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Les pesticides présents en petites doses dans l’environnement sont nocifs pour la santé, révèle une étude dévoilée le 29 avril et menée par des chercheurs de l’Université de Sherbrooke.
Dans l’eau ou les sols, les pesticides sont présents partout. Les scientifiques savent depuis des années qu’une utilisation massive est nocive pour la santé. Mais cette toxicité n’est calculée qu’individuellement, chaque substance chimique ayant sa propre limite de concentration à ne pas dépasser.
« Dans l’environnement, il y a des dizaines de sortes de pesticides. Ce qu’on voulait évaluer, c’est le danger que pourraient représenter plusieurs faibles concentrations, s’il pouvait être aussi grand qu’une seule forte concentration », détaille le professeur au département de biologie Luc Gaudreau, qui a mené cette étude.
En prouvant que de petites quantités de plusieurs pesticides peuvent avoir un effet équivalent à une grosse concentration d’un seul d’entre eux, c’est un nouveau risque de santé qui est dévoilé. D’autant plus que les produits étudiés sont des insecticides, fongicides et herbicides utilisés massivement au Canada.
Les effets des interactions entre pesticides pourraient être très importants, selon M. Gaudreau.
En contact avec les cellules composant le corps humain, les pesticides entraînent des mutations directes ou indirectes dans l’ADN. Si cela arrive dans les mauvais gènes, ces bouleversements peuvent causer des cancers.
Cela s’explique par la manière d’agir des pesticides, qui s’attaquent aux mêmes cibles moléculaires. Lorsque de petites quantités de plusieurs produits attaquent les cellules, cela a le même effet qu’une grande concentration d’un seul d’entre eux.
« Plus on habite dans une région où l’agriculture est intensive, plus les risques sont grands », commente M. Gaudreau.
Une ouverture à d’autres études
Cette découverte n’est pas une fin, mais le début de la recherche sur les pesticides. Bien que plusieurs types aient été bannis ces dernières décennies, les connaissances sur ces produits restent toujours insuffisantes, selon M. Gaudreau.
Pour pallier cela, il faudrait intensifier la recherche sur le sujet, mais aussi étudier différemment leurs conséquences.
« Si on parle de cancer, il n’y a pas beaucoup d’études épidémiologiques. En France, […] c’est très clair que les cancers des agriculteurs sont associés à cela. Ces études sont beaucoup plus claires », rappelle-t-il.
M. Gaudreau souhaiterait donc intensifier ses recherches, en augmentant le nombre d’associations de pesticides étudiés. Mais cela prend du temps, puisque le nombre de permutations augmente selon la quantité de produits étudiés, et que cela reste compliqué à réaliser en laboratoire, se désole le professeur.
Les pesticides n’augmentent pas que les risques de cancer. Selon l’Institut national de santé publique du Québec, les risques de leucémie, de malformations congénitales, de maladie de Parkinson ou d’Alzheimer pourraient également être accrus en cas de contact trop fort et prolongé.
L’objectif final de la plus récente étude serait de mieux connaître ces produits en effectuant des études à plus grande échelle, en prenant en compte que les pesticides peuvent s’additionner entre eux. M. Gaudreau espère ainsi avoir permis d’ouvrir une porte à beaucoup d’autres études de ce genre, pouvant faire avancer la question de l’utilisation de ces substances chimiques.
« La grosse question, c’est de savoir quels sont les effets néfastes que cela peut avoir, pour ensuite faire des choix rationnels sur l’utilisation des pesticides et leurs alternatives », conclut M. Gaudreau.
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