya, donc on ne peut pas mettre ça n’importe où. »
De plus, selon son frère, le haricot azuki demande une attention spéciale lors du semis. « On fait tout en semis direct ici, sauf avec les haricots azuki qui ont besoin d’un sol mou. Avec le type de sol qu’on a ici, une argile lourde, le semis direct n’est pas possible. Le plant va être moins haut et on récolte une demi-tonne à la place d’une tonne. On doit donc donner un coup de vibroculteur, à deux pouces de profondeur, et ensuite on sème », explique Jean-François Pagé.